Nantes: La droite attaque la maire au sujet des migrants, Johanna Rolland se fâche
MIGRANTS•Le conseil municipal avait à se prononcer sur la mise à l’abri des migrants. Les débats ont été musclés…Frédéric Brenon
L'essentiel
- Laurence Garnier a reproché à la maire de Nantes d’avoir une politique d’accueil attractive pour les migrants.
- Johanna Rolland a pointé du doigt l’inaction de la chef de file de l’opposition.
- Les deux élues s’étaient affrontées au second tour des élections municipales.
Les élus du conseil municipal de Nantes avaient à voter ce vendredi après-midi une délibération portant sur la prise en charge des migrants du square Daviais. Pas moins de 700 personnes ont en effet déjà été mises à l’abri et nourries par la municipalité, en attendant un relogement plus durable (en cours). Sensible, le sujet a donné lieu à de vifs échanges entre la majorité de gauche et son opposition de droite.
Laurence Garnier (LR) s’est montrée la plus virulente, reprochant à la maire, Johanna Rolland (PS), de contribuer à la venue des migrants par sa politique d’accueil. « Vous portez un discours d’accueil inconditionnel qui explique cette situation. Ce n’est pas responsable vis-à-vis des Nantais, ni même pour les personnes migrantes à la merci des réseaux esclavagistes. Les bonnes intentions ne font pas toujours la bonne politique. »
« Vous n’allez pas barricader toute la ville ! »
La chef de file de l’opposition, par ailleurs vice-présidente du conseil régional des Pays-de-la-Loire, considère que la ville est désormais dans une « posture difficilement tenable ». « Trente à quarante nouveaux migrants arrivent chaque jour sur ce territoire, soit 1.000 par mois ! Que va-t-on en faire ? Vous venez de fermer le jardin des Fonderies où certains voulaient s’installer. Vous n’allez pas barricader toute la ville ! On ne sait pas où on va. »
aMembre de l’opposition, Julien Bainvel (LR) a également reproché à la majorité de ne pas avoir achevé le relogement des migrants avant la date annoncée de « début octobre » et d’avoir agi « dans la précipitation ». « Il fallait créer le rapport de force avec l’Etat pour qu’il assume ses responsabilités. Maintenant, il n’a aucun intérêt à faire un effort », estime-t-il. Sa collègue de groupe, Blandine Krysmann, s’est émue, quant à elle, du maintien à Nantes des déboutés du droit d’asile et du sort réservé aux autres « personnes de la rue ». Tous ont préféré ne pas participer au vote.
« Quand on ne fait rien, on ne donne pas de leçon »
Une abstention et des reproches qui ont fait bondir la maire de Nantes. « Mme Garnier, vous ne pouvez pas vous cacher sur ce sujet, se fâche Johanna Rolland. Vous êtes vice-présidente de la région, où est-ce que vous étiez cet été quand on a ouvert un premier gymnase ? Vous auriez pu proposer des solutions mais vous n’avez pas bougé. Quand on ne fait rien, on ne donne pas de leçon. »
Johanna Rolland a également répondu sèchement à Julien Bainvel. « A un moment donné, quand ça fait des semaines que ça dure, oui, j’assume d’avoir fait primer la dimension humaniste sur la bataille politique. » Soutenue par ses adjoints, tout aussi remontés oralement, la maire de Nantes a répété. « J’ai pris un engagement de mise à l’abri de l’ensemble des personnes du square Daviais, cet engagement sera tenu. Je remercie les Nantais pour leur patience. Je remercie celles et ceux qui se sont mobilisés. Ils ont donné le plus beau visage de notre ville. »
La dépense de près de 4 millions d’euros pour accompagner le dispositif de mise à l’abri des migrants a finalement été approuvée par une large majorité d’élus.