Nantes : La gratuité des transports le week-end coûte cher mais booste la fréquentation
MOBILITE•La fréquentation des bus et tramways a sensiblement augmenté depuis la gratuité, mise en place le 24 avril. Elle intervient toutefois dans un contexte financier délicat avec la crise sanitaireFrédéric Brenon
L'essentiel
- Depuis le 24 avril, les transports en commun nantais sont gratuits le samedi et le dimanche.
- L'objectif était d'encourager les déplacements avec des modes de transports moins polluants que la voiture.
Le 24 avril dernier, Nantes métropole lançait avec fierté la gratuité de ses transports en commun le week-end. « C’est mieux pour le climat et mieux pour le pouvoir d’achat », clamait à l’époque Johanna Rolland (PS), présidente de la métropole. Quatre mois plus tard, quel est l’effet sur la fréquentation ? Eh bien celle-ci a effectivement sensiblement augmenté les samedis et dimanches, malgré le contexte sanitaire défavorable à l’utilisation des transports collectifs.
« La fréquentation est toujours en deçà d’un week-end de 2019, constate Olivier Le Grontec, directeur de la TAN. Mais alors qu’elle représentait 70 % d’une année normale début avril, elle atteint désormais 90 %. Il y a donc effet significatif sur les déplacements. »
Service renforcé à partir de septembre
Sans surprise, ce sont les lignes qui desservent directement le centre-ville de Nantes qui bénéficient le plus de l’effet gratuité. « La mesure est aussi une aide pour les commerçants du centre », se félicite Pascal Bolo (PS), vice-président de Nantes métropole et président de la Semitan. Les Navibus en ont aussi profité à plein, quitte à être parfois pris d’assaut. « Ils enregistrent une très forte progression. Ils sont très appréciés pour faire une balade sur la Loire », confirme Olivier le Grontec.
Compte tenu du succès, le réseau TAN, qui fonctionnait à moyens constants depuis le 24 avril, va être renforcé à partir du week-end prochain sur les lignes 1, 2 et 3 de tramway, les lignes 4 et 5 de busway, ainsi que les chronobus C2 et C3. « En gros, on améliore d’une minute la fréquence de toutes ces lignes », explique Olivier Le Grontec. Un deuxième renforcement de l’offre du week-end est également prévu à partir de décembre.
« Le modèle économique est bouleversé »
Si ces renforcements sont une bonne nouvelle pour les voyageurs, ils entraînent pour la Semitan une dépense supplémentaire (personnel, entretien, etc.) d’environ 3,5 millions d’euros par an. A laquelle il faut ajouter un manque à gagner lié à l’absence de recettes les samedis et dimanches (pas d’achat de tickets, diminution du prix des abonnements…) d’environ 6,5 millions d’euros par an. Soit un total de 10 millions d’euros par an en moins dans les caisses, à combler par Nantes métropole.
« La gratuité est un choix politique fort en faveur de l’utilisation des transports en commun », justifie Pascal Bolo, lequel reconnaît qu’elle « se percute » avec un « contexte extrêmement délicat » pour les finances des transports publics. La crise sanitaire (baisse de fréquentation, dépenses supplémentaires…) avait, par exemple, coûté 23 millions d’euros l’année passée à la TAN. « Le modèle économique des transports est extrêmement bouleversé », déplore Pascal Bolo.
En dehors des seuls week-ends, la Semitan prévoit que la fréquentation globale de l'année 2021 atteindra environ 80% de celle de 2019, une année record par le nombre de voyageurs transportés.