SOCIALL’association La SurpreNantes Epicerie lutte contre la précarité étudiante

Nantes : « Cela adoucit notre quotidien »… L’asso La SurpreNantes Epicerie lutte contre la précarité étudiante

SOCIALCe mercredi après-midi, ils étaient plus de 400 étudiants à faire la queue pour récupérer des denrées élimentaires devant le restaurant universitaire du Tertre à Nantes (Loire-Atlantique)
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • L’association La SurpreNantes Epicerie, créée en septembre et inspirée d’un modèle rennais, lutte contre la précarité étudiante.
  • Ce mercredi, quatre tonnes de denrées alimentaires ont été distribuées à plus de 400 étudiants devant le restaurant universitaire du Tertre.
  • Le confinement a encore davantage mis en difficulté les étudiants à Nantes.

Il est 14h20, ce mercredi, la file d’attente s’étire sur déjà plusieurs centaines de mètres. Mais, que peut-il bien se passer sur le site de l’université de Nantes alors que les cours n’ont pas repris ? Plus loin, devant le restaurant universitaire du Tertre, une dizaine d’étudiants, tous masqués, déchargent d’un camion frigorifique de lourds sacs blancs, remplis de denrées alimentaires, à un rythme effréné. Ces jeunes font partie de l’association La SurpreNantes épicerie, créée en septembre 2019 et inspirée d’un modèle rennais. « Notre raison d’exister, c’est la lutte contre la précarité étudiante, explique Benjamin, un Vendéen en troisième année de droit et président de l’asso. 20 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. On savait qu’il y avait un vrai besoin. »

L’association avait prévu de lancer la distribution mi-mars. Le confinement a quelque peu changé la donne. En bien finalement. Les denrées alimentaires devaient être récupérées auprès des supermarchés, mais les événements ont empêché cette collecte. « Les Restos du cœur nous ont alors proposé de nous aider… » De 400 kg prévus à l’origine, la collecte est passée à… quatre tonnes (par journée de distribution) grâce à l’associatiob chère à Coluche. Depuis mi-mars, six opérations de distribution ont déjà eu lieu.

Le confinement a créé davantage de précarité chez les étudiants

A quelques minutes de l’ouverture de la distribution, le président de La SurpreNantes Epicerie transpire et pas seulement en raison du soleil brûlant. 15h20, Aya, 27 ans, étudiante à Lyon en biologie, mais en stage actuellement dans un laboratoire nantais, est la première à récupérer son sac. « C’est la première fois que je viens. C’est vraiment nécessaire pour moi. Je ne veux pas demander d’argent à mes parents qui sont déjà dans une situation compliquée », explique-t-elle.

Aya fait du télétravail depuis le début du confinement et gagne… trois euros de l’heure pour un salaire mensuel compris entre 350 et 400 euros. Elle devait travailler pour une enseigne de restauration rapide pour « compléter son salaire », mais le coronavirus a ruiné ses plans. « Le confinement a créé encore davantage de précarité, estime d’ailleurs le président de la SurpreNantes Epicerie. On a reçu pendant cette période beaucoup de messages d’étudiants qui demandaient s’ils étaient autorisés à venir. Tout le monde est légitime quand on est dans le besoin. »

« Je n’ai même plus besoin de faire de courses », sourit Natidja

Cette main tendue fait vraiment du bien à certains. Thomas, 19 ans, étudiant en biologie, avoue « avoir 100 euros pour vivre par mois » après avoir payé son logement. « C’est agréable d’avoir cette aide et il faut l’accepter, explique ce jeune originaire de Dordogne. Certains ont honte pour leur image. Heureusement que l’asso est là, leur distribution va adoucir mon quotidien. »

Ce mercredi, 420 étudiants, dont une grande majorité d’étrangers, ont défilé devant le restaurant universitaire. Riz, pâtes, sandwichs, légumes, fruits, gâteaux, chocolat, produits d’hygiène etc. Natidja en a plein les bras. « C’est indispensable, sourit l’étudiante en sciences, originaire de Mayotte. Les 100 euros qui me restent après avoir payé mon abonnement de TAN, mon loyer, mes factures, je les mets de côté comme ça. Je n’ai même plus besoin de faire de courses. » Une dernière distribution doit avoir lieu mercredi prochain avant une pause jusqu’à la rentrée de septembre.