Nantes : Connaissez-vous les contes et légendes de Loire-Atlantique ?
EXPOSITION•Les Archives départementales accueillent à Nantes une exposition sur les récits et histoires du départementManuel Pavard
L'essentiel
- A Nantes, les Archives départementales présentent une exposition sur les contes et légendes de Loire-Atlantique jusqu’au 30 avril 2020.
- Les récits locaux y sont mis en valeur sous différentes formes.
- Une visite nocturne de l’expo est organisée ce jeudi soir pour Halloween.
Quand on parle de contes et légendes dans le Grand Ouest, la Bretagne celtique des druides ou les légendes arthuriennes de la forêt de Brocéliande viennent naturellement à l’esprit. Mais la Loire-Atlantique possède aussi une longue tradition de récits transmis de génération en génération et mêlant géants, sorciers, loups, fées ou korrigans. De Gilles de Rais, l’alter ego de Barbe Bleue, à La Belle et la Bête de Béré en passant par La dent de Gargantua, ces contes et légendes de Loire-Atlantique font justement l’objet d’une exposition aux Archives départementales jusqu’au 30 avril 2020. 20 Minutes a concocté sa propre sélection non exhaustive.
Contes ou légendes, de quoi parle-t-on ?
Si « contes et légendes sont souvent employés de manière interchangeable dans le langage populaire », selon le commissaire d’exposition Morgan Le Leuch, ils revêtent pourtant des sens différents. L’exposition définit ainsi en préambule les principaux termes utilisés pour qualifier les récits, illustrés à chaque fois par un exemple local.
Dans un conte, « l’histoire est complètement imaginaire », précise Morgan Le Leuch, et n’a « ni date ni localisation », à l’image de ce récit d’un trésor trouvé en Brière. A contrario, la légende, représentée ici par une statue de Saint-Georges combattant le dragon, repose « au départ sur un fait historique qui a été déformé par les âges et qui a intégré du fantastique ».
Trois autres termes sont également présentés : la croyance, avec la dent de Gargantua trouvée par un cultivateur dans un champ de pommes de terre, à Guéméné-Penfao, la fable illustrant une morale et enfin, le mythe qui intègre lui aussi du merveilleux mais ne peut être daté, comme cette « anguille géante qui aurait creusé les canaux de Brière ».
Le Petit Chaperon rouge vs Barbe-Bleue
L’exposition oppose deux histoires populaires symbolisant la distinction entre conte et légende. Le Petit Chaperon rouge, sans doute le conte le plus célèbre, a différentes fins selon les versions et est à la fois intemporel et non localisé. À défaut de document historique, les Archives départementales montrent donc des publicités témoignant de la célébrité du personnage. « Des entreprises de Loire-Atlantique ont réutilisé l’image du Petit Chaperon rouge », explique Morgan Le Leuch, qui désigne une affiche sur laquelle « le loup a préféré goûter les entremets Plaisance plutôt que la petite fille ».
Figure phare de l’exposition, le personnage de Barbe-Bleue appartient, lui, à la légende en tant qu’avatar de Gilles de Rais, seigneur de plusieurs châteaux dans le pays de Retz. Ce compagnon de Jeanne d’Arc a massacré des enfants après la guerre de 100 ans et a été assimilé à Barbe-Bleue qui tuait pourtant des femmes. « Il y a eu une confusion entre les deux personnages alors que ce ne sont pas les mêmes histoires, souligne le commissaire d’exposition. On a réinventé l’histoire pour qu’elle colle à Nantes mais Perrault ne s’est pas inspiré de Gilles de Rais. » Une pièce rare est notamment exposée : la sentence de condamnation de Gilles de Rais par l’évêque de Nantes, en 1440.
Les cinq versions de La Belle et la Bête de Béré
L’histoire de La Belle et la Bête existe sous cinq versions différentes dans le pays de Châteaubriant, autour du prieuré de Béré. Le contenu varie d’une histoire à l’autre, malgré les références communes, et la bête peut prendre de multiples formes : chèvre, loup, chat, mouton, cheval ou autre…
C’est l’une des parties les plus interactives de l’exposition. Chacune des cinq variantes du conte (La Belle ou la Bête de Béré, La Bête et la Belle de Béré, La Bête de Béré, La méchante Bête et la Belle de Béré) est racontée sous forme d’un enregistrement audio que l’on peut écouter avec un casque. On propose ensuite aux visiteurs – dont les malvoyants – de reconnaître au toucher les attributs de la Bête (patte de chevreuil, peau de loup, etc.).
Légendes urbaines et fake news
Après avoir exploré l’histoire de Loire-Atlantique, l’exposition se termine par une évocation plus contemporaine avec les rumeurs, fake news et légendes urbaines. Ces dernières n’intègrent « pas de merveilleux », à l’inverse de leur forme ancienne, mais « partent d’un fait historique qui est ensuite malmené ».
Les légendes urbaines trouvent souvent leur origine dans les faits divers. Exemple avec la version nantaise de la « rumeur d’Orléans », racontée par les mères de famille nantaises à leur fille, comme l’indique Morgan Le Leuch : « On racontait que dans les cabines d’essayage du passage Pomeraye, on enlevait les jeunes filles pour la traite des blanches. »