
Frédéric Brenon
L'essentiel
- Haut de 55 m, le programme Skyhome a été inauguré ce vendredi quartier Tripode.
- La plupart des nouvelles tours récemment sorties de terre atteignent également 50 m de haut.
- Une pause de ce type de constructions est toutefois annoncée.
Elles s’appellent New’R, 360 View, Nouvelle vague, Viséo, Hêmèra, Amazonie… Ces tours ont la particularité d’avoir été érigées il y a moins de dix ans et de compter d’emblée parmi les immeubles les plus hauts de Nantes. Elles sont rejointes cette semaine par Skyhome, une double tour de 19 étages dans le mini quartier Tripode, sur l’île de Nantes. Inauguré ce vendredi par le groupe Arc, ce programme immobilier mêlant appartements (195 logements) et bureaux culmine à 55 m de hauteur face à la Loire. Mais son dernier étage d’habitation ne dépasse pas, comme les autres émergences récentes de la ville, 50 mètres de haut. Pas un hasard.
« Au-delà de 50 mètres on entre dans la catégorie des immeubles de grande hauteur (IGH) avec une réglementation spécifique et des contraintes bien plus lourdes en termes de sécurité notamment. Il y a aussi des frais de fonctionnement qui sont bien plus élevés. De ce fait, ça n’intéresse pas les promoteurs », explique Thomas Quéro (PS), adjoint au maire de Nantes, en charge de l’urbanisme.
« On ne se sent pas écrasé, quoi qu’on pense de l’architecture »
Pas à un hasard non plus à ce que les nouvelles tours se retrouvent concentrées dans deux quartiers : la partie est de l’île de Nantes et l’ensemble Euronantes-Pré Gauchet-Malakoff. Tous deux étaient déjà dominés par quelques tours héritées des années 1970. « Il y a eu, il y a près de 20 ans, une réflexion sur le développement de ces tours car elles répondent au fort besoin de logements. Mais on ne veut pas en faire n’importe où, insiste Thomas Quéro. On a choisi uniquement ces deux secteurs en raison de la particularité de leur environnement urbain. Il faut qu’elles s’intègrent avec le reste et disposent au sol de suffisamment d’espace pour qu’elles se posent là avec une certaine légèreté. A Euronantes, par exemple, on a des venelles, des points de vue, malgré la hauteur. Il y a une vraie qualité de vie aux différentes échelles. On ne se sent pas écrasé, quoi qu’on pense de l’architecture. On n’est pas dans la caricature d’un Manhattan de Nantes. »
Du côté des professionnels de l’immobilier, l’arrivée de ces nouvelles tours est appréciée compte tenu du besoin de logements neufs. « On a un déficit de production sur la métropole qui ne permet pas de satisfaire la demande et conduit à faire grimper les prix de l’ancien, rappelle Delphine Marie-Jacob déléguée générale du club immobilier Nantes-Atlantique (Cina). La capacité des immeubles hauts répond très bien à cette problématique, avec le mérite de la frugalité puisqu’ils nécessitent peu de foncier. Et plus on créera de logements au cœur des bassins d’emplois denses, plus on limitera les besoins de déplacements. »
Bientôt une pause des constructions
Très recherché par certains habitants en raison des vues époustouflantes qu’il offre, l’habitat vertical est aussi honni par d’autres, son esthétique et la qualité de vie intérieure étant parfois critiquées. « L’image des cages à lapins d’une certaine époque n’a plus lieu d’être, considère Delphine Marie-Jacob. Il y a une attention portée au geste architectural qui donne à ces immeubles une certaine qualité visuelle. On y trouve aussi de plus en plus de services, notamment en rez-de-chaussée. Beaucoup rêvent d’une maison sans vis-à-vis avec un jardin mais, face aux contraintes écologiques, la ville du quart d’heure est forcément une réponse. »
La déléguée générale du Cina considère aussi que l’objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2050 fixé par la loi climat et résilience rendra incontournable la densification urbaine. Pour autant, la tendance est plutôt à une pause des constructions de tours à Nantes. « Il reste quelques projets à sortir, notamment sur Euronantes, et, derrière, ça va toucher à sa fin, confirme Thomas Quéro. On est arrivé au bout des possibilités sur les secteurs qu’on a identifiés. On ne souhaite pas, aujourd’hui, reproduire dans d’autres quartiers la même chose. »