SOCIETELa rentrée scolaire pas toujours simple des mineurs étrangers

Nantes: La rentrée scolaire pas toujours simple des mineurs étrangers

SOCIETEPlusieurs jeunes migrants arrivés à Nantes sans leur famille ont raconté à 20 Minutes leur parcours scolaire...
Illustration de rentrée scolaire
Illustration de rentrée scolaire - J. Urbach/ 20 Minutes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Le département de Loire-Atlantique prend actuellement en charge 413 mineurs isolés, et «95% des jeunes» suivis obtiennent un diplôme, selon l'association qui accompagne leur scolarisaion.
  • Mais de nombreux ados, exclus du dispositif, demandent eux aussi à aller à l'école.

Comme 276.662 élèves en Loire-Atlantique, il reprendra le chemin de l’école, ce lundi. Mais contrairement à la majorité d’entre eux, il ne rentrera pas le soir chez ses parents pour leur raconter sa première journée au lycée. Boubacar*, 16 ans, fait partie des mineurs étrangers isolés qui affluent toujours plus nombreux en France, et à Nantes.

Si aujourd’hui, il intègre une classe de 2nde « sans trop de stress », le jeune migrant a dû s’accrocher. Comme les quelque 413 autres adolescents, souvent allophones, actuellement pris en charge par le conseil départemental qui, via une association, s’occupe de les scolariser.

« Le premier jour au collège, c’était immense ! Il fallait changer de classe à chaque heure, je me suis perdu pendant une semaine, se rappelle Boubacar. Je n’avais pas le niveau car le programme, par exemple en histoire, n’est pas du tout le même chez moi. Surtout que j’ai commencé bien après tout le monde, en octobre… ».

Objectif brevet

Arrivé de Guinée l’an dernier, le jeune homme a auparavant attendu sept mois « à ne rien faire » dans un hôtel. Il a pu rejoindre à la hâte une classe de 3e, dès qu’il a reçu la réponse positive de sa prise en charge par le département. Car si l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans en France, l’inscription n’est pas automatique. Le temps (appelé « recueil provisoire », qui concernerait actuellement 600 jeunes) pour l’administration et la justice de vérifier l’âge, les papiers, et le niveau de ces ados.

« Un jour, on m’a donné un petit carton bleu ce qui voulait dire que c’était bon pour moi, se souvient Boubacar, qui loge en foyer. Un peu plus tard, quelqu’un m’a dit que je ne serai pas capable d’y arriver. A partir de là, mon seul objectif était d’avoir le brevet. Je l’ai fait et j’en suis fier ».

Meilleur apprenti

Malgré les difficultés, « 95 % des jeunes mineurs isolés que l’on suit obtiennent un diplôme et apprennent le Français, car ils savent que c’est comme ça qu’ils s’en sortiront", se félicite Karine Boussonnière, chef du service éducatif à l’association Saint-Benoît Labre. Le système éducatif public manquant parfois de place et de réactivité, les mineurs isolés sont souvent scolarisés dans des établissements privés. Comme Ousmane*, 18 ans, qui a même obtenu une médaille au concours du meilleur apprenti. Non sans galérer avant cette jolie récompense.

Originaire du Mali, ce garçon ne « comprenait pas tout », quand il est arrivé à Nantes en 2014. Mais il avait une passion, l’électricité. « Sur le plan pratique, j’étais bien, mais la théorie c’était difficile, se souvient celui qui s’exprime désormais de façon bien fluide. J’ai demandé des cours de soutien, que je n’ai pas toujours obtenu. C’est un professeur qui m’a fait confiance, dès la rentrée. J’y repense souvent. Ça me motive pour aller jusqu’au bout. »

« J’aspire à étudier »

Mais tous les jeunes qui gagnent la Cité des ducs n’ont pas le même parcours. Il y a quelques jours, une manifestation sous le slogan « Toujours pas de rentrée pour les mineurs isolés » a réuni une centaine de personnes, au Carré Feydeau. Car si les moins de 18 ans bénéficient dune prise en charge, certains ont vu leur dossier rejeté, car évalués par la justice comme étant majeurs. Ils seraient actuellement 300, un chiffre en constante augmentation, selon l’association Action jeunesse scolarisation.

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Ahmadou*, débouté, se réclame avoir 17 ans dans un mois. « J’ai formulé un recours et en attendant j’aspire à étudier plutôt que de traîner dans les rues », explique calmement ce jeune Camerounais. Grâce à l’association, qui travaille avec certains établissements scolaires privés, l’adolescent va entrer en formation paysagiste à la rentrée. « C’est positif, je respire, confie Ahmadou. Mais j’ai d’autres problèmes, notamment trouver un endroit pour dormir… »

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