GASTRONOMIECinq idées reçues sur le muscadet

Cinq idées reçues sur le muscadet auxquelles il faut tordre le cou

GASTRONOMIELe vin blanc star du vignoble nantais reste encore méconnu des consommateurs...
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

Depuis le début de la semaine, l’heure est aux vendanges dans le vignoble nantais. La plupart des grappes récoltées serviront à produire du muscadet. Un vin blanc célèbre qui souffre pourtant souvent d’idées reçues, y compris localement. Vérifications avec Olivier Martin, vigneron et président délégué de la Fédération des vins de Nantes.

Le muscadet, c’est assez mauvais. « On ne peut pas nier l’image très populaire qu’avait le muscadet il y a 25 ou 30 ans. C’était un vin de comptoir peu cher présent dans tous les bistrots. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout justifié. C’est un vin d’une grande diversité : on a des vins jeunes avec l’appellation régionale, des vins perlants de terroir avec les sur lie, des vins très complexes avec les crus communaux. La dégustation au public est le meilleur moyen de faire changer d’avis. J’ai expérimenté à de nombreuses reprises des gens arrivant avec une mauvaise image et finalement surpris par la qualité. »

Le muscadet ne se boit qu’en France. « C’est un vin très bien distribué en France mais on le trouve aussi largement en dehors. Le premier pays consommateur reste, depuis toujours, la Grande-Bretagne. Les Britanniques apprécient l’image jeune et fruitée du muscadet. Viennent ensuite le Bénélux, les Etats-Unis et le Canada, où l’on s’intéresse davantage au haut de gamme. On exporte aussi de plus en plus en Asie, en particulier au Japon. »

Le muscadet se marie uniquement avec les fruits de mer. « Bien sûr, il est idéal pour accompagner l’ensemble de la gastronomie de la mer. » Mais il est également apprécié en apéritif, en dessert, ou avec du fromage de chèvre. « Comme tous les vins blancs, il peut aussi être incorporé dans les sauces, notamment le beurre blanc, ou même les jus de viande. En pâtisserie aussi. Il n’y a pas de limite à l’imagination. »

Le muscadet ne se conserve pas longtemps. « Dans la famille du muscadet, les crus communaux sont clairement des vins de garde pouvant être appréciés jusqu’à 10, 15 ou 20 ans d’âge. Avec des collègues, on déguste régulièrement des bouteilles de 2003 par exemple. Les muscadets sur lie ont, eux, un potentiel de garde de 3 à 5 ans. Un muscadet jeune, lui, doit être consommé dans les 2-3 ans. C’est comme ça qu’il est le meilleur. »

Le muscadet n’intéresse pas les célébrités. Faux. « On en parle positivement dans Le film Le Père Noël est une ordure. Il y a cette réplique de Thierry Lhermitte : "Ne le prenez pas mal Thérèse, j’adore le gewurztraminer mais le muscadet va mieux avec les huîtres." Le Chat de Philippe Geluck est aussi un gros consommateur. On trouve par exemple cette citation : "Un ver de huit pieds s’appelle octosyllabe. Le ver de douze pieds, lui, se nomme alexandrin. Et un verre à un pied, c’est un muscadet !". Pierre Arditi, qui est un grand connaisseur, a récemment félicité la qualité des crus communaux qu’il avait dégustés. Le muscadet tient aussi une place de choix à la carte de plusieurs grands chefs renommés. »

Le Chat de Philippe Geluck adore le muscadet.
Le Chat de Philippe Geluck adore le muscadet. - Le Chat -Philippe Geluck