Nantes: La nouvelle concertation pour le projet YelloPark est-elle vraiment utile?
URBANISME•Le grand public est invité à donner son avis sur le projet de nouveau stade et de nouveau quartier à la Beaujoire…Frédéric Brenon
L'essentiel
- Le projet YelloPark vise à construire un nouveau stade de football, mais aussi des logements, des commerces, des bureaux ou une école.
- Le projet est co-financé par le président du FC Nantes, Waldemar Kita, et par le groupe immobilier Réalités.
- La concertation se déroule du 21 février au 19 avril 2018.
Cinq mois après la présentation officielle du projet YelloPark (nouveau stade du FC Nantes associé à des logements et activités à la Beaujoire), trois mois après le lancement d’une concertation préalable, une nouvelle phase de concertation débute ce mercredi pour une durée de deux mois. Ce qu’il faut savoir.
Pourquoi une nouvelle concertation ? La première phase de concertation était pilotée par les porteurs du projet, à savoir le FCN et le groupe immobilier Réalités. Mais, exposés à de vives critiques sur leur légitimité à organiser le débat, les maîtres d’ouvrage ont décidé de solliciter l’appui de la Commission nationale du débat public (CNDP). Cette autorité indépendante, habituellement saisie en amont de projets d’aménagement d’intérêt national, a pour mission de vérifier que les citoyens soient bien informés d’un projet et que leur point de vue soit bien pris en compte dans les décisions. Deux garants ont été nommés pour veiller aux débats. « Notre rôle c’est indépendance, transparence et objectivité », résume Serge Quentin, l’un des deux représentants de la CNDP.
A qui s’adresse le débat ? A tout le monde ! Aux supporters et partenaires du FCN souhaitant donner leur avis sur le nouveau stade, son musée, ses parkings. Aux riverains, commerçants, associations ou futurs habitants s’intéressant au projet urbain qui lui est associé. Ils pourront dire ce qu’ils pensent sur les services publics de proximité, le stationnement, l’animation économique, l’intégration environnementale, les déplacements, les emplois… « Tout le monde focalise sur le projet de stade mais on est garants d’un projet urbain dans lequel s’insère ce stade. On veillera à cet équilibre », précise Jean-Pierre Tiffon, l’un des deux garants.
Comment cela va-t-il se passer ? Trois réunions thématiques sont prévues jusqu’au 19 avril, de même que cinq ateliers thématiques. Les garants auditionneront également les personnes et collectifs ayant déposé en ligne un avis écrit et motivé. « On a bien compris qu’il y avait beaucoup de passion, mais on attend avant tout des arguments », insiste Jean-Pierre Tiffon. A l’issue des deux mois, la CNDP rendra un bilan sur le déroulé des échanges et leur synthèse. Mais elle n’émettra pas d’avis sur le fond. « Les garants sont des facilitateurs. On fera en sorte que cette concertation soit constructive, qu’elle apporte des éléments. Mais n’attendez pas qu’à la fin nous arbitrions », prévient Serge Quentin.
Le projet peut-il vraiment évoluer ? Quand on sait que Nantes métropole a déjà averti qu’elle ne dépenserait pas un euro, qu’elle lie la vente du terrain au respect d’un certain nombre de règles, que l’architecte du projet urbain (Dominique Perrault) et celui du nouveau stade (HKS/ATPS) ont déjà été nommés, que l’esquisse de la nouvelle enceinte sera dévoilée fin mars, le grand public est légitimement en droit de se demander si tout n’est pas quasiment joué d’avance. Pas du tout, promet le PDG de Réalités. « On tient absolument à ce que les échanges aboutissement à une coconstruction, qu’ils viennent enrichir le projet, qu’on puisse entendre de belles idées et les intégrer. Tout ce qui sera possible d’intégrer, on le fera. On serait bêtes de s’en priver et on nous le reprocherait. La pré-concertation a d’ailleurs déjà servi à faire évoluer le projet. » Yoann Joubert précise toutefois. « On ne pourra évidemment pas tout prendre en compte. Beaucoup de demandes s’opposent. Certaines ne sont pas faisables techniquement. »
Les alternatives au nouveau stade ont-elles perdu d’avance ? Le FCN a répété à plusieurs reprises avoir renoncé à réhabiliter l’actuel stade de la Beaujoire pour des raisons pratiques et financières. Un choix contesté par plusieurs associations et par l’architecte de la Beaujoire. « Tout est sur la table, assure Yoann Joubert. Réhabilitation, stade neuf, ne rien faire… On va tout écouter, on va aller au bout. Si le bon sens allait vers un stade réhabilité, que le club considère que c’est le mieux, que la démonstration est faite que c’est dans son intérêt, il ira dans ce sens. Rien n’est exclu. On n’est pas dans une posture. » Le président du FCN s’est montré, de son côté, nettement moins ouvert à une remise en cause du projet initial. « Rien ne nous fera renoncer, déclare Waldemar Kita. Je pense que tout sera comme on l’a envisagé. Ce serait une grosse déception. Et un frein économique pour la métropole. »
Que se passera-t-il après ? « Une fois le rapport de la CNDP présenté, la pratique veut que le maître d’ouvrage présente ses enseignements puis ses engagements », expliquent les deux garants. Le projet définitif pourrait être dévoilé à la rentrée de septembre 2019. L’acquisition des terrains s’effectuerait début 2019. Le démarrage des travaux du stade est prévu pour la fin d’année 2019. La livraison du stade, des commerces et premiers logements est envisagée pour la fin 2022. L’objectif fixé par la métropole est de pouvoir accueillir des matchs de la Coupe du monde de rugby en 2023.