Stade Rennais-FC Nantes: Quand Vahid Halilhodzic a réveillé «la belle endormie» rennaise
FOOTBALL•Lors de la saison 2002-2003, coach Vahid est venu à la rescousse des Bretons en perdition en Ligue 1...David Phelippeau
L'essentiel
- Le FC Nantes de Vahid Halilhodzic se déplace, mercredi soir, à Rennes, club dans lequel le Franco-Bosnien a coaché en 2002-2003.
- Coach Vahid était arrivé en pompier de service pour sauver une formation lanterne rouge de L1 après une dizaine de journées.
Mercredi soir, le FC Nantes de Vahid Halilhodzic rend visite au Stade Rennais en 8e de finale de la Coupe de la Ligue. L’entraîneur franco-bosnien retrouve un club qu’il n’a fréquenté que pendant 8 mois. Assez néanmoins pour avoir laissé une image « de rigueur, de droiture », selon Arnaud Le Lan, joueur à l’époque.
Coach Vahid débarque en octobre 2002 en remplacement de Philippe Bergeroo viré. Rennes est dernier après 10 journées de L1. Un peu à l’instar de ce qu’il a fait à son arrivée à Nantes, Halilhodzic dresse un diagnostic déplorable de l’état de santé de son club. Tout cela à l’issue de la première journée d’entraînement. « Les joueurs sont dans un état physique, tactique et psychologique assez critique », lance-t-il à la presse. « C’est sa manière de fonctionner. Il dépeint un tableau noir. Est-ce pour mieux se protéger en cas d’échec ? », s’interroge Le Lan.
Un management militaire ?
« Il avait été très critiqué par le syndicat des entraîneurs, se souvient Bruno Baronchelli, son adjoint de l’époque. Pourtant, il ne visait pas Bergeroo. C’était sa façon de parler. Il cherchait à brusquer les choses. » Quitte à froisser beaucoup de monde. « C’est quelqu’un qui est entier, qui bouge et fait bouger les choses, estime Pierre Dréossi, manager avec Halilhodzic à Lille puis à Rennes en 2002-2003. C’est du Vahid pur jus. Il balance beaucoup de vérités. Il est parfois excessif, mais c’est ce qui fait sa force. » A entendre les différents acteurs de l’époque, Rennes avait besoin d’un sérieux coup de fouet.
« C’était la belle endormie, se rappelle toujours Dréossi. Vahid voulait tenter de réveiller tout ça. » Avec son discours et sa méthode. « C’était le jour et la nuit avec Bergeroo, concède Le Lan. Il y avait eu un vrai changement d’attitude, de manière de s’entraîner. » L’ancien défenseur n’a pas zappé cette préparation d’après Noël effectuée dans la région nantaise. « A la limite de ce qu’on était capables de produire physiquement. Il ne lâchait pas, même s’il nous voyait en grosse difficulté physique… On en bavait, bon, ce n’était pas le goulag non plus. » Katell Lagré, journaliste à Hit West, évoque néanmoins un management « très militaire » que certains observateurs jugent pas tenable sur du long terme. « Il avait des principes, il s’y tenait », ajoute la journaliste.
L’épisode de la PlayStation
Comme cette nuit du mardi 3 au mercredi 4 décembre 2002 (avant une rencontre à Strasbourg) durant laquelle il a surpris Diatta et Reveillère en train de jouer à la PlayStation. « Il a réveillé tout le staff dans la nuit et il nous a expliqué qu’il venait de voir deux joueurs en passant dans le couloir en train de crier, rigoler et jouer à la console, raconte Baronchelli. Vu l’heure et l’enjeu du match, ça ne passait pas. » Le lendemain, les deux joueurs - qui n’ont pas souhaité revenir sur cet épisode - ont été sommés de rentrer à Rennes. « Il l’a annoncé à tout le groupe dans un grand silence. »
Un maintien sur le fil
Une décision prise en concertation avec sa direction et son staff qui avait de quoi surprendre vu le pedigree des deux « punis » et le contexte. « Vahid ne pouvait pas être rigoureux et laisser passer ce genre de choses, explique Dréossi. Il voulait montrer que l’institution était plus forte que ces petites habitudes rennaises de confort. » « C’était couillu de renvoyer deux titulaires, selon Baronchelli. Peu de responsables auraient pris une décision comme celle-la. » Un autoritarisme - pas toujours apprécié des joueurs - qui avait néanmoins permis à Rennes de sauver sa place en L1 lors de la dernière journée.