VIDEO. Nantes: Les producteurs de lait remettent le couvert pour obtenir une augmentation
AGRICULTURE•Ils bloquent la laiterie Laïta d'Ancenis depuis ce mardi midi...Clément Carpentier
Au pied de la benne, François Guyot guide son collègue dans sa marche arrière avant que celui-ci ne déverse son tas de fumier devant l’entrée de la laiterie Laïta d’Ancenis, près de Nantes.
Cet éleveur de 120 vaches, aussi président de la Fédération Départementale des Producteurs de Lait, organise au mieux le blocage de la coopérative depuis ce mardi matin : « On est au moins là pour 48h et prêt à tenir plus, s’il faut. »
Alors qu’une deuxième benne est vidée, d’autres filtrent les entrées et sorties de l’enceinte : les camions de collectes de lait et les salariés passent, pas les camions de livraison de produits frais. « On n’est pas là pour mettre le "bordel". On est là pour du prix, rien que du prix. Il nous faut une augmentation de cinq centimes », explique Yoann Vêtu, éleveur de vaches laitières à Petit-Auverné. C’est-à-dire, passer de 30 à 35 centimes le litre de lait.
Le prix du beurre les rend fou
Une augmentation devenue « indispensable car on a serré les boulons mais là, il n’y a plus de soupape. Cela fait plus de 1.000 jours que nous sommes en crise », explique au micro de la sono Mickaël Trichet, président de la FNSEA de Loire-Atlantique. Il affirme que le nombre d’éleveurs laitiers est passé de 903 à 792 à la coopérative Terrena en l’espace de cinq ans à cause de la crise.
Mais ce qui énerve, peut-être, le plus ces agriculteurs, c’est de voir le prix du beurre s’envoler ces dernières semaines. « Son prix a augmenté de 200 % depuis un an, et celui du lait seulement de 10 %. C’est inexplicable. On veut une vraie transparence sur les marges jusqu’au produit fini », se désespère Yoann Vêtu. Sur ces questions, la direction de Terrena, qui gère la laiterie Laïta, est restée injoignable ce mardi.
La colère des producteurs pourrait s’étendre
Les représentants de la filière, eux, ont rencontré le ministre de l’Agriculture, Jacques Mézard, toute la journée. À Ancenis, le blocage va au moins durer jusqu’à jeudi midi assure Mickaël Trichet : « On va se relayer même si en ce moment, il y a beaucoup de boulot avec notamment les foins. On a ramené de quoi tenir. On va se battre pour obtenir des prix convenables. »
Pour ça, il peut s’appuyer sur des agriculteurs venus de toute la région Pays de la Loire. Si à Ancenis, ils étaient une quarantaine, d’autres éleveurs sont réunis actuellement sur différents sites en Bretagne (Ploudaniel, Cesson-Sévigné ou encore Yffiniac). Cette fois-ci, ils « ne reculeront pas tant qu’ils n’auront pas eu gain de cause. » Le bras de fer avec la grande distribution pourrait durer beaucoup plus longtemps que prévu…