VIOLENCES URBAINESDes habitants encore «pénalisés au quotidien» quatre mois après les émeutes

Nantes: Quatre mois après les émeutes, les quartiers n'ont pas encore tourné la page

VIOLENCES URBAINESMême si de nombreuses solutions ont pu être trouvées, plusieurs services et commerces sont encore fermés…
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Plusieurs quartiers nantais ont été secoués par des violences urbaines entre le 3 et le 6 juillet.
  • De nombreux bâtiments, des services publics en particulier, avaient été incendiés.
  • Les délais d’expertises et de travaux sont longs pour les habitants.

Quatre mois après les émeutes urbaines, les habitants ont appris à s’adapter
En juillet dernier, une vague de violences avait secoué les quartiers nantais, à la suite de la mort d’Aboubakar Fofana, tué par un tir de policier au Breil. Visés par des incendies volontaires et dégradations, de nombreux bâtiments avaient été endommagés. Quatre mois après, où en est la situation ?

La plupart des services publics ont rouvert

A Bellevue, la Maison des habitants et du citoyen vient tout juste de rouvrir. A Malakoff, la maison de quartier a déménagé provisoirement dans un immeuble de la rue d’Irlande, de même que l'Espace lecture. A Nantes-nord, la mairie annexe est accessible depuis septembre. Aux Dervallières, où les dégâts sont considérables, la Maison de la justice et du droit est rouverte depuis octobre, la bibliothèque associative a trouvé un local transitoire, la Mission locale assure une permanence au Pôle social. La Maison de l’emploi et la Caisse primaire d’assurance maladie reçoivent, elles, à Bellevue. L’Atelier bricolage des Dervallières est hébergé provisoirement à la Contrie.

« La plupart des services publics ont rouvert, synthétise Myriam Naël, adjointe au maire de Nantes. Les conditions d’accueil ne sont pas optimales, plusieurs services ont dû être repositionnés, mais l’important était d’éviter une longue coupure. Il reste encore la question de la mairie annexe des Dervallières qui doit être réinstallée en février. »

Les stigmates sont encore trop visibles

Côté commerces et activités privées, les situations sont diverses. Si la Poste a pu rouvrir rapidement à Malakoff, si le cabinet médical du Breil a pu être transféré, au moins quatre commerces des Dervallières sont encore fermés. « On le vit mal forcément, confie Huguette, habitante des Dervallières. Ça nous pénalise au quotidien. Et puis on se demande si tous les commerçants vont revenir un jour. » « On y pense chaque jour. Même si on voulait tourner la page, c’est impossible. Tous les bâtiments sont restés là dans le même état, noircis, avec des planches en plus », déplore Soraya, aux Dervallières.

Au Breil-Malville, le cabinet médical et un local associatif offrent un triste visage.
Au Breil-Malville, le cabinet médical et un local associatif offrent un triste visage. - F.Brenon/20Minutes

« On aimerait aller plus vite. Enlever ces stigmates douloureux pour les habitants. Mais les enjeux d’expertises et d’assurances nous obligent à attendre. », justifient Myriam Nael. Pour les dégâts les plus importants, comme la Maison des haubans de Malakoff ou le pôle commercial des Dervallières, il faudra « plusieurs années » avant une réouverture, laquelle passera le plus souvent par une démolition-reconstruction.

Une réflexion sur l’avenir des quartiers

« On n’avait pas réalisé que ce serait si long, soupire Jean-Yves. Ceux qui ont brûlé ça, ils ont condamné leurs familles. Regardez, la place est désertée. Avant ça bougeait ici. » Une voisine préfère positiver. « Bien sûr que c’est dur. Mais les dégâts ont aussi fait ressortir la solidarité entre les gens. Ils se passent plein de choses positives moins visibles dans ce quartier. »

La mairie de Nantes, qui organise des permanences d’informations régulières depuis les émeutes de juillet, promet d’aller à la rencontre des quartiers touchés ces prochaines semaines. « On a dû gérer l’urgence et l’émotion, puis l’accompagnement des commerçants et associations à la rentrée, rappelle Myriam Naël. Aujourd’hui, il est temps de passer à une phase de réflexion pour l’avenir des quartiers, éviter que ces phénomènes de violences se reproduisent. »