TRANSPORTS EN COMMUNA Nantes, la Semitan subit déjà des pertes importantes

Coronavirus à Nantes : La Semitan subit des pertes importantes, mais la gratuité le week-end reste prévue

TRANSPORTS EN COMMUNLa fréquentation du réseau TAN s'est effondrée depuis le confinement et ne parvient pas à retrouver son niveau habituel
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • La fréquentation n’atteint en septembre que 84 % de son volume habituel. C’est toutefois bien mieux qu’en juin ou juillet.
  • Cette baisse entraîne un manque à gagner important pour la TAN et Nantes métropole.
  • Le projet de gratuité des transports en commun chaque week-end n’est, pour autant, pas remis en cause. Il est prévu pour septembre 2021.

La crise sanitaire du coronavirus affecte durement les transports publics. A Nantes, la Semitan ne fait pas exception puisque le réseau ne réalise que 84 % de sa fréquentation habituelle depuis la rentrée de septembre, annonce la direction de la TAN. Une érosion qui s’explique par une peur de la contamination, un report vers la voiture ou le vélo, et une diminution du volume de déplacements en raison du télétravail et de l’annulation de nombreux événements. Le point.

Quelles conséquences financières pour la Tan et la métropole ?

Elles sont déjà « significatives », affirme Olivier Le Grontec, directeur général de la Semitan. Même si la fréquentation remonte progressivement, la baisse des recettes était estimée, fin août, à 16 millions d’euros. Une perte qui s’ajoute aux 2,5 millions d’euros de dépenses sanitaires supplémentaires engagées (matériel de désinfection, nettoyage…). En parallèle, la TAN a économisé 10 millions d’euros grâce aux mesures de chômage partiel et aux kilomètres non effectués pendant le confinement. Soit un bilan négatif provisoire de 9,2 millions d’euros. A ce total s’ajoute, pour Nantes métropole, un manque à gagner d’environ 20 millions d’euros sur la diminution du versement mobilité transport abondé par les entreprises.

Des ajustements sont-ils prévus rapidement ?

Compte tenu du contexte, la Semitan a décidé de repousser au 2 novembre la modification des horaires et l’extension du réseau. Plusieurs lignes chronobus, en particulier la C1, la C6 et la C20, verront alors leurs fréquences renforcées. Les gros travaux de modernisation de la plateforme Commerce ont, eux, été repoussés à l’été suivant. A moyen terme, la TAN réfléchit aussi à diminuer les fréquences et amplitudes de certaines lignes peinant à retrouver leur public. Mais aucune décision ne sera prise avant janvier. Ces éventuels ajustements pourraient être mis en œuvre à la rentrée 2021.

Et la gratuité le week-end ?

C’était une promesse électorale forte de Johanna Rolland qui pouvait être fragilisée par la crise. La gratuité des transports en commun le week-end « ne sera pas remise en cause », assure Pascal Bolo, président de la Tan et adjoint au maire de Nantes. Elle prendra effet en septembre 2021, précise-t-il. Elle pourrait même être lancée plus tôt que prévu afin de « redonner un coup de fouet » à la fréquentation le week-end, si celle-ci restait décevante. Quant à la baisse de 20 % des tarifs des abonnements, autre promesse électorale, elle a déjà été votée et sera mise en œuvre dès le 1er janvier.

Faut-il s’attendre à une remise en cause des grands investissements ?

Si les pertes continuent de s’accumuler, Nantes métropole craint de devoir prendre des décisions plus lourdes à l’avenir. « Si le budget transports est trop entamé, il faudra soit réduire notre offre, soit nos investissements, soit un peu des deux », s’alarme Pascal Bolo. Nouvelles lignes de tramway sur l’île de Nantes, extension du réseau Navibus, développement des Chronobus sont, notamment, au programme du nouveau mandat. Pourraient-ils être reportés ? « Il est trop tôt pour le dire. On n’en est pas encore là », répond Pascal Bolo. L’adjoint au maire chargé des finances annonce que la collectivité demandera un soutien financier à l’Etat. « En Ile-de-France, l’Etat a compensé une partie des pertes de la RATP », souligne-t-il. En attendant, la commande de 61 nouvelles rames de tramway (230 millions d'euros) a bien été lancée auprès du constructeur Alstom.

Comment faire revenir les voyageurs ?

« Il faut restaurer la confiance », répète Olivier Le Grontec. Pour cela, la Tan rappelle qu’elle distribue du gel hydroalcoolique à bord des véhicules et à certaines stations, qu’elle effectue chaque jour une désinfection complète des bus et tramways, qu’elle a installé un film virucide sur les valideurs et qu’elle teste un filtrage de l’air intérieur dans certaines rames. « Depuis le déconfinement, on n’a jamais entendu parler de contamination massive dans les transports publics. Ce ne sont pas des lieux à risque », estime Pascal Bolo. Lever les réticences pourrait toutefois être long. « Certains spécialistes disent que la fréquentation mettra trois ou quatre ans à revenir à la normale, note-il. En réalité, nous sommes dans l’inconnu, comme beaucoup. »