Aéroport de Nantes : Les élus des communes survolées haussent le ton pour limiter les nuisances
BRUIT•Les maires des communes voisines de l'aéroport de Nantes mettent la pression sur l'Etat pour qu'il protège les riverains. Ils profitent aussi de la crise pour réclamer une régulation du traficFrédéric Brenon
L'essentiel
- Les maires de Rezé, Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, ainsi que la députée Aude Amadou, demandent à l’Etat de « tenir ses engagements ».
- Ils exigent la mise en place de mesures pour protéger les riverains exposés aux nuisances sonores.
- Ils veulent aussi un plafonnement du trafic aérien à Nantes-Atlantique.
«Réveillez-vous ! Ça fait trois ans qu’on attend. Les habitants n’en peuvent plus. Il faut que ça bouge. » Ils appartiennent à des sensibilités politiques différentes mais partagent la même exaspération. Les maires de Rezé, Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, les trois communes les plus exposées aux nuisances sonores aériennes de l’aéroport Nantes-Atlantique, ont pris la parole, mercredi, aux côtés de la députée Aude Amadou, pour inciter l’Etat à « tenir ses engagements », trois ans après l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. L’Etat avait en effet promis un paquet de mesures destinées à protéger les riverains du bruit mais a, depuis, peu avancé sur le sujet.
Les élus locaux attendent ainsi la création d’un plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) théoriquement obligatoire, l’augmentation du financement des aides à l’insonorisation des logements, la mise en place du droit de délaissement pour les propriétaires résignés à la vente, ou encore un soutien pour les déplacements des écoles de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu et du collège de la Neustrie. « Gouverner, c’est assurer ses engagements. Et protéger la population est une urgence, la priorité absolue », insiste Aude Amadou, députée LREM de Loire-Atlantique.
Un plafonnement du trafic aérien ?
Les trois maires et la députée déplorent également que la « coconstruction » promise par le gouvernement en 2018 ne soit pas au rendez-vous. « Sur le choix du nouveau concessionnaire de l’aéroport, rien n’est partagé, ni le cahier des charges, ni le calendrier. Il devrait pourtant être désigné en fin d’année », regrette Jean-Claude Lemasson, maire (divers gauche) de Saint-Aignan, lequel relève aussi que l’Etat ne « se prononce pas sur la pollution aérienne du secteur ».
Surtout, les quatre élus réclament une régulation du trafic aérien. La nuit, avec l’instauration d’un couvre-feu « réclamé de longue date », rappelle Sandra Impériale, maire de Bouguenais (divers droite). Mais aussi de jour avec un plafonnement des vols commerciaux. « La déclaration publique pour le transfert vers Notre-Dame-des-Landes stipulait que la limite acceptable pour les riverains de Nantes-Atlantique était de 56.000 mouvements par an. Je dis banco », lance Jean-Claude Lemasson. Ce chiffre de 56.000 a été dépassé il y a trois ans déjà. En 2019, près de 65.000 mouvements d’avions avaient été recensés.
« Les conditions ne sont plus réunies aujourd’hui »
On imagine mal l’Etat séduire un nouveau concessionnaire avec la contrainte d’un trafic plafonné. Mais les élus considèrent que la crise du secteur aérien depuis l’apparition du coronavirus a changé la donne. « Les conditions ne sont plus réunies aujourd’hui. Il y a une opportunité », estime Jean-Claude Lemasson. « Nous ne sommes pas contre le trafic aérien. Nous voulons qu’il soit efficient », justifie Hervé Neau, maire de Rezé (divers gauche). Ils invitent à « repenser l’intermodalité », à privilégier davantage le train. « Pendant le confinement, les riverains ont pu se rendre compte à quel point leur vie était différente sans le bruit des avions », souligne Sandra Impériale.
Annoncés par l’Etat, les travaux de réaménagement de Nantes-Atlantique pourraient débuter en 2022, après la désignation d’un nouveau concessionnaire. Ils prévoient, outre une transformation de l’aérogare, l’allongement de la piste vers le sud (400 m supplémentaires). L’objectif est de porter le trafic à 11 millions de passagers par an. Il s’élevait à 7,2 millions en 2019, puis est tombé à 2,3 millions de passagers en 2020.