Nantes: Il y a 300 ans, la place du Bouffay était ravagée par un incendie
PATRIMOINE•Ce lundi matin, une opération de pompiers commémorait le tricentenaire de l’incendie du Bouffay, qui a détruit une partie du cœur médiéval de la ville de Nantes…Julie Urbach
L'essentiel
- Le 17 février 1718, les boutiques de la halle du Bouffay, à Nantes, sont parties en fumée.
- Un tragique événement qui a eu un impact dans l'évolution du centre-ville, et dont une commémoration a eu lieu ce lundi matin.
«C’est un exercice ou il y a vraiment le feu ? » Ce lundi matin, certains riverains se sont un peu inquiétés, heureusement pour rien. Pendant deux heures, pas moins de 17 sapeurs-pompiers se sont livrés à un exercice grandeur nature place du Bouffay à Nantes. L’opération, réussie, a permis le sauvetage de quatre personnes prisonnières ou gênées par les (fausses) flammes. « Nous avons pu tester des méthodes d’intervention spécifiques au cœur de ville, détaille le capitaine Benoît Huguet. Ces immeubles sont très difficiles d’accès avec leurs cours intérieures et cages d’escalier très étroites ».
Il y a 300 ans, la fumée qui s’échappait des fenêtres était bien réelle. Car si ces grandes manœuvres ont eu lieu ce lundi, c’est aussi pour commémorer le tricentenaire de l’incendie du Bouffay. « À cette époque, le quartier ne comportait que des maisons à pans de bois, raconte Jean-Paul Gourmelon, vice-président de la commune libre du Bouffay. Il y avait plusieurs échoppes autour de la place du Bouffay, et le 17 février 1718 au soir, le feu a pris dans l’une d’entre elles, un perruquier. » Toutes les boutiques de la halle sont détruites, et l’hôtel des Monnaies est épargné de justesse.
Le corps des pompiers créé
Un événement pas forcément très connu par les Nantais, qui a pourtant agi comme « une prise de conscience ». « Le maire de l’époque, Gérard Mellier, se rend compte que les moyens de lutte contre le feu ne sont pas suffisants, continue Jean-Paul Gourmelon. Et en 1721, c’est la création du premier corps de pompiers, la même année qu’à Paris. Il faut savoir que jusqu’alors cette mission était confiée à des moines ! »
Cet incendie a aussi marqué un tournant dans l’urbanisme de la ville. Les maisons à pans de bois de l’époque médiévale (il en reste quelques-unes rue Bossuet, rue de la Fosse ou rue Beauregard) vont disparaître petit à petit et seront remplacées par des immeubles en pierre de taille, dont la majorité est toujours visible aujourd’hui en centre-ville.
La commémoration continue en juin
Pendant trois jours cet été, d’autres animations viendront commémorer cet événement. Du 15 au 17 juin, la place du Bouffay sera plongée dans l’ambiance du 18e siècle avec des estaminets, découverte des métiers d’antan et défilés en costume d’époque. Un mapping sera projeté sur la façade de la place pour revivre (en 12 minutes) l’événement et la reconstruction du quartier.