MACHINES DE L'ILECible de critiques, l’Arbre aux Hérons prend racine à Nantes

Nantes : Critiqué par la majorité des candidats aux municipales, l’Arbre aux Hérons prend racine

MACHINES DE L'ILELa construction de l'Arbre aux Hérons, qui doit voir le jour en 2023 à la carrière Miséry, est décrié par une partie des candidats à l'élection municipale
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Dès samedi, un couple d'oiseaux rejoindra la galerie des Machines, avant d'être déplacés sur l'Arbre aux Hérons, prévu pour 2023.
  • Un projet qui pourrait cependant avoir du plomb dans l'aile, selon le résultat de l'élection municipale de mars prochain.

A J-4 de la réouverture au public des Machines de l’île, ça bosse dur dans les ateliers. Samedi, après un repos bien mérité, la fourmi, le colibri ou encore le paresseux accueilleront de nouveaux congénères. « Le public découvrira un couple d’oiseaux métalliques, librement inspirés de ceux du paradis, détaille Pierre Orefice, directeur des Machines. Quatre spectateurs pourront les manipuler à l’aide de câbles et de poignées. Les oiseaux déploieront leurs ailes, les plumes de leur queue, et créeront ainsi une belle parade amoureuse. »

En 2023, comme tous les prototypes exposés dans la galerie, c’est bien sur l’Arbre aux Hérons, cette structure de 35 m de haut qui doit prendre place à la carrière Miséry, que Pierre Orefice espère faire voler ses oiseaux. Pourtant, le vent semble tourner pour ce projet décrié par la majorité des candidats à l’élection municipale de mars prochain. Qualifié d’« arbre à millions » par Laurence Garnier (Les Républicains) il représente le « symbole de ces grands projets inutiles qu’il faut abandonner », s’insurge Margot Medkour, la candidate de Nantes en commun. « Nous avons besoin d’arbres, oui, mais pas d’un arbre en métal enfoncé dans du béton », juge Julie Laernoës (EELV), qui promet elle aussi de « remettre à plat » le projet si elle accède au fauteuil de maire.

Croquis d'un des oiseaux de la parade amoureuse
Croquis d'un des oiseaux de la parade amoureuse - La Parade Amoureuse-croquis©François Delaroziere

Le budget de 35 millions sera dépassé

Il faut dire que l’incertitude plane sur certains aspects de ce projet monumental, dont le feu vert avait été donné en 2016 par Johanna Rolland. Et d’abord au sujet de son financement, évalué à l’époque à 35 millions d’euros. « Evidemment que ce sera plus élevé, admet Pierre Orefice. Ce chiffre a été donné en 2007, comment voulez-vous qu’il n’augmente pas ! » Mais le directeur des Machines se dit pour autant « serein ». « Entre les entreprises partenaires, l’engagement des collectivités, on est déjà à 27 millions sûrs. J’ai rarement vu un projet de cette ampleur aussi avancé à ce stade. Les discussions sont ouvertes avec l’Europe. Et si ça coûte plus cher, on trouvera d’autres sources de financement. »

Alors que la candidate LREM Valérie Oppelt a prévenu que la municipalité « ne mettrait pas un euro de plus » si elle devenait maire, les études continuent pour que cet arbre aux 22 branches végétalisées sorte bel et bien de terre. Prochaine étape, la construction « très vite » d’un immense héron de 45 tonnes et 16 mètres d’envergure, qui sera capable d’emmener 18 personnes à son bord. « Nous le testerons au sol, il sera déterminant ensuite pour toute la structure de l’Arbre, détaille Pierre Orefice. On le fera tournoyer au dessus de la carrière à l’aide d’une grue. Ces essais seront évidemment publics. » Le chantier à proprement parler pourrait commencer dès 2021.

« Les critiques, on a l’habitude »

Derrière l’Arbre au Hérons, l’idée est bien de renforcer le rayonnement touristique des Machines (aujourd’hui presque à l’étroit avec 740.000 visiteurs en 2019) et plus généralement de la Cité des ducs. Une philosophie rejetée par Margot Medkour ou Julie Laernoës, cette dernière refusant « la priorité de l’attractivité tous azimuts ». « En quoi est-ce si dérangeant que l’on parle d’autres langues à Nantes ? s’interroge le directeur des Machines. Les critiques, franchement, on a l’habitude, on continue notre chemin. Avant l’Elephant, tout le monde disait que c’était complètement idiot. On sait que les périodes électorales sont en général très chahutées ». Et si jamais le projet ne continue pas ? « J’ai 67 ans, je prendrai ma retraite, et voilà ! »