Nantes : « Des voitures partout, des tas de vélos, et les enfants au milieu… » La sécurité aux abords des écoles inquiète
CIRCULATION•Aux quatre coins de Nantes, des parents alertent sur les conflits d'usage entre voitures, vélos et piétons aux abords des établissements scolairesJulie Urbach
L'essentiel
- Ce vendredi matin, des parents d’élèves des Agenêts, quartier Dalby, ont eux-mêmes piétonnisé la rue qui longe l’école.
- Une action symbolique alors que les problématiques de circulation et de sécurité routière préoccupent de nombreuses familles nantaises.
«Ah, c’est calme, on respire ! » Agréable surprise pour cette maman et son fils, ce vendredi matin. D’habitude « blindés de voitures garées dans tous les sens », les abords de l’école des Agenêts, quartier Dalby à Nantes, sont plus apaisés. Il faut dire que depuis 8h20, les seuls véhicules à être autorisés à emprunter la rue du Casterneau sont des trottinettes ou des vélos, dont beaucoup de cargos. Un blocage organisé par des parents d’élèves, qui ont carrément installé des palettes en guise de barrières, pour alerter sur « les dangers » de la circulation automobile devant l’établissement.
Thomas, gilet fluo sur le dos, est à l’initiative de cette action symbolique, qui s’est déroulée sans accrocs. « Aux heures de dépose, les voitures stationnent des deux côtés : entre les marches arrière et les véhicules sur le passage piéton, c’est vite le bazar, alerte ce cycliste, papa de trois enfants. Pour les modes actifs, il n’y a pas de piste cyclable, pas d’aménagement, il faut se débrouiller pour passer. Malgré nos signalements, rien n’a été fait par la mairie, à part un diagnostic qui reconnaît la dangerosité de la situation… »
« L’un des principaux sujets de crispations »
Il n’y a pas qu’aux Agenêts où la sécurité questionne. Selon Céline Marcy, vice-présidente de la FCPE 44, c’est même « l’un des principaux sujets de crispations » entre parents d’élèves nantais. Il faut dire que ces derniers mois, au moins deux accidents ont eu lieu et notamment en juin dernier. Devant l’école Aimé-Césaire, sur l'île de Nantes, un élève de 3 ans avait été blessé, après avoir été traîné par une voiture sur plusieurs mètres. « Le premier problème est le manque de signalisation, estime Céline Marcy. Il faudrait davantage marquer les espaces, rendre les pistes cyclables bien visibles, placer des potelets quand cela est possible… Aujourd’hui, on a des voitures partout, des tas de vélos, et les enfants au milieu, qui n’arrivent pas sereins en classe. On aimerait que la mairie nous accompagne, école par école, à résoudre ces conflits d’usage. »
Car entre les partisans du vélo ou de la marche, les automobilistes qui partent ensuite travailler loin, les parents d’enfants porteurs de handicap, ou ceux qui se gareraient carrément dans la cour s’ils le pouvaient, difficile de trouver la solution miracle. Pourtant, lors de sa campagne, la maire de Nantes (PS) Johanna Rolland avait bien promis de « généraliser les solutions d’écomobilité aux abords des écoles, en donnant la priorité aux vélos et piétons à l’heure des entrées et sorties. »
Aujourd’hui, seule l’école Ledru-Rollin, piétonne pendant une demi-heure le matin, est véritablement concernée. « Les retours sont favorables, on attend que ça ici, s’impatiente Guillaume, un papa de l’école Charles-Lebourg, mobilisé sur la question. On a fait passer un questionnaire et au final, il n’y a que quelques familles pour qui la voiture est réellement indispensable. Ça ne peut plus durer, il y a bien trop de monde qui circule dans une toute petite rue. »
La mairie promet d’être « plus réactive »
Du côté de la ville, on promet que « les choses vont s’enclencher dans les mois à venir ». « Nous avions jusqu’ici une logique très globale, mais face aux attentes de plus en plus fortes, et justifiées, nous sommes en train d’élaborer une méthode plus réactive, plus agile », annonce Simon Citeau, adjoint (EELV) au maire en charge des déplacements doux.
Quelques expérimentations et aménagements ont été réalisés ou sont en cours, et « davantage d’écoles seront traitées à partir de la rentrée prochaine », indique l’élu. Chaque situation ne le permet pas forcément, mais Simon Citeau estime que la «rue scolaire», piétonnisée comme on le voudrait aux Agenêts, reste un modèle « extrêmement pertinent ».