Nantes: Il tient le dernier vidéoclub des Pays-de-la-Loire
NOSTALGIE•Daniel Lecoindre est gérant du «Dan Vidéo Club» au Loroux-Bottereau. C'est l'un des derniers en France, le dernier en région Pays-de-la-Loire...Quentin Burban
L'essentiel
- Daniel Lecoindre tient son vidéoclub au Loroux-Bottereau depuis 1992.
- Son activité résiste à l'explosion du streaming et du téléchargement sur Internet
- Il ne reste plus qu'une cinquantaine de vidéos clubs en France.
A l’ère du numérique, les vidéoclubs ont disparu aussi vite qu’ils sont apparus. En région Pays de la Loire, il ne reste plus qu’une seule boutique à survivre, au Loroux-Bottereau, commune de 8.000 habitants à l’est de Nantes. La musique country, un drapeau et des slogans à la gloire des Etats-Unis, Star Wars en diffusion sur un petit écran et puis 9.000 DVD et Blu-Ray en location… Bienvenue dans le monde de Daniel Lecoindre dit « Dan » où l’on s’accorde une parenthèse hors du temps.
Ce quinquagénaire est propriétaire du « Dan Vidéo Club » depuis 1992. Il a vu tout un secteur s’effondrer. « En France, on est passé de 4.800 vidéos clubs au début des années 2000 à une cinquantaine aujourd’hui, déplore Daniel Lecoindre. Avec l’essor d’Internet, les gens veulent consommer rapidement. Certains regardent les films en streaming et cela même si la qualité est mauvaise. Ça me fait mal parce qu’un pan de l’activité de loisirs est en train de disparaître mais je me dis aussi qu’il faut que je continue à me battre. »
Ouvert « 68 heures par semaine »
Véritable encyclopédie du cinéma, ce fan de Clint Eastwood qui « regarde un film par jour » fait le dos rond en se montrant omniprésent au travail.
« Je suis ouvert 68 heures par semaine, affirme celui qui a vécu sept ans en Floride. Je ne peux pas me permettre de fermer le magasin. Aux Etats-Unis, j’ai connu un système où l’on travaille tout le temps. J’ai pris l’habitude et cela permet à mes clients de venir chercher des films tôt le matin et tard le soir. J’ai réussi à construire un lien avec eux tout en conservant cette image un peu rétro que renvoie ce magasin dans notre société moderne. »
« Moins cher que la VOD »
Attirés par l’ambiance atypique du lieu, les clients ont aussi confiance en l’expertise de « Dan ». « Lorsqu’une personne vient pour la première fois, j’étudie ses centres d’intérêt en lui posant beaucoup de questions, affirme-t-il. Il faut cibler le bon film très rapidement. Si mes clients viennent, c’est parce qu’ils veulent passer une bonne soirée. Je suis le garant de cela. »
Un trimestre après la sortie d’un film au cinéma, Daniel Lecointre dispose de sa version DVD dans « son magasin ». D’Un vent de liberté de Behnam Behzadi à Otez moi d’un doute de Carine Tardieu en passant par Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson, il y en a pour tous les goûts. « En plus je suis moins cher que la vidéo à la demande (VOD) ! rigole-t-il. Les clients ont le DVD 48 heures pour 3,40 euros. »
« Les gens aiment le magasin parce qu’ils s’évadent dans mon univers, estime « Dan ». Certains viennent alors qu’ils pourraient regarder le film sur Internet. D’autres habitent désormais hors de la région mais n’hésitent pas à venir me dire bonjour quand ils sont de passage. Ils veulent s’assurer que je suis toujours là. C’est là que je me dis que j’ai gagné mon pari en étant présent dans une étape de leur vie. »