LOGEMENTA Nantes, le manque de constructions a encore fait monter les prix

Immobilier à Nantes : « Le manque de constructions a continué à faire monter les prix »

LOGEMENTLa métropole nantaise s’était engagée à construire 6.000 logements par an. Mais le compte n’y est pas
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • L’objectif de la métropole de construire 6.000 logements n’est pas atteint depuis plusieurs années à Nantes.
  • De quoi inquiéter le club immobilier Nantes Atlantique, qui alerte sur les prix qui grimpent et sur les conséquences pour les habitants et les entreprises.

On a l’impression de voir des grues partout dans le ciel, et pourtant… Il n’y a toujours pas assez d’immeubles dans la cité des ducs. Voilà l’avis du club immobilier Nantes Atlantique (Cina), qui s’évertue à demander à la métropole d’accélérer la cadence de construction de logements neufs. « Le plan local de l’habitat en prévoit 6.000 par an. Ce n’est déjà pas assez mais depuis plusieurs années, avec les élections, le Covid, et la pénurie de matières premières, l’objectif n’est pas atteint », calcule Delphine Marie-Jacob, déléguée générale.

En cette rentrée, cette association regroupant 350 professionnels de l’immobilier ne cache pas ses inquiétudes et hausse encore d’un ton. « On est très en retard, estime Christine Serra, la présidente du Cina. Le manque d’immobilier neuf a continué à faire monter les prix, dans l’ancien aussi. Et cela va créer des problèmes : de logement d’abord, mais aussi d’emploi, de développement des commerces et des entreprises. Tout est corrélé, et le cycle risque d’être négatif. »

Des prix bientôt stabilisés à la hausse

Après plusieurs années de hausse vertigineuse, les prix de l’immobilier ont en effet continué sur leur lancée. Selon les chiffres des notaires publiés en septembre, les prix des appartements neufs se sont envolés de 6 % par rapport à l’an dernier (5.180 euros le m2) avec une hausse de 8,5 % en centre-ville. Une hausse semblable a été constatée pour les appartements anciens (+5 %, et même autour de 10 % dans certains quartiers comme Nantes nord ou Breil-Barberie) et pour les maisons (+5,9 %) dont le prix médian atteint désormais, sur Nantes, 450.000 euros. Dans la première couronne, les tarifs restent légèrement inférieurs mais continuent leur folle ascension (+9,7 % pour les biens neufs, +11,5 % dans l’ancien…)

« Après avoir fortement augmenté, les prix se stabilisent à la hausse, indique cependant Isabelle Lefeuvre, vice-présidente du Cina. La raison est que nous avons de moins en moins d’acquéreurs qui se présentent, à cause d’une capacité financière revue à la baisse. A profil égal, un couple pouvait voir son projet financé en début d’année, mais plus maintenant. » A tel point que les professionnels parient sur une probable paralysie du marché.

Les bureaux manquent d’espace

Bloqué, c’est aussi l’état du marché locatif. Car la pénurie de construction pèse aussi sur la possibilité de trouver un petit appart à louer. Ceux qui viennent s’installer le savent, étudiants et jeunes travailleurs en tête : avec un taux de vacances inférieur à 3 %, les T2 et T3 sont extrêmement rares dans l’agglomération. « Depuis un an et demi, on est dans le dur. A tel point qu’on se demande "Nantes peut-elle encore accueillir ?" Les populations les plus jeunes sont repoussées aux confins du territoire, ce qui crée donc plus de trafic, plus de problèmes écologiques. Il y a une schizophrénie sur le sujet », pense Delphine Marie-Jacob.



Autre problème lié à ce manque de biens neufs, les espaces de bureaux qui viennent eux aussi à manquer. « Il y a une sous offre aggravée dans le centre-ville, déplore Christine Serra. Tout ce qui va sortir dans deux ans, par exemple à EuroNantes, est déjà transacté ! Le risque, c’est que les entreprises qui veulent s’installer dans le centre choisissent une autre agglomération, faute de locaux et de logements pour les collaborateurs. On a par exemple la tour Bretagne, où ça ne bouge pas. Il faut que ça aille plus vite. Idem pour la consultation du projet Saupin, on perd beaucoup de temps. »

Du côté de la métropole, on reconnaît ne pas aller au « rythme voulu » en matière de constructions depuis la crise sanitaire. En 2021, 4.732 logements sont sortis de terre sur les 6.000 attendus. Il y en a eu 4.104 en 2020.