Tranches de vie d'un ex-Jambon
Liverpool avait les Beatles, Londres eut les Rolling Stones et Nantes... les Jambons. Entre 1995 et 2006, le quatuor déjanté a marqué de son empreinte la scène nantaise, avec un look improbable et des chansons acerbes sur les petits travers de ses co...Guillaume Frouin
Liverpool avait les Beatles, Londres eut les Rolling Stones et Nantes... les Jambons. Entre 1995 et 2006, le quatuor déjanté a marqué de son empreinte la scène nantaise, avec un look improbable et des chansons acerbes sur les petits travers de ses contemporains (Eurodis-niais, Les courses, L'agence matrimoniale...).
Aujourd'hui, après trois albums et 1 200 concerts, les Jambons ont raccroché. Leur chanteur, Philippe Chasseloup, a lui entamé une carrière en solo. Ses textes, eux, n'ont pas bougé. Dans La Maison-rien par exemple, qu'il interprétera demain et samedi soir au Cabanier, il tourne en dérision les pavillons copiés-collés des lotissements dortoirs. « Je ne dis pas ça avec méchanceté : j'ai moi-même vécu pendant vingt ans dans une "maison-rien" à Malville », sourit malicieusement Chasseloup, qui rénove ces temps-ci une vieille maison à Cheix-en-Retz. Agé aujourd'hui de 42 ans et père de deux enfants, l'ex-chanteur des Jambons se montre aussi cohérent politiquement. Pour contourner l'industrie du disque, Chasseloup a mis en place un système d'abonnement à destination de ses fans. En contrepartie, il s'est engagé à sortir un album par saison, soit quatre par an, qu'il enregistre et mixe chez lui avant de les envoyer par La Poste. La logistique est assurée par une bande d'amis, qui plient et découpent les pochettes d'albums « autour d'une bonne table et d'un coup de rouge ».
Résultat : avec 250 souscripteurs, le système des « collections Chasseloup » est « totalement vivable », affirme son initiateur. « En boycottant la Fnac et la grande distribution, j'ai beaucoup moins d'intermédiaires à payer. » En quatre ans, 16 albums de chansons, poèmes et contes ont ainsi été édités. On peut également les acheter à la sortie des concerts à 6 euros l'unité. Manifestement, l'ex-Jambon ne se fait pas de gras. W