Nantes: A deux ans des élections municipales, qui pour succéder à Johanna Rolland?
POLITIQUE•Les maires viennent de boucler la première partie de leur mandat. A deux ans des élections municipales, «20 Minutes» se demande quelles sont les forces en présence à Nantes…Frédéric Brenon
L'essentiel
- Johanna Rolland (PS) est candidate à sa propre succession.
- La droite nantaise, emmenée par Laurence Garnier, mise sur la stabilité pour l'emporter.
- La stratégie de La République en marche est encore incertaine.
Qui succédera en mars 2020 au Parti socialiste, au pouvoir depuis près de 30 ans à Nantes ? A gauche, la maire socialiste, Johanna Rolland, a annoncé sa candidature en septembre dernier. Fort d’un bilan jusque-là plutôt « encourageant », de projets urbains déjà engagés pour le mandat suivant, d’une ville plus attractive que jamais, son camp envisage l’échéance municipale avec « sérénité ».
« On ne se pose pas trop de questions, on est derrière Johanna », assure l’un de ses adjoints. « Les signaux ont rarement été aussi positifs, ose un élu expérimenté. L’économie est repartie, l’immobilier marche fort, énormément de projets ont été lancés, les bases du prochain mandat ont été posées… La manière de faire aussi a changé. Franchement, ça se passe bien. »
Laurence Garnier repart au combat
A droite, on mise, pour une fois, sur la stabilité pour emporter l’alternance. Défaite au second tour aux municipales 2014, Laurence Garnier (LR) repart au combat avec une expérience de vice-présidente au conseil régional en plus et davantage de critiques contre la majorité dans sa besace. Hausse des impôts [ de la métropole], « promesse de renouvellement des pratiques inaboutie », « idées reprises à l’opposition » sont principalement pointées du doigt.
« Avec l’abandon de l’aéroport, on voit bien que la dynamique de Nantes est en train de s’essouffler. On est dans une forme de continuité molle de ce qu’a initié Jean-Marc Ayrault. La ville est un paquebot qui vit sur sa lancée. On a besoin de la relancer pour être à la hauteur des enjeux de demain », estime Laurence Garnier.
La République en marche dans l’embarras
La principale inconnue de l’élection réside dans ce que fera La République en marche. Les caciques du mouvement poussent pour une liste autonome. Johanna Rolland est jugée peu « Macron compatible » et la volonté d’ancrage territorial de la majorité présidentielle peut difficilement faire l’impasse sur la sixième ville de France. « Il y a une attente », reconnaît Valérie Sauviat-Duvert, référente d’En Marche ! en Loire-Atlantique.
Mais l’hypothèse est loin d’être évidente. Car plusieurs élus En Marche ! ou sympathisants font partie de la majorité actuelle. Et ils ne cachent pas leur embarras. « Des points de désaccord avec Johanna Rolland, clairement, il n’y en a pas des masses, confie Mounir Belhamiti, conseiller municipal (LREM). Elle est suffisamment innovante, tant sur ses valeurs que sur la méthode, pour rassembler en bonne intelligence. Après, il faudra aussi qu’elle s’affranchisse des vieux appareils. Tous les scénarios sont possibles. » « Rien n’est figé, assure, elle aussi, Valérie Sauviat-Duvert. Si on le décide, on est en capacité de positionner une liste purement LREM, sans aucun problème. On ne fait d’appel du pied à personne. C’est le projet qui nous guidera. Pour le moment, nous sommes observateurs. »
Quelle tête de liste si ce n’est pas de Rugy ?
Se posera aussi la question de la personnalité tête de liste. Si les noms de la députée Valérie Oppelt, du conseiller municipal d’opposition Hervé Grelard ou de la députée MoDem Sarah El Haïry sont murmurés, aucun ne bénéficie de la notoriété d’un François de Rugy, lequel s’est retiré de la course fin février en déclarant préférer se concentrer sur l’Assemblée nationale. « On a prouvé aux dernières élections que le nom n’était pas l’essentiel. C’est le projet qui compte », insiste Valérie Oppelt, qui rapporte être une « amoureuse » de la Cité des ducs et dit rejoindre Johanna Rolland sur « pas mal de choses intéressantes ».
A gauche, comme à droite, on observe l’incertitude LREM avec prudence. « On attend de voir, résume un adjoint socialiste. Je pense que la porte est ouverte à ceux qui voudraient venir. La gauche nantaise a toujours cherché à rassembler le plus largement possible. C’est ce qui a fait son succès. »
« On ne peut pas dire aujourd’hui dans quel sens ça va jouer, s’interroge Laurence Garnier. Le mouvement d’Emmanuel Macron a une approche hyper centralisatrice des dossiers alors que les enjeux des municipales sont, au contraire, très territoriaux. En Marche ! n’est pas du tout en prise directe sur ces questions. »
La France insoumise fera parler d’elle
Quant à La France insoumise, moins visible sur Nantes qu’au plan national, mais dont le travail de terrain n’échappe pas à la majorité socialiste, elle aura son mot à dire, comme ses candidats l’ont démontré il y a un an aux élections législatives.
Plutôt discret localement, le Front national tentera, lui, de faire mieux que les 8% récoltés en 2014 par Christian Bouchet, lequel a depuis quitté le parti. Il misera notamment sur les «revers» de l'attractivité nantaise (problématiques de sécurité, accueil des migrants).