Notre-Dame des Landes: L'aéroport saturé? Qu'en pensent les compagnies aériennes
AEROPORT•Le trafic est en forte croissance à Nantes-Atlantique. Avec l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, les difficultés de fonctionnement vont-elles s'accumuler pour les principales compagnies aériennes?...Frédéric Brenon
L'essentiel
- En forte hausse, le trafic de Nantes-Atlantique va facilement battre son record annuel (4,7 millions de passagers) établi en 2016.
- Le gestionnaire de l'aéroport considère depuis plusieurs années que les conditions d'accueil sont dégradées.
- La plupart des compagnies n'expriment pas de difficultés ressenties.
Depuis plusieurs années, Vinci airports, gestionnaire de l’aéroport Nantes-Atlantique, rapporte une dégradation des conditions d’accueil au sein de l’aérogare en raison de la croissance régulière du trafic. Les journées problématiques dites « de forte densité » (plus de 14.000 passagers) seraient ainsi passées de 6 en 2011 à 151 en 2016.
Malgré ce contexte, la croissance de trafic s’est accélérée en 2017 (+13,7 % depuis janvier) et la tendance semble similaire pour 2018. Alors que le gouvernement vient d'annoncer l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, qu’en pensent les compagnies aériennes opérant des vols réguliers ? Ressentent-elles des difficultés à Nantes-Atlantique ?
« On ne peut plus rester dans cette situation »
Pour Antoine Biton, directeur régional Ouest d’Air France, principal opérateur à Nantes-Atlantique, le « statu quo n’est plus acceptable ». « Ce qu’on veut, c’est un aéroport performant. Mais l’aéroport Nantes-Atlantique, tel qu’il est, ne peut plus accueillir les clients dans de bonnes conditions. Le trafic augmente donc il faut jongler avec un espace réduit. Les conditions ne sont pas optimales en termes d’accueil des passagers, de capacité des salles d’embarquement. On a des difficultés à avoir des salons comme d’autres aéroports régionaux de taille équivalente. Il y a des aménagements à faire, ou un déménagement. Mais on ne peut plus rester dans cette situation. Ça n’a que trop duré. On veut une décision très rapide. »
« On n’a pas de plaintes de clients »
Hervé Kozar, directeur général adjoint de Transavia, la filiale low-cost d’Air France-KLM n’a pas le même ressenti. « On vient d’annoncer une augmentation d’offre de 40 % en 2018. C’est énorme. Et on ne se fait pas de souci quant à la capacité de l’aéroport à absorber cette offre. Le taux de ponctualité, qui est excellent à Nantes, montre que l’infrastructure marche très bien. On n’a pas, aujourd’hui, de plaintes de clients qui nous disent que c’est compliqué, qu’il y a la queue partout, etc. On a des plaintes à Orly, mais pas à Nantes. Si l’accueil était dégradé, on le saurait tout de suite via les réseaux sociaux. »
S’il affirme n’avoir « pas d’avis » sur la pertinence d’un transfert à Notre-Dame-des-Landes, Hervé Kozar précise tout de même que la proximité de l’actuel aéroport avec le centre-ville constitue « un atout pour les clients ». « Maintenant, si on doit changer d’aéroport, on changera », assure-t-il.
« On se posera là où on nous le dira »
Interrogé par 20 Minutes début 2016, François Bacchetta, directeur général d’ EasyJet, ne se plaignait pas non plus. Au contraire. « Nantes, c’est une bonne escale avec une bonne qualité de service. Son positionnement, à la fois près du centre-ville et près de la côte, est très bon. J’ai le sentiment qu’on a de la place pour se développer. On a des vols réguliers, on utilise les infrastructures toute la journée, toute l’année. S’il y peut y avoir des inconvénients, ce n’est pas un sujet pour nous. On fait des croissances à deux chiffres. » Son avis sur le projet de transfert à Notre-Dame-des-Landes ? « C’est très simple : on se posera là où on nous le dira », éludait François Bacchetta.
« Un aéroport extraordinaire qui fonctionne très bien »
Carlos Munoz, PDG de Volotea, n’exprimait, lui non plus, aucune critique sur Nantes-Atlantique lorsqu’on l’a interrogé sur le sujet en 2016. « Nantes-Atlantique est un aéroport extraordinaire qui fonctionne très bien. Nous apprécions travailler ici. Il est, en plus, très bien situé par rapport à la ville. »