Nantes: YelloPark? «Tout cela suggère l’idée qu’il y a des choses à cacher», estime Jean-Pierre Clavier, d'A la nantaise
URBANISME•Organisée par l’asso des amoureux du FCN, une réunion publique sur le sujet s’est tenue lundi soir à Nantes…David Phelippeau
L'essentiel
- Une réunion publique, organisée par A la nantaise, s'est tenue lundi soir, pour décrypter le projet YelloPark.
- L'association des amoureux du FCN demande une concertation sur le principe même du projet.
Ils demandent une concertation publique digne de ce nom sur YelloPark (projet privé visant à construire un stade de football de 40.000 places, environ 2.000 logements, des bureaux, une école, des commerces, un parking… sur le site actuel de la Beaujoire). Lundi soir, l’association A la nantaise (asso des amoureux du FCN)*, qui affirme être « ni pour, ni contre le projet », a rassemblé quelque 150 personnes dans le cadre d’une réunion servant à tenter d’expliquer les dessous de YelloPark. Mais, ce rendez-vous était surtout l’occasion de lancer un message à Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes métropole.
« On veut faire un appel à la concertation en direction de Nantes Métropole, qui jusqu’à présent garde le silence, un silence assourdissant, explique Jean-Pierre Clavier, administrateur de l’association et professeur de droit. Seuls le FCN et Réalités [promoteurs du projet] communiquent. On aimerait entendre le propriétaire du stade qui ne nous dit rien. Et ça, c’est inquiétant. Quand vous avez un projet d’une telle ampleur avec 23 ha de terrain, un stade qui est une figure de la ville de Nantes… on n’en parle pas avant non ? »
Pour l’asso, la concertation, qui a débuté samedi dernier, ne porte que sur « des sujets secondaires par rapport aux enjeux », selon Florian Le Teuff, le président. « Quand sur un dossier de grande ampleur, on ne dit rien et on veut aller vite : ce sont deux ingrédients qui sont très inquiétants du point de vue de la transparence, poursuit Clavier. La concertation dont il est question, c’est celle sur les étapes numéro 2, 3 et 4 du projet, c’est-à-dire des opérations qui auront lieu si le calendrier est tenu dans 2, 3 ou 4 ans. Ce dont nous parlons, c’est d’une concertation sur l’étape 1 [le principe et l’intérêt du projet]. Tout cela suggère l’idée qu’il y a des choses à cacher. »
A la nantaise s’interroge sur de nombreux points : « la nature de l’accord entre Johanna Roland et les porteurs du projet », « son contenu [s’il y en a un] », l’existence ou non « d’un contrat signé avec YelloPark » et les « engagements pris par la présidente de Nantes métropole ».
L’asso n’est pas la seule à se poser des questions. Les commerçants ambulants du stade actuel « se demandent ce qu’ils vont devenir ». « Quand on ouvre une porte, elle se ferme », regrette Jean-Yves Hamon, qui les représente.
Autre inquiétude : celle de l’architecte du stade de la Beaujoire, Berdje Agopyan. « C’est un vrai gâchis si demain on devait être amené à le démolir. Ça serait ridicule. Si le stade n’était plus aux normes, cela ferait longtemps qu’il serait fermé. » L’architecte est formel : « Ce stade, on peut le rénover. On peut augmenter sans souci la capacité du stade actuel de 3.000 places. » Pour une somme avoisinant les 40 millions d’euros, selon lui (contre un coût estimé du futur stade de 200 à 250 millions d’euros).
Dans la salle, à la fin de la réunion, un vote à mains levées se tient. « Êtes-vous favorable à une véritable concertation portant sur le principe et l’intérêt de cette opération ? », annonce Florian Le Teuff. A l’unanimité, la concertation est « votée ».
Julien Bainvel, conseiller municipal d’opposition (Les Républicains), s’abstient, mais soutient la démarche d’A la nantaise : « Je suis favorable à la construction d’un nouveau stade à la place de l’actuel car c’était dans notre programme en 2014 [mais pas dans celui de Johanna Rolland]. Sur un projet urbain comme celui-ci, c’est-à-dire 23 ha de foncier public, on ne peut pas se passer d’une vraie concertation, surtout quand la maire de Nantes nous explique partout qu’il y a une co-construction à la nantaise et que la touche de Johanna Roland, c’est le dialogue citoyen. »
Sollicité ce mardi, Pascal Bolo, premier adjoint au maire de Nantes et vice-président de Nantes métropole en charge du sport de haut niveau, n’a pu être joint.
*A la nantaise est identifiée comme opposante à Waldemar Kita depuis sa création. Jean-Pierre Clavier : « On n’est pas son ennemi. L’association est née dans un contexte difficile pour le FCN et à un moment où le président nantais faisait des choix… Cela a été un point de friction, mais ce n’est pas notre ADN de s’opposer à lui. »