Guerre en Ukraine : Qu’offre la « protection temporaire » accordée aux réfugiés ?
ADMINISTRATION•Le dispositif européen de « protection temporaire » a été activé pour accueillir les réfugiés ukrainiens. Exemple à Nantes où la préfecture vient d’ouvrir un guichet unique.
Julie Urbach
L'essentiel
- Le dispositif exceptionnel de « protection temporaire » peut être accordé aux réfugiés ukrainiens qui ont quitté leur pays.
- Il ouvre plusieurs droits, comme une autorisation provisoire de séjour, un accès à un logement ou encore aux soins.
- Reportage à Nantes où un guichet unique, piloté par la préfecture de Loire-Atlantique, a ouvert ses portes ce mercredi.
Le soulagement se lit sur les visages de Vael et Zhanna, ce mercredi. Ce couple de réfugiés ukrainiens, arrivés à Nantes il y a trois jours grâce à un convoi d'ambulanciers solidaires, repartent de la maison de l’administration nouvelle avec de précieux documents, et leur nouvelle adresse inscrite sur l’un d’entre eux. Bientôt, ces quadragénaires logés en urgence dans un hôtel de l’agglomération nantaise reprendront la route pour une soixantaine de kilomètres, direction Pornichet. C’est dans cette station balnéaire qu’un hébergement plus durable leur a été trouvé.
Depuis ce mercredi, un guichet unique piloté par la préfecture de Loire-Atlantique a ouvert ses portes pour accueillir au mieux les populations civiles qui ont fui la guerre. Dispositif exceptionnel prévu par une directive européenne de 2001, c’est la première fois que le régime de «protection temporaire», auquel sont éligibles tous les Ukrainiens ayant quitté le pays depuis le 24 février, est actionné. « Il offre différents droits, et d’abord une autorisation temporaire de séjour pour une durée de six mois, explique Didier Martin, le préfet de Loire-Atlantique. Mais aussi un petit pécule pour vivre, un accès au logement et à la santé. Tous les services sont relocalisés ici, pour simplifier les démarches. »
Carte de retrait, accès aux soins…
Dans le hall, des dizaines de familles, principalement des femmes avec enfants, patientent. Dans un premier bureau, avec l’aide de traducteurs bénévoles, deux jeunes gens fournissent des photos et se soumettent au prélèvement d’empreintes. Une fois leur autorisation temporaire de séjour délivrée (qui pourra être renouvelée si besoin), ils passent dans le bureau voisin, celui de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). « Comme pour les demandeurs d’asile, une carte de retrait leur est remise, sur laquelle sera versée une allocation mensuelle dont le montant varie en fonction de la typologie de la famille », explique Anne Fabry, la directrice territoriale.
Dans une autre salle, les besoins de logement sont recensés, et des solutions proposées, principalement dans des hôtels et des centres de vacances pour l’instant. Les hébergeurs volontaires, déjà un millier dans le département, seront prochainement recontactés, assure-t-on.
Quatre-vingt-dix jours en situation régulière
Depuis le début du conflit, environ 300 réfugiés (sur 15.000 en France) se sont déjà présentés à la préfecture de Loire-Atlantique, où un « pré-accueil » est organisé. Tous ceux munis d’un passeport sont en théorie en situation régulière pendant quatre-vingt-dix jours (car il s’agit de l’ espace Schengen), mais nombre d’entre eux ont besoin d’un accompagnement social et notamment d’accéder à une couverture médicale, ou à un emploi, comme le prévoit aussi la « protection temporaire ».
« On est très reconnaissant, tout va très bien maintenant », assurent Vael et Zhanna, qui habitaient un petit village, à 200 km de Kiev. Pour l’instant, le couple se voit poursuivre sa vie ici, en France. Il leur faudra faire d’autres démarches pour mener ce projet à bien. « Le statut de bénéficiaire de la “protection temporaire“ permettra de rejoindre son pays d’origine plus facilement, dès que la situation le rendra possible », indique la préfecture. « C’est d’ailleurs la première chose que beaucoup demandent », estime Didier Martin.