Nantes: Critiqué, le marché de Noël doit-il être repensé?
ECONOMIE•L'événement, qui vient de rouvrir ses portes, est la cible de critiques de la part des clients comme des exposants. Sont-elles justifiées?Frédéric Brenon
L'essentiel
- Le marché de Noël de Nantes est le plus grand marché de Noël de l'Ouest.
- Il est installé place du Commerce depuis 20 ans. Il est aussi place Royale.
- Comme d'autres marchés de Noël français, il est fortement concurrencé et n'est pas épargné par certaines critiques.
Des milliers de visiteurs ont parcouru ce week-end, entre deux averses, les allées du marché de Noël de Nantes, dont c’était la réouverture. L’événement, qui fête ses 20 ans de présence place du Commerce (il est aussi présent place Royale), est pourtant la cible de critiques nouvelles. Sont-elles justifiées ? Le point.
Un format inadapté à la concurrence ? De nombreux exposants ont le sentiment d’une fréquentation en baisse, à l’heure où l’e-commerce ne cesse de prendre du poids. « Les gens font leurs achats au chaud devant leur ordinateur. S’il ne se renouvelle pas, le marché de Noël est en danger », considère Philippe, vendeur de bouillottes, présent à Nantes depuis environ 15 ans. La montée en puissance du Black Friday dans les grandes enseignes « inquiète » aussi. « Il faut retravailler le concept du marché, suggère Tulfu, vendeur de bijoux. Pourquoi ne pas couvrir les allées ? Ça changerait tout pour les clients. Quand il pleut, ils ne font que passer. »
Des visiteurs font aussi remarquer le coût du stationnement et le manque de toilettes. « Bien sûr que la concurrence existe, estime Louisa, vendeuses d’écharpes et de bonnets. Mais on aura toujours besoin d’un marché de Noël pour animer un centre-ville. » « Je passe chaque année boire un bon vin chaud, regarder les chalets. Ça fait partie de la tradition », confirme Annie-Claude, de Saint-Herblain.
Pas assez d’animations ? De nombreux exposants estiment que les festivités sont « insuffisantes pour attirer les gens » ou simplement « égayer le lieu ». Outre la présence habituelle du carrousel et du Père Noël, le programme de concerts et spectacles semble pourtant copieux. A y regarder de plus près, il est toutefois limité aux mercredis, samedis et dimanches. « Pour certains commerçants, il n’y en aura jamais assez, réagit Annie Bonjour-Bertin, directrice de 2A Organisation, société nantaise chargée de l’organisation du marché. Faire des animations tous les jours, ça a un coût. Il y a aussi des habitations autour. » « C’est un peu monotone tout ça, insiste Michel, un riverain. Même la déco commence à dater. » « C’est surtout du côté de Bouffay que ça bouge maintenant, estime Arnaud, un Nantais. Mais c’est pas un problème, il en faut pour tout le monde. »
Trop d’articles chinois ? « Je m’attendais à mieux. On voit des produits chinois qu’on retrouve sur tous les marchés », regrette Sandrine, visiteuse vendéenne. Une critique récurrente. « Il y a peu de choses artisanales, acquiesce Robin, fabricant pornicais de ceintures, installé depuis trois ans place Royale. On pourrait faire mieux en qualité, mettre davantage en avant les créateurs locaux. Ça permettrait d’attirer une clientèle à fort pouvoir d’achat qui ne vient pas trop sur ce marché. » « Il y a de moins en moins d’articles chinois et une volonté de renforcer le local », répond Annie Bonjour-Bertin. Elle fait remarquer que les exposants ont été renouvelés à 30 % cette année et que 51 % sont des locaux.
Des chalets trop chers ? La location des chalets coûte de 4.750 euros à 8.650 euros hors taxes. « A ce tarif-là, on pourrait avoir des chalets améliorés, au moins étanches », déplore Philippe, le vendeur de bouillottes. L’an dernier, plusieurs exposants avaient confié qu’ils rentreraient à peine dans leur frais. « Le seuil de rentabilité n’est pas facile à atteindre. Il y a une vraie prise de risque », reconnaît Tulfu. « Ça dépend beaucoup des produits, assure 2A Organisation. Si vous avez des produits qui s’essoufflent, le chiffre d’affaires s’en ressentira forcément. » « L’emplacement aussi est important », ajoute Louisa, place du Commerce.
D’après l’enquête réalisée par l’organisation, seuls 60 % des 120 exposants présents en 2017 déclaraient avoir atteint leur objectif. Mais 90 % se disaient « prêts à revenir l’année suivante ». « S’ils reviennent, c’est qu’ils s’y retrouvent », est convaincue Louisa.