FC Nantes: «Dans deux ou trois ans, ça va être une obligation d’être européen», selon Waldemar Kita
INTERVIEW•Pour son président, le FC Nantes devra franchir rapidement un cap pour crédibiliser son projet de nouveau stade…Charles Guyard
L'essentiel
- Pour Waldemar Kita, une relégation sportive ne remettrait pas le projet en cause.
- Le chantier du nouveau stade pourrait débuter en 2019 et être opérationnel dès 2022.
Au lendemain d’une réunion avec la maire de Nantes, Johanna Rolland, le patron des Canaris a officialisé ce mardi la construction, d’ici 2022, d’un nouveau stade à la place de l’actuelle enceinte, qui sera rasée. Baptisé YelloPark, ce projet englobe un vaste programme immobilier comprenant, entre autres, de nombreux logements.
Un nouveau stade est un investissement indispensable dans le football d’aujourd’hui ?
Déjà, ce n’est pas du tout une obsession, ni ma fixation personnelle. Chaque chef d’entreprise doit avoir une vision à long terme, il est très important de prévoir. On peut tirer un coup de chapeau à tous les gens qui ont œuvré sur les plans éducatif et sportif, comme Suaudeau et Denoueix, mais malheureusement ils n’ont pas eu, avec eux, une dynamique économique pour aller plus loin. Ce n’est pas un reproche, c’est une observation.
Quelle est votre ambition sportive pour accompagner ce nouveau stade ?
Il faut absolument avoir un nouvel outil de travail qui attirera automatiquement des joueurs de niveau supérieur. Quant à notre centre de formation, qui a été un peu négligé pendant une vingtaine d’années, je pense que les jeunes joueurs viendront beaucoup plus facilement chez nous car il y aura ce nouvel outil de travail.
Concrètement, le FC Nantes doit-il être européen rapidement, d’ici deux ans par exemple ?
Oui, dans deux ou trois ans, c’est sûr, ça va être une obligation d’être européen si on veut avoir ce bel outil qui va nous amener des partenaires, de nouvelles recettes et, surtout, des joueurs ! Le football français devient aujourd’hui très intéressant à tous les niveaux, y compris économique. Il y a de plus en plus de spectateurs dans les stades parce qu’une certaine dynamique s’est installée grâce au PSG, Monaco, Lyon, Nice ou Marseille. On ne peut pas rester derrière tout ça. Je n’aime pas être le wagon, je préfère être la locomotive.
Ça coûte cher d’être européen aujourd’hui ?
Il y a des clubs qui étaient européens et qui n’avaient pas forcément notre budget cette année… Allons-y étape par étape ! Quand je suis arrivé on était en Ligue 2. Puis on a mis des moyens énormes pour remonter, et même avec ces moyens on est redescendu ! Donc il faut surtout se stabiliser.
Le budget est aujourd’hui de 62 millions d’euros. Pour être européen, pourrait-il doubler l’an prochain ?
Non, non pas l’année prochaine ! Il faut s’organiser mieux que ça, revoir toute notre organisation économique, revoir notre manière de travailler, savoir si on ne fait venir que des joueurs de l’extérieur comme cette année ? Il ne faut pas oublier les jeunes non plus… On a besoin de cet outil pour aller beaucoup plus loin, ça fait dix ans que j’en parle, on a perdu dix ans.
Une descente en L2 peut-elle tout remettre en cause ?
Je ne pense pas que ça serait un frein au projet. Je ne dis pas qu’on va finir dans les trois premiers chaque année, mais je suis convaincu que le pain noir qu’on a mangé est désormais derrière nous et même si je suis quelqu’un de positif, tout est prévu de ce côté-là. Et puis le budget du FC Nantes n’a rien à voir avec le stade.
Le prix du stade pourrait s’élever à 200 millions d’euros : d’où viendra l’argent ?
Il faut d’abord un apport personnel avant de travailler sur le projet. Ensuite, on fait appel aux banques, aux investisseurs et on réfléchit à la manière d’amortir tout cela. Quand il y a des projets comme ça, beaucoup veulent s’accrocher au train mais là, on ne peut pas trop en parler pour le moment. Déjà, il fallait attendre l’autorisation de la mairie avec laquelle nous sommes bien en phase. Nous avons accepté ses conditions. C’est le plus beau projet de France ! Moi, ça me donne une vision pour le futur dans les dix à quinze ans au FC Nantes.
Des fonds peuvent-ils provenir de la Chine, où vous faites du business ?
Alors là, pas du tout ! Il n’y a pas d’étranger aujourd’hui, mais on verra par la suite… Je suis la locomotive de ce projet, j’en suis fier, et si, à un moment, des gens s’associent, je suis très heureux.
Quel visage aura ce stade ?
On m’en a proposé plusieurs, mais moi, ce qui m’intéresse, c’est que le stade soit facile, accueillant, sécurisant. Ce qui est important, c’est ce qui se passe à l’intérieur. Tout le reste, c’est du détail. J’ai la chance d’avoir déjà construit plusieurs unités de production dans lesquelles je me suis investi et pour lesquelles j’ai beaucoup discuté avec les architectes.
Quand sera posée la première pierre ?
Le stade doit être fait deux ans avant les JO 2024, et pour les travaux, il y en a pour deux à trois ans. J’espère que le chantier démarrera en 2019.
Souhaitez-vous un stade couvert, comme à Lille ?
J’ai quelques idées très précises pour un stade très pratique, et qui n’existe pas aujourd’hui en France. Il faut que je teste… Le stade couvert coûte excessivement cher ! A Lille, il a coûté au-delà de 400 millions, plus 350 millions pour tous les accès autour… Et combien de fois le ferment-ils chaque année ? Pour moi, ils ont un petit problème mécanique, non ? On va réfléchir pour savoir comment cette arène peut devenir multidisciplinaire.
Comment s’appellera le stade ?
On n’en est pas encore à cette étape mais vous savez bien que parfois on achète le nom d’un stade…
Selon vous, le public vient-il au stade grâce aux équipements ou aux résultats ?
Les deux, je pense.