Nantes : La pénurie de biens s'aggrave, des difficultés inédites pour se loger
IMMOBILIER•La métropole nantaise fait face à un manque de logements et des prix qui montent en flèche, selon plusieurs acteurs de l'immobilierJulie Urbach
L'essentiel
- Les loyers et prix de vente dans l'immobilier ont encore grimpé de 10% cette année à Nantes.
- Une hausse qui s'explique par un manque de biens et une construction au ralenti, alors que la demande est toujours plus forte.
Ceux qui cherchent à s’installer ou à déménager à Nantes le savent bien. Trouver un logement est particulièrement compliqué ces dernières années sur cette métropole réputée comme très attractive. Mais la situation, « historique », s’est encore durcie cette année, à en croire le club immobilier Nantes-Atlantique (Cina). « Le marché locatif n’est plus en tension, c’est bien pire !, lance sans détour Isabelle Lefeuvre, vice-présidente de la commission habitat. On a atteint des chiffres parisiens : un bien à louer ne reste pas vide plus de quinze jours et en moyenne, on a plus de cinq dossiers déposés. Pour les T2 et les T3, qui représentent le plus gros de la demande, c’est évidemment bien plus ! »
Avec une demande toujours plus forte et des prix qui ne cessent de croître, les indicateurs du marché immobilier nantais donnent le tournis. Pour une location meublée, il faut par exemple compter 713 euros en moyenne, un loyer qui a grimpé de 15 % en un an. Cette hausse vertigineuse est aussi constatée par les acheteurs. « A Nantes, sur un an les prix se sont envolés, la majorité des quartiers affiche des hausses supérieures à 10 % », constate Frédérick Duvert, président de la chambre des notaires de Loire-Atlantique.
A tel que point que pour les appartements anciens par exemple, la Cité des ducs se place désormais comme la quatrième ville de province la plus chère, derrière Lyon Bordeaux et Nice. Il faut dire qu’en un an, leur prix a pris 13,4 %… et presque 50 % depuis 2010. De plus en plus convoitées, et le confinement ne risque pas de changer la donne, les maisons se vendent à prix d’or avec un budget médian désormais supérieur à 450.000 euros. Des hausses que l’on retrouve aussi en s’éloignant de la ville centre.
« La crise a accéléré cette pénurie de biens »
D’après les notaires, l’une des raisons de cet emballement est le « déséquilibre entre l’offre et la demande ». Un phénomène qui perdure, se mesure sur tout le département, et aurait « largement participé à la baisse constatée des volumes et a entraîné une tension sur les prix qui augmentent partout quel que soit le type de bien ». « Cela fait trois ans qu’on alerte sur le besoin urgent de construire, regrette Christine Serra, la présidente du Cina. La crise a accéléré cette pénurie, à tel point que 2020 a été une année blanche pour la métropole en matière de construction. Il est urgent d’agir quand on sait que 70 % de la demande locative est satisfaite par les immeubles neufs. »
Les bureaux disponibles manquent également
« Avec les élections, le plan local d’urbanisme et le Covid, les permis de construire ont été fortement ralentis, continue Christine Serra, qui demande aux pouvoirs publics des « mesures exceptionnelles ». Tous les délais sont très longs, et particulièrement sur notre métropole : entre les concours d’architectes et toutes les procédures, il faut parfois six ans entre le choix d’un terrain et la livraison ! »
Selon le Cina, ce retard s’observe également pour les locaux tertiaires, avec une baisse des transactions de 30 % cette année sur la métropole nantaise. « Il y a un besoin fort de bureaux dans le centre-ville de Nantes, qui ne devrait pas être tant freiné que ça par le développement du télétravail, estime le Cina. Les entreprises ne prendront pas moins de m2, elles les utiliseront différemment. »