Aéroport de Nantes : « On ne voit pas d’autre solution que le transfert », s’alarme le collectif d’habitants
BRUIT•Les mesures de l’Etat présentées en réunions publiques ne rassurent visiblement pas les habitants survolés à basse altitude par les avions. En cause : le trafic annoncé en forte croissance d’ici à 2040. Le collectif Coceta s’alarmeFrédéric Brenon
L'essentiel
- L'Etat et la DGAC ont annoncé plusieurs mesures destinées à limiter les nuisances sonores aériennes subies par la population.
- En parallèle, les mouvements d'avions vont fortement augmenter ces prochaines années.
- Ces annonces ne convainquent pas les nombreux habitants survolés, défendus par le Coceta.
Agrandissement de la piste de 400 m, double trajectoire au survol de Nantes, couvre-feu, travaux de rénovation… Depuis dix jours, l’Etat et la direction générale de l'aviation civile (DGAC) enchaînent les réunions publiques pour expliquer comment ils tenteront de limiter les nuisances sonores subies par des milliers de riverains autour de l’aéroport Nantes-Atlantique. Une troisième réunion se tenait jeudi soir et, comme lors des précédentes, les annonces n’ont pas réellement dissipé les inquiétudes des participants. En cause : des prévisions de croissance de trafic spectaculaires, bien que revues à la baisse : 11 millions de voyageurs prévus d’ici à 2040 (contre 7,2 millions en 2019) et au moins 77.000 mouvements d’avions par an (contre 63.000 avant la crise sanitaire).
Le Coceta, l’un des principaux collectifs d’habitants mobilisés sur le sujet, craint une « catastrophe ». « Les mesures présentées par l’Etat ne permettront qu’une diminution du bruit très, très relative, probablement autour de 5 dB, estime Joël Sauvaget, président du Coceta. Ça risque d’être imperceptible pour les habitants proches. Mais, surtout, c’est le nombre de mouvements, la répétition des vols, qui va devenir insupportable pour l’ensemble de la population survolée, y compris à Nantes. Je vous garantis qu’il y aura toujours ce bruit incessant au-dessus des habitations. Les prévisions de reprise du trafic font peur et on peut même penser qu’elles sont sous-estimées quand on sait que, jusqu’à présent, le trafic double tous les 10 ans. »
« Tout de même plus facile d’accompagner 1.000 personnes que 100.000 »
Le collectif s’interroge aussi sur ce qui se passera au-delà de 2040, les prévisions de la DGAC n’allant pas au-delà. « La nouvelle concession, qui sera attribuée en 2022, sera probablement signée pour 40 ans. Le nouveau concessionnaire fera tout pour optimiser son investissement et attirer un maximum de compagnies, c’est logique, c’est la loi du commerce. Ça va être désastreux pour Nantes. » Plusieurs participants aux réunions publiques ont réclamé un « plafonnement du trafic ». Une possibilité écartée par l’Etat en raison de la « libre concurrence garantie par les règlements européens ».
Bien que conscient du « traumatisme suscité par Notre-Dame-des-Landes », le Coceta défend alors toujours, avec l’appui d’élus locaux, l’idée d’un transfert de l’aéroport hors de l’agglomération nantaise. « On ne voit pas d’autre solution, se désole Joël Sauvaget. Quand on voit les dizaines de millions d’euros qui sont versés pour accompagner les populations, il faut se poser les bonnes questions. Est-ce que ça a du sens d’insonoriser des centaines d’habitations, de déplacer des services publics comme le collège de la Neustrie ou les écoles de Saint-Aignan ? Il serait quand même plus facile d’accompagner et d’indemniser correctement 1.000 personnes en installant un aéroport dans un secteur non urbanisé plutôt que de bricoler des mesures pour 100.000 personnes comme on s’apprête à le faire ! »
« Ne conserver que trois aéroports, ça, ça aurait du sens »
Le collectif affirme avoir identifié, avec l’aide de spécialistes, des « sites géologiques ne posant pas les problèmes de zones humides que posaient Notre-Dame-des-Landes ou le site actuel ». « Il y a de la place du côté d’Ancenis, avec l’atout de la proximité immédiate de la 2x2 voies et de l’autoroute, avance Joël Sauvaget. Il y a aussi le secteur Guéméné-Penfao. Des élus de Châteaubriant s’étaient également manifestés mais le terrain était moins favorable d’un point de vue environnemental. »
Le Coceta milite aussi pour une « véritable stratégie aérienne » dans le Grand Ouest. « Il y a huit aéroports en Bretagne et peu sont viables. On peut dire la même chose de l’aéroport d’Angers. Il faudrait en conserver trois : Brest, Rennes et un aéroport du Grand-Ouest sur un nouveau site. Ça, ça aurait du sens. »