Nantes : Six choses à savoir sur la Grue noire, symbole du passé enfin restauré
PATRIMOINE•L'énorme engin de levage classé monument historique est très abîmé par le poids des années. Il va être démonté pour retrouver son état d'origineFrédéric Brenon
L'essentiel
- La Grue noire de Nantes a été assemblée en 1942 pour les besoins du chantier naval Dubigeon.
- Elle a cessé de fonctionner en 1967 et est restée sur place depuis.
- Les travaux, qui vont débuter en juin, visent à la restaurer entièrement.
Elle a près de 80 ans mais reste largement méconnue des Nantais. Située en bord de Loire, à deux pas des Docks de Chantenay, la Grue noire va faire l’objet d’une lourde restauration plus que nécessaire. Le chantier va débuter fin mai pour une durée d’un an. Voici six choses à savoir sur cet engin de levage symbole du passé industriel et naval de la ville.
Elle va disparaître du paysage
La Grue noire n’a plus été entretenue depuis sa fin d’activité en 1967. Elle se trouve aujourd’hui dans un état « d’usure assez important », à l’image de sa structure rongée par la rouille et de ses cabines en bois partiellement éventrées. L’idée est donc de la remettre à neuf. Ses éléments devront être désamiantés, décapés, réparés et repeints. Une tâche qui nécessitera de démonter entièrement la grue, à partir de fin juin, avant d’être remontée au printemps 2023. « Elle va disparaître du paysage pendant un an, ça risque de surprendre les habitants », convient Olivier Château (PS), adjoint au maire de Nantes en charge du patrimoine.
Elle a participé à la construction de bateaux
La Grue noire a été érigée à Chantenay en 1942 pour les besoins navals des chantiers navals Dubigeon, à l’endroit même où avait été construit le Belem 50 ans plus tôt. Cet engin de type « marteau », conçu spécifiquement pour l’endroit où il se trouvait, pouvait soulever jusqu’à 30 tonnes de marchandises. Il était principalement utilisé pour l’équipement des navires une fois la mise à l’eau réalisée, en particulier les cargos et les chalutiers. Lourde de 110 tonnes, la grue pouvait se déplacer sur le quai via un dispositif de roulements.
Elle a souffert de sabotage et d’une tempête
La Grue noire a eu une courte carrière mais plutôt mouvementée. En août 1944, elle fut fortement détériorée dans le cadre d’opérations de sabotage menées par l’armée allemande sur le départ. Les dégâts étaient tels que la grue a dû être reconstruite à 95 %. Remise en service en 1947, elle ne resta debout qu’un an. Un soir d’avril 1948, la grue s’effondra en raison d’une tempête et fut à nouveau endommagée. Elle fut remontée en 1950 et fonctionna jusqu’au départ des chantiers navals vers l’île de Nantes en 1967.
Elle fait partie des rares grues classées monument historique
Seules cinq grues françaises sont protégées au titre des Monuments historiques . Et trois sont à Nantes. La Grue noire a obtenu son classement en 2018, six ans après avoir été rachetée par la ville de Nantes qui souhaitait valoriser cet élément du patrimoine. Les deux autres grues nantaises protégées sont la Grue Titan jaune (opérationnelle de 1954 à 1987), près des Machines de l’île, et la Grue Titan grise (1966-2003), près du Hangar à bananes.
Elle ne joue pas à la girouette
Le saviez-vous ? Bien qu’elles ne fonctionnent plus, les grues Titan jaune et grise bougent encore, en fonction du vent. C’est ce qu’on appelle la position girouette. Le mouvement de leur axe est libéré afin qu’elles ne soient pas en opposition au vent, pour des raisons de sécurité. La grue noire, elle, est restée bloquée dans la même position. Sa fonction girouette sera remise en place dans un an, une fois sa restauration terminée.
Elle va coûter un peu plus cher que prévu
Les travaux de la grue noire et de son portique coûteront 2,9 millions d’euros. La facture a pas mal grimpé puisqu’elle était initialement estimée à 1,8 million d’euros. C’est la ville de Nantes qui réglera l’essentiel. L’Etat, via les Monuments historiques, participera à hauteur de 210.000 euros. Une grande collecte dans le but d’apporter des fonds supplémentaires est également lancée auprès d’entreprises mécènes via le fonds de dotation métropolitain pour la culture (FMC).