ETONNANTEn Loire-Atlantique, le paysage insolite de l'ancienne mine d'Abbaretz

Loire-Atlantique : « On se croirait sur la lune… » A la découverte de l’ancienne mine d’Abbaretz

ETONNANTPartiellement fermé ces deux dernières années, le point culminant de la Loire-Atlantique est de nouveau accessible avec un parcours sécurisé
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

C’est une « pépite » méconnue du grand public, à 45 km au nord de Nantes. Un paysage presque lunaire, parsemé de bosses, dominé par un cône de terre grise culminant à 121 m d’altitude, ce qui en fait le point le plus haut du département de Loire-Atlantique*. L’ancien site minier d’Abbaretz, entre Nort-sur-Erdre et Châteaubriant, a rouvert ses portes en début d’été avec de nouveaux aménagements et un parcours sécurisé.

Le site, très apprécié des randonneurs, pratiquants de BMX et adeptes de moto-cross, avait été en grande partie fermé en 2019 sur décision préfectorale. L’Etat voulait protéger les visiteurs d’une exposition à l’arsenic, substance hautement toxique. Des taux anormalement élevés ont en effet été constatés dans le sol, les mares et les poussières.

Le terril d'Abbaretz culmine à 121m d'altitude.
Le terril d'Abbaretz culmine à 121m d'altitude. - F.Brenon/20Minutes

Un héritage des années 1950, lorsque ce secteur d’Abbaretz était exploité par une mine d’étain à ciel ouvert. L’accumulation des stériles (minerais non désirables) a formé le terril aujourd’hui emblématique. Un plateau adjacent en est également constitué. Puis après la fermeture précipitée de la mine, en 1958, à la suite d’une chute du cours de l’étain, ces matières sont restées en place. La nature (bouleaux et bruyère principalement) a peu à peu repris ses droits. Quant au site d’extraction, profond de 40 m, il est devenu un étang ouvert à la baignade.

« On peut même apercevoir la Tour Bretagne »

« Il y avait un risque pour la santé à laisser le site ouvert dans sa totalité. Le retour du public n’a été possible qu’avec des travaux et la mise en place d’un sentier balisé avec des clôtures », explique Jean-Pierre Possoz, le maire d’Abbaretz. Si l’accès au terril est toujours autorisé, le spectaculaire plateau de déchets miniers, lui, ne peut plus être traversé, seulement approché. « Il a fallu l’expliquer aux habitués, notamment aux sportifs. On doit aussi en faire de même avec les curieux qui s’y aventurent. »

Des panneaux avertissant du « danger » ont été installés, comme devant cet inquiétant étang orangé où la végétation semble avoir littéralement grillé. « A cet endroit, il n’y a plus de vie en raison de l’hyper acidité de l’eau et du sol. Vous n’allez pas fondre en 30 secondes mais c’est bel et bien dangereux. Les panneaux ne sont pas exagérés », relève Jean-Pierre Possoz.

minier
minier - F.Brenon/20Minutes

La balade, facilitée par des passerelles, est néanmoins très plaisante. Le clou du spectacle demeurant la montée du terril, après avoir avalé quelque 200 marches. Au sommet, un très large panorama se dégage par beau temps. « La vue est superbe en effet. On peut même apercevoir la Tour Bretagne à Nantes », commente Michel, retraité. « C’est très étonnant comme endroit, confirme Elisa, sa fille. Par moments, on se croirait sur la lune ou dans un désert américain. Et il y a cette colline [le terril] qui sort un peu de nulle part. J’en avais déjà entendu parler mais nous n’y étions jamais arrêtés. Je conseillerai à mes amis d’y revenir, c’est sûr. »

« Pas de volonté d’attirer les foules »

Avant les travaux, l’ancienne mine d’étain était fréquentée par près de 10.000 visiteurs par an, évalue la mairie. Si la présence du site constitue une « image de marque » pour la commune, elle n’en tire, pour autant, pas de retombées touristiques significatives. « On est à l’écart du bourg et, à part la base nautique, il n’y a pas de grandes infrastructures pour passer la journée, justifie le maire. On envisage de créer un cheminement pour le relier à la gare [TER]. Mais il n’y a pas de volonté d’attirer les foules. S’il y a trop de monde, les sentiers pourraient ne plus être respectés. »

Quant à l’activité minière, elle semble définitivement arrêtée, malgré l’obtention d’un permis exclusif de recherche par la société Variscan Mines en 2015. « Ils ont fait quelques sondages et, au bout de quatre ans, ils ont renoncé. Le gisement n’est pas suffisant. » Près de 4.000 tonnes de cassitérite (minerai d’étain) avaient été extraites par l’ancienne mine entre 1952 et 1958.

* Le point culminant naturel de la Loire-Atlantique se situe, lui, à Fercé, près de Châteaubriant. Il s’agit de la colline de la Brétesche (116 m)