Nantes: L'enquête publique, un mois décisif pour le nouveau CHU sur l'île de Nantes
SANTE•Les Nantais sont invités à donner leur avis jusqu'au 26 avril sur ce projet contestéFrédéric Brenon
L’enquête publique préalable à la construction du nouveau CHU sur l’île de Nantes s’ouvre ce lundi. Jusqu’au 26 avril, les habitants sont invités à s’informer et à donner leur avis sur ce projet colossal estimé à un milliard d’euros. Ce qu’il faut savoir.
Les grandes lignes du projet
L’objectif est de regrouper les hôpitaux Hôtel-Dieu, Mère-Enfant et Laënnec en bord de Loire, au pied du pont des Trois-Continents, sur une partie de l’ancien marché d’intérêt national (MIN). Une nouvelle faculté de santé serait construite juste à côté, de même que l’institut de recherche en santé. Les hôpitaux Saint-Jacques, Bellier et Beauséjour, eux, ne déménageraient pas. L’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO) non plus. Deux nouvelles lignes de tramway desserviraient le nouvel ensemble de 10 hectares dont l’ouverture est prévue pour 2026.
La conception du nouvel hôpital
Résolument bas (six étages maximum), ouvert et étalé, le futur CHU tranchera considérablement avec les actuels bâtiments imposants de l’Hôtel-Dieu et de Laënnec. L’hôpital sera en effet constitué d’une quinzaine d’îlots reliés par des passerelles et des allées piétonnes. L’îlot central, qui accueillera le plateau technique (imagerie, blocs opératoires), sera le plus grand mais aussi le moins haut (trois étages). La capacité en lits sera nettement diminuée : 2600 lits aujourd’hui contre 1384 en 2026. Les places de parkings, positionnées surtout en sous-sol, seront plus nombreuses.
Les arguments des partisans
L’objectif du nouveau CHU est de regrouper les activités afin d’améliorer sa performance. Son organisation et ses équipements ultramodernes devront également lui permettre de « mieux répondre aux évolutions de la médecine », notamment le développement de l’ambulatoire. Concernant le choix du site, les porteurs du projet, au premier rang duquel figurent l’Etat et la ville de Nantes, avancent comme arguments la centralité du site à l’échelle métropolitaine, la proximité du pôle logistique Saint-Jacques et de plusieurs laboratoires de recherche, ou encore la facilité de desserte en transports en commun.
Les arguments des opposants
Si la volonté de construire un nouvel hôpital n’est pas critiquée, c’est le choix de l’île de Nantes qui est contesté. Notamment par les élus de droite. Ils reprochent au site d’être difficile d’accès par la route, d’être en zone inondable, d’être difficile à construire en raison de la nature des sols, d’être sous-doté en stationnement ou d’être positionné trop près des urgences de la clinique Le Confluent. « Ce choix est complètement aberrant. Il n’y aura aucune possibilité d’extension. Dans une métropole aussi attractive, on risque d’être rapidement dépassé », s’alarme Marc Reneaume, conseiller municipal du groupe Union de la droite et du centre. L’élu milite, comme d’autres, pour un regroupement à Saint-Herblain, sur le site de l’hôpital Laënnec, où le CHU détient déjà près de 50 ha de terrains. Tout aussi remonté, le syndicat CGT, lui, s’inquiète particulièrement de la future capacité en lits qu’il considère « largement insuffisante ». « Tous les services ont déjà du mal à trouver des lits. Avec une population qui va augmenter et, surtout, vieillir, on va droit dans le mur », estime Olivier Terrien, secrétaire de la section CGT.
L’enquête publique peut-elle changer la donne ?
L’enquête publique ouverte jusqu’au 26 avril porte sur « l’intégration du projet dans son environnement ». C’est sur cette base que la commission d’enquête produira ses conclusions. Mais les opposants ne baissent pas les bras. « Tout semble déjà ficelé. On a l’impression que cette enquête ne sera qu’un grand cinéma. Mais on va se mobiliser. Il faut que les Nantais s’investissent », réagit Olivier Terrien. « Le permis de construire n’a pas été délivré, les travaux n’ont pas commencé. Rien n’empêche d’imaginer le CHU ailleurs », est convaincu Marc Reneaume. La direction du CHU et Nantes Métropole répètent, eux, que la communauté hospitalière prépare ce transfert depuis dix ans et qu’il n’y a « pas de plan B ».