Nantes : Peu performant, le système de collecte Tri’sac, qui concerne 70% des Nantais, va être abandonné
DECHETS•Lancé fin 2006, ce dispositif où les sacs bleus et jaunes sont déposés dans une même poubelle est pointé du doigt pour ses performances. Il va disparaître à partir de 2023Frédéric Brenon
L'essentiel
- Unique en France, Tri'sac permet à 220.000 Nantais de déposer les sacs d'ordures ménagères et de déchets recyclables dans un même conteneur.
- Quinze ans après son lancement, le système serait encore jugé complexe par les habitants concernés. Les résultats de tri ne sont pas à la hauteur.
Il était présenté à son lancement comme le dispositif de collecte du futur, adapté aux problématiques des grandes villes et inspiré de ce qui se fait de mieux en Scandinavie. Les années suivantes, Nantes métropole avait continué de vanter cette innovation quasiment unique en France et d'élargir le nombre d'habitants éligibles. Mais les temps ont changé. Quinze ans après son démarrage, Nantes métropole annonce ce mercredi l’abandon du système de collecte des déchets Tri’sac, lequel concerne 70 % des Nantais, soit 220.000 habitants. Cet abandon s’effectuera progressivement entre 2023 et 2024.
Pensé pour les secteurs d’habitat dense où il est compliqué de cumuler plusieurs bacs, Tri’sac consiste à placer dans une même poubelle des sacs bleus contenant les ordures ménagères et des sacs jaunes contenant les matières recyclables. Récupérés par un même camion, les sacs sont séparés en usine, par lecture optique. Les déchets recyclables sont ensuite intégrés aux filières de recyclage, tandis que les ordures ménagères sont incinérées pour alimenter un réseau de chaleur.
Complexe, pas assez fiable et coûteux
En réalité, les performances de recyclage de Tri’sac ne sont pas à la hauteur des attentes : seuls 17,2 kg de déchets recyclables par an par habitant sont collectés sur les secteurs Tri’sac contre 51 kg/an sur les secteurs équipés de bacs jaunes, selon une récente évaluation menée par la collectivité. « Le système est perçu par la population comme trop compliqué, pas assez lisible, justifie Mahel Coppey (EELV), vice-présidente de Nantes métropole en charge des déchets. Un habitant sur six ne sait pas qu’il est concerné par Tris’ac. D’autres le savent mais ne savent pas comment récupérer les sacs [distribués gratuitement] ou utilisent d’autres sacs qui ne sont pas reconnus par lecture optique. » De nombreuses campagnes de sensibilisation et visites de médiateurs avaient pourtant été organisées.
Même lorsque les habitants font le bon geste, les sacs jaunes et bleus se déchirent parfois dans les camions, les contenus se mélangent entre eux, ce qui rend leur séparation fastidieuse voire impossible. Autre défaut : le fonctionnement de Tri’sac était « coûteux », admet la collectivité. Son abandon permettrait une économie estimée d’environ 2,5 millions d’euros par an. Le surcoût d’investissement lié au choix d’une technologie pointue capable de séparer les sacs serait, lui, « déjà amorti », assure Pascal Bolo (PS), vice-président de Nantes métropole en charge des finances.
Certains auront des bacs, d’autres non
Que se passera-t-il alors à partir de 2023-2024 pour les 220.000 habitants concernés ? A la place des sacs jaunes et bleus Tri’sac, Nantes métropole envisage de leur fournir des bacs, « quand c’est possible ». Dans les immeubles et résidences qui ne disposent pas de place suffisante pour accueillir plusieurs bacs, les habitants seront invités à déposer eux-mêmes leurs déchets recyclables dans la colonne de tri extérieure la plus proche de chez eux.
Un sac réutilisable sera offert à chaque foyer. Quant aux colonnes collectives enterrées, leur nombre va augmenter. « Le tri sera plus simple, plus cohérent, est convaincue Mahel Coppey. La collecte sera harmonisée à l’échelle de la métropole. Si nous voulons atteindre nos objectifs, il fallait changer les choses. »
Une « excellente nouvelle » pour l'opposition
Pour le groupe d'opposition municipale Mieux vivre à Nantes, conduit par Laurence Garnier (LR), « c’est l’argent des Nantais qui est parti en fumée avec cet échec » de Tri'sac. « Depuis des années, notre groupe remet en cause ce système, depuis des années la majorité s’en vante malgré des résultats qui devraient les faire rougir de honte. C’est donc une excellente nouvelle pour les Nantais que ce système absurde, cher et inefficace soit abandonné. »
En dehors de Nantes, les sacs jaunes translucides utilisés dans 13 communes de l’agglomération (Saint-Herblain, Saint-Sébastien, Orvault, Bouguenais, Vertou, La Chapelle-sur-Erdre…) seront, eux aussi, remplacés progressivement par un bac jaune, fait savoir ce mercredi Nantes métropole. L'objectif fixé par la métropole est d'atteindre 65% de déchets valorisés (recyclage et compostage) d'ici à 2030. Ce taux est actuellement de 31%.