Nantes : Inquiète par une rumeur dans une école, la justice tient à « rassurer » les parents
SOCIETE•Des accusations d'agressions sexuelles visent un personnel de l'école Jacques-Tati. Les faits sont infondés, assurent les enquêteursFrédéric Brenon
L'essentiel
- Un personnel de l'école Jacques-Tati est accusé par plusieurs parents d'avoir agressé sexuellement des enfants de moyenne section.
- L'enquête n'a pas permis de confirmer les faits rapportés, selon la justice.
- L'homme mis en cause et la directrice de l'école subiraient des menaces.
La rumeur enfle depuis une semaine dans le quartier Clos Toreau à Nantes. Un personnel de l’école publique Jacques-Tati aurait commis des agressions sexuelles sur un ou plusieurs élèves scolarisés en moyenne section de maternelle. Le récit, rapporté au départ par une mère de famille inquiète, est imprécis mais soutenu par d’autres parents. Quatre plaintes ont même été déposées. L’affaire est prise « très au sérieux » par la police, laquelle a ouvert une enquête vendredi dernier.
Le personnel de l’école, les parents, ont été auditionnés. Cinq enfants ont également été entendus par des enquêteurs spécialisés de la brigade de la protection de la famille. Des examens médicaux ont aussi été pratiqués. Conclusion : les accusations sont infondées, affirme ce mercredi le parquet de Nantes.
Des menaces sur les personnels
« Rien ne permet d’affirmer qu’il y a eu quoi que ce soit à l’intérieur de l’école ou au domicile du mis en cause », déclare Olivier Bonhomme, procureur adjoint de la République. « Les investigations ont été menées pour faire en sorte que les enfants soient sécurisés au sein de cette école et s’assurer qu’il n’y a pas eu de fait commis. Elles tendent à démontrer qu’il ne s’est rien passé », confirme Charlotte Gazzera, vice-procureure. La magistrate, qui précise que l’enquête se poursuit, explique que les paroles ou gestes d’enfants âgés de 3 ou 4 ans peuvent être mal interprétés. Elle dit « comprendre l’inquiétude » des parents mais tient à les « rassurer ».
Si la justice a choisi de communiquer sur cette affaire, qui « n’en est pas une », c’est parce que des personnels de l’école subissent une « pression » de l’extérieur. Des petits attroupements se sont formés devant l’établissement. Des échanges ont lieu sur les réseaux sociaux. L’Atsem pointé du doigt a été suspendu afin d’être « protégé ». La directrice de l’école se dit « menacée » et a déposé plainte. « Ce sont les menaces qui pèsent sur eux qui aujourd’hui nous préoccupent le plus, indique Charlotte Gazzera. Il faut couper court à la rumeur et aux fantasmes. »
Le « contexte sociétal » préoccupe les autorités
L’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), après une polémique locale, reste un traumatisme pour les autorités. L’essor du complotisme sur les réseaux sociaux les invite également à la prudence et à la transparence. Le « contexte sociétal a changé », reconnaît-on au parquet de Nantes.
De son côté, la mairie de Nantes en appelle à « la responsabilité de chacun pour que la sérénité préside ». Elle « condamne avec la plus grande fermeté » les menaces proférées. Elle a d’ailleurs elle-même porté plainte « au titre de la protection fonctionnelle pour des menaces envers les agents municipaux », indique-t-on ce mercredi dans l’entourage de Johanna Rolland.