Coronavirus à Nantes : La fréquentation de la TAN souffre, les projets de développement « pas remis en cause »
TRANSPORTS•Les déplacements ont été chamboulés par le Covid-19 et les réseaux de transports urbains doivent s'adapter. A Nantes, la TAN accuse une baisse de fréquentation mais la métropole reste ambitieuseFrédéric Brenon
Après une année 2019 en croissance marquée par un record de fréquentation (148,6 millions de voyages), la Semitan a connu un exercice 2020 diamétralement opposé. Comme tous les réseaux de transports publics, elle est en effet secouée par la crise sanitaire et l’inquiétude des voyageurs à partager un même véhicule. Quelles conséquences pour le réseau TAN ? Et quelles perspectives pour les prochaines années ? Le point.
Où en est la fréquentation ?
Fin 2020, juste avant la mise en œuvre du couvre-feu de 18h, la fréquentation globale du réseau TAN était estimée à 75 % de son niveau de l’an passé, selon la direction. Aux heures de pointe, le ratio grimpe parfois à près de 90 % sur certaines lignes de tram. S’il ne se « réjouit pas » de cette situation « difficile », Pascal Bolo, président de la Semitan et vice-président de la métropole en charge des finances, considère que le réseau nantais « limite la casse » et s’en sort même « mieux que la moyenne des grands réseaux urbains ». La fréquentation a évidemment été beaucoup plus faible lors des deux confinements, « surtout au printemps ». A l’inverse, la rentrée de septembre a été marquée par un sursaut (environ 85 % de la fréquentation habituelle). Le volume d’abonnés s’est également peu érodé.
Quelles conséquences financières ?
Les recettes billetterie ont souffert du manque de voyageurs et chuté de 24 millions d’euros en 2020. Une perte à laquelle il faut ajouter 3,5 millions d’euros de dépenses supplémentaires pour le nettoyage renforcé et la distribution de gel hydroalcoolique. Sans compter une diminution du versement mobilité transport, abondé par les entreprises, évalué à 15 millions d’euros au préjudice de la métropole. « C’est du jamais vu. C’est quelque chose qui menace l’économie des transports publics. Tous les grands opérateurs souffrent énormément », s’inquiète Pascal Bolo. Heureusement, la TAN a, dans le même temps, économisé 12 millions d’euros grâce aux mesures de chômage partiel et aux kilomètres non effectués. Nantes métropole a également obtenu une avance remboursable de 38 millions d’euros de la part de l’Etat pour « soulager provisoirement les comptes ».
Quel impact sur le service actuel ?
Des « ajustements » ont été effectués depuis le printemps 2020. Les fréquences ont été réduites en fonction des « restrictions de déplacements », les horaires de fin de service des trams et chronobus ont été abaissés le week-end. Néanmoins, pas de gros bouleversements à signaler pour le moment. Plusieurs lignes chronobus ont même été renforcées, comme prévu, au dernier trimestre. « Nous sommes obligés de faire des adaptations car il ne sert à rien de dépenser pour faire circuler des bus à vide, explique Pascal Bolo. Mais notre volonté c’est de maintenir l’offre au plus haut niveau. On sait très bien que si on la réduit, c’est un cercle vicieux qui s’opérerait. »
Comment se passera 2021 ?
« Il faut regagner la confiance des usagers, insiste Pascal Bolo. Malgré les apparences, ce n’est pas dans les transports publics qu’on se contamine le plus, bien au contraire. Les précautions qui sont prises par les opérateurs et les voyageurs font que le virus ne circule pas. Cet enjeu de la confiance est extrêmement important parce qu’on voit bien que le report de fréquentation se fait surtout en faveur de la voiture. » Le président de la Semitan reconnaît toutefois que les professionnels du secteur tablent sur « trois à quatre années » pour un retour à la normale de la fréquentation. En attendant, les augmentations d’offre prévues pour septembre prochain, notamment pour le sud-ouest de l’agglomération, ne sont « pas remises en cause ». La gratuité des transports en commun le week-end, promise après les municipales, prendra, elle aussi, « bel et bien effet à la rentrée ». Au prix d’une « équation économique plus compliquée, ne nous le cachons pas ».
Les projets de développement à plus long terme menacés ?
La question se pose avec insistance à Nantes métropole. « On est évidemment un peu dans le brouillard mais on ne veut pas se précipiter pour prendre des décisions que l’on pourrait regretter plus tard », indique Pascal Bolo. A ce stade, les projets de trois nouvelles lignes de tramway « sont toujours à l’ordre du jour ». « Il n’y a pas de volonté de remettre en cause la stratégie. Nous devons inciter les citoyens à laisser le plus possible leur voiture au garage et cela passe par un développement de l’offre de service. Il en va de notre capacité à lutter contre le réchauffement climatique et à fluidifier la ville. » La commande de 61 rames neuves de tramway pour un montant total de 230 millions d’euros a d’ailleurs été confirmée en 2020. Les situations de chaque ligne, les besoins futurs de matériels, seront toutefois « regardés de très près » en fonction des évolutions de fréquentation et des capacités budgétaires.