Nantes: Des jeunes migrants vont exposer leurs dessins pour «être visible»
MIGRANTS•L'exposition se déroule de lundi à vendredi au Pol'n...Clément Carpentier
Au bord de la Loire, Mohammed pose fièrement avec son œuvre. Ce dessin représente pour ce migrant camerounais le long chemin de la justice française pour obtenir un statut légal. De ce lundi à vendredi (14h-18h), il sera visible lors d’une exposition pour le public à Pol’n, rue des olivettes à Nantes.
Un moyen d’échanger avec les autres
Cette association a décidé d’exposer une petite centaine de dessins de migrants mineurs isolés soutenus par le collectif « Dessins sans papiers ». Celui-ci existe depuis un an. « Il est né à Paris. Une bénévole qui laissait régulièrement des rayons et feuilles aux migrants s’est rendu compte que c’était un moyen d’échanger pour eux et de dépasser la barrière de la langue », explique Nathalie le Berre, l’une des membres nantaises.
Depuis, le phénomène s’est développé dans toute la France. Après avoir compilé un livre imprimé à 500 exemplaires (20 euros) avec 200 dessins, les bénévoles passent à l’exposition à Nantes : « On a déjà fait quatre ateliers avec eux notamment à Bouffay ou dans des squares. Ils dessinent ce qu’ils veulent. L’objectif est qu’ils s’expriment. »
Raconter sa vie de migrant
Dans cet espace culturel, il y aura par exemple des œuvres de Mohammed. Arrivé de son pays d’origine fin 2016, il vit aujourd’hui dans des conditions déplorables : sans toit, sans argent. « C’est un moyen d’être visible pour nous les mineurs. On a aucun droit puisqu’aucun statut. Dans ces dessins, j’essaie de raconter notre vie ici. Je parle aussi d’amour, de la solidarité… », confie cet adolescent de 17 ans.
À côté de lui, Elie, 16 ans, a dessiné « l’énorme arbre » sous lequel il dort certaines nuits. Pour ce jeune Guinéen, « dessiner, c’est avant tout reposant. Ça nous permet d’oublier un peu tous nos soucis. On peut aussi expliquer dans quelles conditions, on vit. » Grâce à ce genre d’initiative, ces mineurs isolés espèrent faire avancer leur dossier en faisant parler d’eux « plus que positivement. »
S’organiser pour exister
À Nantes, ils seraient plus de 230 migrants dans cette situation selon le collectif « Dessins sans papiers. » S’ils n’ont aucun droit, ils tentent de s’organiser entre eux avec le soutien des associations. Jospin, 17 ans, a créé le groupe « les mineur-e-s rejetté-e-s solidaire » avec une vingtaine de personnes. Ils tentent de défendre leurs intérêts et parlent avec le milieu associatif en attendant les autorités.
D’ailleurs, lors de cette exposition, à entrée libre (possibilité de faire un don), des cartes postales seront en vente et sûrement des petits livrets avec les dessins. Et puis, le talent de l’un de ces jeunes migrants sera peut-être remarqué. Comme dirait Mohammed, « il y a toujours de l’espoir même s’il est de plus en plus faible… »