SOCIALA Nantes, l'inquiétude monte autour de l'amiante dans la tour Bretagne

Amiante: A Nantes, l'inquiétude monte chez les salariés de la tour Bretagne

SOCIALRisques pour la santé, travaux, évacuation... Des salariés vont participer à une manifestation ce jeudi à 12h30 pour demander des réponses...
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • En février, de la poussière d'amiante a été découverte dans cette tour, qui abrite quelque 800 salariés.
  • Une partie d'entre eux, ainsi que leurs représentants, dénoncent un manque de communication et d'information, alors que de premiers travaux sont en cours.
  • Une manifestation doit se tenir ce jeudi, à 12h30, devant le bâtiment

«J’ai arrêté de fumer, ce n’est pas pour mourir d’un cancer attrapé sur mon lieu de travail ». Comme de nombreux occupants de la tour Bretagne, Marie (prénom d'emprunt) se dit « très inquiète ». Ce jeudi midi, elle a décidé de participer à une manifestation devant le bâtiment, à 12h30, à l'appel de différentes organisations syndicales de Loire-Atlantique.

« Les salariés souffrent, comme nous, du manque de communication des employeurs, assure une représentante du personnel CGT. Nous regrettons de n’avoir que des informations très partielles.» « Psychologiquement, c'est difficile, juge Marie. On nous disait que tout allait bien alors que ce n'était pas le cas. J'ai perdu toute confiance.»

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En février, de la poudre d’amiante avait été découverte par des ouvriers dans ce grand bâtiment de 144 m de haut hébergeant 800 salariés, notamment des agents de Nantes métropole, des Finances publiques et de la Direccte. Après que ces derniers ont exercé leur droit de retrait pour certains, puis ont été relogés pour quelques semaines avant l'été, tous ont finalement dû réintegrer les locaux.

De premiers travaux

Depuis fin août, de premiers travaux sont en cours. Le nettoyage, l'aspiration et le surfactage (un traitement pour neutraliser les fibres d'amiante) des trappes sont menés jusqu’en novembre, avant le remplacement de tous les volets de désenfumage, prévu entre mars et novembre 2018. Mais les syndicats se disent « dubitatifs » quant à l’efficacité des travaux, et surtout quant à la suite des opérations. Rappelons que si l’amiante est confiné, il n’est pas dangereux. Mais il devient toxique dès qu'il se dégrade.

« On veut un état des lieux honnête de la situation, avec la réalisation d’un diagnostic complet », espère Francis Judas, délégué CGT, qui rappelle que « toute exposition d’un salarié à un cancérogène, même minime, est anormale ». La demande sera bientôt formalisée dans une lettre envoyée aux copropriétaires, dans laquelle il sera aussi réclamée la délivrance d’attestations de travail en milieu amianté, en cas de maladies professionnelles. Nantes métropole, qui assure dans une note d'information que « la santé des agents est la préoccupation première de la collectivité », se serait déjà engagée sur ce point.

Une évacuation pendant six mois?

Le combat mené par les salariés de la tour ne devrait pas s’arrêter là puisque de plus grands travaux, qui nécessiteraient l’évacuation complète des lieux pendant six mois, ne devraient être menés que dans les « 3 à 5 ans », selon un premier calendrier. Un chantier qui consisterait notamment à « remplacer les clapets de désenfumages » amiantés. Ils servent à protéger en cas de feu.

« Mais certains n’employeurs ne sont pas pressés, assure un représentant syndical. Ils traînent des pieds parce qu’ils n’ont pas les fonds. Et même si les travaux se font vite, ils ne concerneront de toute façon qu'une partie du bâtiment. C'est choquant, car il s’agit de notre santé. »

Sollicité par 20 Minutes, le syndic de copropriété a répondu qu'il ne souhaitait pas répondre à nos questions.