FC Nantes : « Je vis mon rêve américain au Canada », raconte Johan Albert, ex analyste vidéo des Canaris
SOCCER•Johan Albert a quitté le FCN en 2016 après y avoir occupé plusieurs postes. Depuis un an, il vit au Canada et est entraîneur des gardiens du Forge FC, qui vient de remporter le titre nationalDavid Phelippeau
L'essentiel
- Johan Albert, ancien salarié du FC Nantes (pendant vingt-deux ans), est désormais entraîneur adjoint en charge des gardiens de but au Forge FC, club canadien.
- Samedi, cette toute nouvelle formation a remporté le titre national.
- Johan Albert raconte l’importance grandissante du soccer au Canada.
Au FC Nantes, il était le plus souvent un homme de l’ombre. Aujourd’hui, Johan Albert (43 ans) se retrouve sous la lumière des projecteurs à des milliers de km de la Cité des Ducs. Avec le Forge FC, samedi, il a remporté le premier titre de la première Ligue de soccer canadienne contre le Cavalry FC. Depuis février, l’ancien analyste vidéo des pros du FCN occupe le rôle d’entraîneur adjoint en charge des gardiens et de la vidéo au club de soccer d’Hamilton (Forge de Hamilton), créé il y a quelques mois.
Petit retour en arrière. Eté 2016, René Girard débarque au FCN avec des hommes qu’il a choisis. La direction demande à Johan Albert de quitter son poste de vidéoman pour retourner à la formation. Après vingt-deux années passées à la Jonelière, le fils de Gilles Albert (ex-coach de la D4 du FCN avec Loko, Ouédec etc. entre autres) décide de partir après avoir trouvé un accord à l’amiable. Création d’une boîte, prise en charge des gardiens de but à Orvault Sport, retour manqué au FCN en tant qu’adjoint de Bruno Baronchelli en décembre 2016… Johan Albert s’occupe dans la région. Jusqu’en octobre 2018 et l’arrivée d’une opportunité professionnelle pour son épouse… au Canada.
Le soccer doit se faire une place au Canada
« J’arrive ici sans rien, raconte "Jo", comme beaucoup le surnomment à Nantes. Et un jour, j’apprends qu’un club de soccer vient de se monter à Hamilton, la ville où on habite dans la partie anglophone du Canada, à mi-chemin entre Toronto et les chutes du Niagara. » Après avoir quelque peu galéré pour entrer en contact avec le club, Johan Albert finit par obtenir un entretien avec le coach, Bobby Smyrniotis, un Grec. Le rendez-vous s’avère concluant. Le voilà embauché en CDD dans un club de soccer tout neuf. Lequel se prépare à participer à la CPL (Canadian Premier League), championnat local qui voit le jour (avec sept équipes pour le moment seulement). « Au Canada, le soccer passe derrière le hockey-sur-glace, le basket et le football américain, mais il se développe… » Et c’est une obligation pour les instances du ballon rond car en 2026, le Canada se partagera le Mondial avec les Etats-Unis et le Mexique. « La création de la CPL sert à préparer l’événement », explique Johan. A apporter aussi un minimum de professionnalisme aux joueurs canadiens. Au pays, beaucoup jouent au soccer puis arrêtent faute de structures pros… » Les plus chanceux et talentueux peuvent toujours rejoindre une des trois formations canadiennes (Vancouver, Toronto et Montréal) pensionnaires de MLS (ligue professionnelle de soccer en Amérique du Nord).
Des infrastructures enviées par les clubs de L2 français
Pourtant, au Forge FC, Johan Albert découvre des infrastructures « que beaucoup de clubs de Ligue 2 nous envieraient ». Le club est détenu par un millionnaire canadien (Bob Young) qui est aussi propriétaire de l’équipe de football américain, les Tiger-Cats de Hamilton.
« On partage le même stade d’un peu plus de 20.000 places et la même structure organisationnelle (billetterie, commerciaux etc.). » Vingt-trois joueurs professionnels composent le Forge FC, dont seize proviennent de l’académie Sigma, un « centre de formation » local. Parmi eux, plusieurs internationaux comme les Canadiens Kyle Baker ou David Edgar. Difficile d’attirer des grandes stars comme en MLS avec le salary cap fixé par les instances. « Il est de 50.000 euros à l’année, soit 4.000 euros par mois de salaire, observe Johan. On n’est même pas en mesure de recruter un joueur de L2. La Ligue canadienne a fixé ce plafond pour éviter de se retrouver avec des clubs en difficultés financières. »
Johan Albert retrouve le FCN d’il y a 20 ans
Le niveau ? « Facilement, du haut de tableau du National et bas de tableau de L2 française pour nous et notre adversaire en finale [FC Cavalry]. On a une vraie équipe de joueurs de ballon. » Une formation supportée par en moyenne 7.000 spectateurs. « Ils étaient 17.000 pour le premier match de championnat en avril », se souvient néanmoins ce père de trois enfants.
Engouement grandissant, conditions de travail idéal, intégration familiale réussie, résultats probants en club… « Je vis mon rêve américain au Canada, lâche, tout sourire, l’ancien salarié du FCN. Je ne regrette pas d’être parti de Nantes. » Et l’expérience qu’il vit le ramène deux décennies en arrière. « Je retrouve ici l’état d’esprit du FC Nantes d’il y a vingt ans. A travers la philosophie de jeu et les rapports humains. » Samedi soir, après le succès à Calgary, Johan Albert, qui entend bien rester le plus longtemps possible au Canada, a ressenti « les mêmes émotions » qu’il avait pu connaître « lors des titres de champions de 1995 et 2001 ou les deux Coupes de France 1999 et 2000 ». Comme une sorte de retour vers le passé.