FOOTBALLEst-ce ennuyeux pour un club pro d'avoir une réserve en CFA2?

FC Nantes: Est-ce ennuyeux pour un club pro d'avoir une réserve en CFA2?

FOOTBALLA deux journées de la fin du championnat de CFA, les réservistes nantais, qui accueillent Granville samedi, sont en ballottage très défavorable pour le maintien…
Enock Kwateng, professionnel nantais le plus souvent en CFA cette saison.
Enock Kwateng, professionnel nantais le plus souvent en CFA cette saison. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP
David Phelippeau avec J.G, N.S. et J.S-M

David Phelippeau avec J.G, N.S. et J.S-M

L'essentiel

  • La grande majorité des clubs pros de L1 et L2 ont leur équipe réserve en CFA 2
  • Une réserve en CFA 2, est-ce embêtant? Les avis divergent considérablement sur le sujet

Quatre ans après l’avoir quitté, le FC Nantes pourrait retrouver le 5e échelon national. Samedi prochain, à Saupin (18 heures), les réservistes nantais de Philippe Mao vont jouer une partie de leur avenir en CFA contre Granville. A deux journées du terme, ils sont proches de la relégation avec une avant-dernière place au classement. Ils ne sont plus maîtres de leur destin [trois équipes par groupe de CFA descendent en CFA 2 ou National 3 la saison prochaine compte tenu de la réforme des divisions].

Mais, est-ce vraiment dommageable pour un club professionnel d’avoir une réserve en 5e division nationale ? C’est le cas de la grande majorité des clubs de Ligue 2 et Ligue 1. En attendant, les avis divergent selon qu’on interroge les coaches professionnels ou les directeurs de centre de formation visiblement. « Au niveau du cursus de formation, ce n’est pas embêtant, estime Samuel Fenillat, directeur du centre du FCN. Quand un joueur a du talent, il ne reste pas en réserve. » Il y a quelques années, Jordan Vérétout a joué régulièrement en CFA avec les Canaris, ça ne l’a pas empêché de devenir pro et de percer au plus haut niveau.

L’exemple le plus parlant est celui de l’ex-Rennais Ousmane Dembele, qui avant de se révéler, évoluait le plus souvent en CFA 2… « La finalité d’un joueur est de devenir pro et pas d’évoluer en CFA ou CFA 2, poursuit Abdel Bouhazama, directeur du centre d’Angers (le SCO est en CFA 2). Il n’y a aucune connotation négative à évoluer en CFA2… qui est d’ailleurs d’un excellent niveau à entendre certains pros qui y redescendent de temps en temps. » Fenillat admet toutefois que jouer en CFA 2 est plus problématique « au niveau de l’image ».

« C’est plus glorifiant d’être en CFA et ça peut laisser penser que le centre de formation se porte mieux. » Cette saison, à Nantes, la faiblesse quantitative de l’effectif pro n’a pas contribué à aider l’équipe réserve. Quasiment aucun joueur pro confirmé n’est en effet venu en renfort. Philippe Mao, l’entraîneur, a dû s’accommoder d’un groupe extrêmement jeune et de l’absence de joueurs de 23-24 ans capables d’encadrer une formation juvénile. En CFA, la jeunesse ne semble en effet pas faire le poids, « un championnat relevé dans lequel il est difficile d’exister avec des gamins », selon Fenillat.

Le CFA, un niveau bien plus élevé que le CFA 2

« Le niveau CFA est bien meilleur, plus adapté au football professionnel, estime Pascal Dupraz, coach de Toulouse (11e en CFA2). C’est un handicap de ne pas avoir son équipe réserve en CFA. Il y a urgence à monter en CFA. » Ou à y rester selon Christian Gourcuff, entraîneur de Rennes. « Quand l’équipe réserve est en CFA 2, la différence de niveau est quand même importante. Quand on a des garçons de qualité, comme on en a par exemple à Rennes, il est presque impératif de jouer en CFA pour leur formation et leur progression. Des jeunes comme Denis-Will Poha font toute la saison en CFA, et, déjà, ils estiment que c’est insuffisant pour eux. Alors s’ils étaient en CFA 2, ce serait catastrophique ! »

Autre argument en faveur du CFA : les pros, qui reviennent de blessure, préfèrent reprendre au niveau le plus élevé. Thomas Fernandez, désormais dans le staff de Franck Passi à Lille et ancien entraîneur de la réserve de l’OM qu’il a fait remonter du CFA 2 au CFA en 2015 a un avis tranché sur la question : « Remonter, c’était un objectif du club. Une obligation ! On partait du principe que pour aguerrir nos jeunes, il fallait les faire jouer au plus haut niveau possible. Même chose pour les pros qui descendaient chercher du temps de jeu, à l’époque principalement Doria, Fanni sur quelques matchs. A Marseille, c’est aussi une question d’image : comme le PSG, Monaco, Lyon, un grand club se doit d’avoir sa réserve en CFA. » Nantes a deux matchs pour préserver son image.