RÉFUGIÉSA Nantes, un resto prête sa cuisine à Samah pour le Refugee Food Festival

Nantes : Un resto prête ses fourneaux à Samah pendant le Refugee Food Festival

RÉFUGIÉSDimanche, le Refugee Food Festival fera sa dernière étape dans un restaurant du quartier Saint-Pierre à Nantes. L’occasion pour Samah, réfugiée soudanaise, de partager sa cuisine
Clara Le Nagard

Clara Le Nagard

L'essentiel

  • Le Refugee Food Festival se déroule jusqu'à dimanche et pour la première fois à Nantes.
  • Dimanche, dernier jour du festival, Samah et Morgane cuisineront un brunch franco-soudanais au restaurant Oh' K-fée d’MJ.

Lorsque l’on pénètre dans le Oh K-fée d’MJ, tout près de la cathédrale de Nantes, des arômes de café et des odeurs de gâteaux sortis du four, nous parviennent délicieusement aux narines. Au centre de la pièce, une table garnie de jolies pâtisseries dont le fameux Basboussa, spécialité de Samah. « C’est un gâteau à base de semoule, de beurre, de sucre de yaourt et de noix de coco, décrit la jeune femme en souriant. C’est ma maman qui m’a appris la recette. Quand j’étais petite, je cuisinais avec elle. Certains font du sport, d’autres dessinent, moi c’est la pâtisserie », avoue-t-elle.

Arrivée en France il y a cinq ans, cette Soudanaise, dont le foulard rose laisse apparaître une longue chevelure brune, a été mise en lien avec le Refugee Food Festival grâce à son assistante sociale. L’événement, qui se déroule jusqu’à dimanche pour la première fois à Nantes, permet à quatre réfugiés de venir cuisiner avec un chef nantais le temps d’un repas. Le binôme de Samah s’appelle Morgane. « Nous avons cuisiné deux jours la semaine dernière pour savoir ce qu’on allait prévoir au brunch de dimanche, détaille Samah. On a choisi ensemble. »

Cuisiner pour rassembler

Lorsqu' Alice Thierry de Ville d’Avray et Laurence Goubet, porteuses du festival à Nantes, ont rencontré Samah, la jeune maman de 34 ans n’avait jamais travaillé dans un restaurant. « Samah a un diplôme d’ingénieur agronome qui n’a pas d’équivalence ici, explique Alice Thierry de Ville d’Avray. Elle nous a dit qu’elle aimait beaucoup cuisiner et on s’est dit que le festival lui permettrait de voir concrètement comment ça se passe derrière les fourneaux. »

Le festival, créé il y a quatre ans et organisé dans près de 20 villes dans le monde, souhaite sensibiliser sur la question des réfugiés autour d’un moment de partage. « La cuisine ça rassemble. C’est un moment festif, observe Laurence Goubet. Le but c’est vraiment de les mettre en avant. Ce sont eux les chefs le temps du repas ! »

Un partage de saveurs

Dimanche, Samah y servira son jus de Bissap. « C’est une boisson à base d’hibiscus. Je laisse la fleur infuser pendant quatre heures et je rajoute un peu d’eau, du sucre et de la vanille. C’est très désaltérant ! » confie la jeune femme. Ce breuvage couleur rouge sang conviendra très bien pour ce brunch d’Halloween. Au menu également, des biscuits à l’anis et le fameux Basboussa. Côté salé, Samah cuisinera une salade de carottes et des falafels. Morgane, cheffe du resto, préparera des pancakes salés et un velouté.

Biscuits sablés et Basboussa de Samah sont présentés à l'entrée du resto Oh' K-fée d'MJ.
Biscuits sablés et Basboussa de Samah sont présentés à l'entrée du resto Oh' K-fée d'MJ. - Clara Le Nagard / 20 Minutes

« On a réfléchi à un menu qui pourrait mélanger les saveurs françaises et soudanaises, relate Morgane. Je l’ai regardée travailler ses gâteaux et c’est très chouette ! On n’utilise pas les mêmes produits et c’est ça qui est intéressant. » Samah, qui l’écoute, ajoute en se cachant le visage pour pouffer de rire : « J’utilise beaucoup mes mains. En France, on utilise plein d’ustensiles mais moi, je fais toutes mes pâtes à la main parce qu’en les touchant, je peux connaître leurs textures. »

« Le festival va m’ouvrir des portes »

Samah souhaite commencer une formation à partir de l’année prochaine pour faire de la pâtisserie son métier. « J’aimerais ouvrir mon propre café pour proposer des petits gâteaux et des boissons soudanaises, confie-t-elle. Je pense que le festival va m’ouvrir des portes. »

Dimanche pour le dernier jour de l’événement, près de quarante-deux couverts vont être dressés dans le restaurant végétarien et les réservations sont d’ores et déjà complètes. Ce qu’appréhende désormais Samah, c’est le retour des clients. Morgane la rassure en rigolant : « Pour ça je ne me fais aucun souci, ils vont adorer ! »