Nantes: Des migrants dorment dans le hall des urgences du CHU
SOCIETE•Près de 80 personnes, dont plusieurs enfants en bas âge, ont trouvé refuge dans le hall d'accueil des urgences...Frédéric Brenon
L'essentiel
- Des familles avec enfants, originaires d'Asie mineure, occupent le hall des urgences du CHU de Nantes depuis plusieurs jours.
- La nuit, elles dorment sur des couvertures étalées au sol.
- Elles devraient être prises en charge par l'Etat mais le dispositif d'hébergement est saturé.
MAJ: Les migrants ont quitté le hall du CHU lundi
Voilà déjà près de trois semaines que des migrants rejoignent, à la nuit tombée, le hall des urgences du CHU de Nantes pour se mettre à l’abri. Mais le phénomène s’est amplifié ces derniers jours puisque près de 80 personnes, des familles en majorité, occupent désormais la salle d’attente. Elles ont fui l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Irak ou la Syrie. La journée, leurs sacs et valises sont entassés devant l’entrée, tandis que les enfants tuent le temps, à deux pas des brancards et des malades en attente d’admission. La nuit, elles dorment sur des couvertures, à même le carrelage.
Pas d’impact sur les soins
« On n’a jamais connu une telle situation, explique Guillaume Caro, directeur adjoint du CHU de Nantes. Ça n’a pas d’impact sur le fonctionnement des urgences mais ça perturbe l’accueil. Ça demande aussi un peu de réorganisation, pour le nettoyage et la sûreté par exemple. On garde un œil sur la santé des enfants. On n’a pas les moyens de faire plus. »
Si le CHU rappelle qu’il a une « tradition d’hospitalité », il espère que cette situation, qui « ajoute de la tension à un personnel déjà très sollicité », soit résolue d’ici Noël. « En ce moment, la fréquentation des urgences est raisonnable, indique Guillaume Caro. Mais quand arriveront les épidémies hivernales, les flux deviendront importants. On aura besoin de place. »
Le dispositif d’hébergement est saturé
La préfecture, dont la politique d'asile est la compétence, cherche une solution. Mais elle dit « faire face à une saturation du dispositif d’hébergement dans la région et notamment à Nantes ». Elle affirme que le nombre de places pour demandeurs d’asile a augmenté de 600 % depuis 2015, passant de 868 à 5.194 places supplémentaires. Elle rappelle aussi sa « fermeté quant à ceux qui ne peuvent prétendre ni à l’asile, ni au séjour, ou dont la demande d’asile relève d’un autre Etat membre de l’Union européenne »
Loin de ces considérations, certains patients fréquentant les urgences confiaient dimanche leur « émotion face à la pauvreté de ces familles ». D’autres se montraient moins indulgents, jugeant la cohabitation « inadmissible dans un hôpital ». Pour François Prochasson, l’un des porte-paroles du collectif nantais d’aide aux migrants, c’est « l’inaction de l’Etat » qui est « inadmissible ». « C’est à lui de trouver des solutions. On sait qu’il y a au moins deux autres familles avec enfants qui vivent dans des squats à Nantes et qui n’ont toujours pas été prises en charge. C’est inquiétant car ça veut dire que la situation se dégrade. »