Loire-Atlantique: Les Folies Siffait, une énigme fragile à visiter
PATRIMOINE•Habituellement fermé, l’étonnant site du Cellier ouvre ses portes chaque week-end jusqu’au 14 octobre…Frédéric Brenon
L'essentiel
- Le site des Folies Siffait, à une vingtaine de kilomètres de Nantes, était interdit d’accès depuis plus de dix ans en raison de sa fragilité.
- L’ouverture des visites sur inscription pour le mois de septembre a suscité un tel engouement que des visites guidées supplémentaires ont été ajoutées en octobre.
- Le site est tombé à l’abandon à la fin du XIXe siècle. Et la nature a repris ses droits, colonisant une bonne partie des ruines.
C’est un site énigmatique, tant par son aspect que par son origine. Et c’est sûrement pour cela qu’il fascine autant. Chaque week-end de septembre, le conseil départemental de Loire-Atlantique donne la possibilité au public de visiter les Folies Siffait, au Cellier. Cet endroit méconnu, à seulement une vingtaine de kilomètres de Nantes, était interdit d’accès depuis plus de dix ans en raison de sa fragilité.
Sa réouverture sur inscription a suscité tellement d’engouement (près de 3.000 inscrits) que toutes les visites affichaient complet dès la fin août. Des visites guidées supplémentaires vont donc être ouvertes pour octobre !
« Impressionnant et étonnant »
Mais de quoi parle-t-on au juste ? D’une forteresse ? D’un parc ? D’un belvédère ? Un peu tout cela à la fois? Bâties entre 1816 et 1830, les Folies Siffait sont une œuvre curieuse réalisée par Maximilien Siffait, un haut-fonctionnaire tombé amoureux des bords de Loire lors d’un voyage d’affaires. Autodidacte, ce Bonapartiste a fait construire à flanc de coteaux une succession de 39 terrasses reliées par des escaliers et agrémentées de tourelles, murets et niches en pierres sèches.
« C’est impressionnant et à la fois étonnant. Il n’y a pas de grand-chose de rationnel », constate Christophe, qui découvre le site. « Je ne m’attendais pas à autant de dénivelé [70 m de haut en bas]. Le panorama sur le fleuve est époustouflant », s’étonne Marjorie, venue de Saint-Herblain.
La nature a repris ses droits
La raison de tous ces travaux est aujourd’hui encore inexpliquée. « L’une des hypothèses est que Maximilien Siffait voulait bâtir un endroit romantique pour exprimer la passion amoureuse qu'il éprouvait pour sa femme. On dit aussi qu’il voulait laisser un héritage à ses enfants. Mais aucun plan de construction, ni lettre expliquant son intention, n’ont jamais été trouvés », rapporte l’un des guides du conseil départemental.
En 1830, Maximilien Siffait céda son œuvre à son fils, Oswald, alors passionné d’arboriculture. On lui doit la plantation d’arbres remarquables étrangers à la région (cèdre de l’Atlas, figuiers, catalpas, marronniers d’Inde..) et l'ajout de pagodes asiatiques, lesquels renforcent le mystère du lieu. Puis le site est tombé à l’abandon à la fin du XIXe siècle. Et la nature a repris ses droits, colonisant une bonne partie des ruines.
Des visites libres, un jour?
« Ce lieu est une très belle surprise. Ce serait bien qu’on puisse le redécouvrir librement et accéder à davantage de terrasses », confient Claire et Jérôme, de Champtoceaux, à l’issue de la visite guidée. Propriété du conseil départemental depuis 2007, les Folies Siffait ont été partiellement restaurées. Mais il faudrait encore plus de 3 millions d’euros de travaux avant d’y autoriser, un jour, des visites libres de manière sécurisée.