Nantes: L'imposant et hideux bâtiment Cap 44 doit-il être démoli?
URBANISME•L'immeuble de cinq étages se situe entre la Loire et le futur site de l'Arbre aux hérons...Frédéric Brenon
L'essentiel
- L’immeuble de bureaux masque partiellement la vue sur le fleuve depuis la carrière Miséry.
- Conçu en 1895, le bâtiment était l’un des premiers au monde construit avec une structure en béton armé.
- Ses défenseurs rappellent sa valeur historique et pensent qu’il pourrait être utile une fois réhabilité.
Quand on se balade sur les hauteurs de la butte Sainte-Anne, du square Maurice-Schwob en particulier, il est difficile de rater l’immeuble Cap 44. Ses cinq étages de 60 m de long couverts d’un bardage bleu-gris imposent leur présence en bord de Loire. Outre sa laideur, le bâtiment de bureaux partiellement inoccupé pose aujourd’hui problème car il se situe tout juste en face de la carrière Miséry, là où doit voir le jour l’ambitieux projet touristique de l’Arbre aux hérons.
La ville de Nantes s’interroge donc sur son devenir et a décidé de soumettre à la concertation publique trois hypothèses : le statu quo, la destruction ou une réhabilitation contemporaine. En parallèle d’une réunion publique jeudi soir (18h30 au centre des Salorges), les Nantais sont invités à donner leurs avis en ligne.
Il « cache la vue sur la Loire »
Dans le quartier Chantenay-Sainte-Anne, on trouve peu de défenseurs de l’immeuble. Comme presque tout le monde, Michel trouve qu’il « cache la vue sur la Loire », tandis qu’Estelle « attend la disparition de cette verrue avec impatience ». Les créateurs de l’Arbre aux hérons, Pierre Oréfice et François Delarozière, sont du même avis.
Mais le débat est plus complexe qu’il n’y paraît quand on s’intéresse à l’histoire du lieu. Construit en 1895, le Cap 44 était en effet à l’origine une importante minoterie (Les Grands moulins de la Loire) et l’un des premiers bâtiments européens érigé avec une structure en béton armé selon le procédé Hennebique.
« Une démolition n’apporterait que du vide »
« C’est un bâtiment emblématique connu dans le monde entier. C’est aussi un témoin du passé industriel de la ville, au même titre que les Nefs de l'île de Nantes par exemple », assure Arnaud Biette, président du Collectif des associations du patrimoine industriel et portuaire nantais, qui milite pour la sauvegarde du Cap 44.
« Une démolition coûterait cher et n’apporterait que du vide, s’alarme Arnaud Biette. A l’inverse, s’il est réhabilité, débarrassé de son bardage bleu qui n’a aucune valeur patrimoniale, ce bâtiment peut offrir de la surface pour des activités touristiques et culturelles. On peut aussi imaginer un toit terrasse avec une vue exceptionnelle sur le fleuve. » Bernard Reichen, l'architecte en charge du renouvellement urbain du quartier Bas-Chantenay, considère, lui aussi, qu'il est possible de réhabiliter le bâtiment en révélant sa structure d'origine tout en l'allégeant de deux étages.
Réflexion faite, certains riverains y verraient bien des cafés, « un restaurant panoramique », une « salle d’exposition » voire « l’emménagement d’un musée Jules Verne plus grand et plus attirant ». « Mais une vue dégagée, avec des voiliers amarrés au quai, ce serait quand même plus chouette », estime Eric. La décision de la mairie sera rendue cet été.
Tout aussi laid que le Cap 44, le garage voisin, en bord de Loire, a vocation à être démoli.