Nantes : Des chambres d’artistes au CHU, signe de « l’importance de l’art dans le processus de guérison »
SANTE•Au 8e étage du CHU de Nantes, la chambre 866 a été redécorée par un artisteJulie Urbach
L'essentiel
- Une première chambre d'artistes a été réalisée cet été au CHU de Nantes.
- La démarche vise à améliorer l'environnement du patient mais aussi faciliter sa relation avec les personnels de santé.
Depuis leur lit, les patients de la 866 ont désormais autre chose à contempler qu’un triste papier peint beige. Au 8e étage du CHU de Nantes, cette chambre du service oncologie dermatologie est une première en son genre. Pendant trois jours, au mois d’août, l’artiste nantais Frédéric Mazère a transformé ce petit espace à l’atmosphère aseptisée en un lieu beaucoup plus douillet. « J’ai représenté une forêt imaginaire avec des feuilles, une silhouette, un cerf… Quelque chose d’assez onirique, inspiré de Matisse, explique-t-il. Il y avait pas mal de contraintes, comme proscrire la couleur noire que j’aime d’habitude beaucoup travailler. »
Si les chambres d’artistes sont plutôt répandues dans les hôtels, elles le sont beaucoup moins dans les hôpitaux. Malgré les difficultés (la première étant que les chambres sont très rarement vides pendant plusieurs jours d’affilée), le CHU de Nantes a voulu se lancer cette démarche alors que « l’organisation mondiale de la santé défend l’importance de l’art dans le processus de guérison », assure l’hôpital. « C’est une philosophie mais il y a des données scientifiques qui prouvent que le cerveau réagit différemment selon les conditions dans lesquelles on se trouve, assure le professeur Brigitte Dreno, chef de service dermatologie. La prise en charge globale du patient, c’est le traitement mais c’est aussi lui donner de l’espoir, l’aider dans son combat quotidien. »
La salle de pause aussi
Pour que le projet (financé par mécénat via le groupe Arc) devienne réalité, plusieurs artistes ont été sollicités via le collectif Arty Show. Ce sont ensuite les personnels du service concerné qui ont choisi quelle serait l’oeuvre qui recouvrira les murs de la chambre, mais aussi ceux de leur salle de pause. « On a voulu qu’il y ait un rappel pour que les soignants aussi aient leur temps de réconfort, explique Emmanuelle Fortun, chargée de communication à la direction des ressources humaines du CHU. Grâce à cet environnement bienveillant, leurs pratiques professionnelles peuvent être facilitées : on voit déjà que la chambre amène parfois à des discussions différentes, pas uniquement liées aux sujets des soins ou des repas. »
D’ici à la fin de l’année, une nouvelle chambre artistique doit apparaître cette fois à l’hôpital nord Laennec, au centre antidouleur. Au total, six projets sont en préparation, mais pas uniquement dans des chambres. Le centre d’IVG Simone-Veil pourrait par exemple accueillir une fresque géante sur le plafond de l’une de ses salles de soins.