Présidentielle: Que veulent faire Macron et Le Pen de Notre-Dame-des-Landes?
PRÉSIDENTIELLE•Les deux candidats comptent faire respecter la consultation (favorable au projet) mais chacun à sa manière…Clément Carpentier
L'essentiel
- Emmanuel Macron veut nommer un médiateur.
- Marine Le Pen compte faire évacuer la ZAD.
Le dossier a comme été glissé sous le tapis au moment de l’élection présidentielle. Au final, très peu de candidats se sont exprimés sur le sujet de l’aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes ces derniers mois. Pourtant, les deux finalistes devront gérer ce serpent de mer assez rapidement pour lui trouver une issue. Si, sur le fond, Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont sur la même ligne, c’est sur la forme qu’ils se différencient.
Ils veulent faire respecter le vote démocratique
Tout d’abord, pour la candidate du Front national, il faut noter un revirement à 380 degrés sur le sujet. Longtemps opposée au projet, elle a finalement changé de position car « rien ne peut aller contre une consultation populaire [en 2016] ». Une conversion tardive qui s’expliquerait aussi pour Alain Mustière, de l’association pro-aéroport les Ailes de l’Ouest par son « envie de se faire des zadistes. »
Le candidat d’En marche ! tient à peu près la même position puisqu’il a récemment déclaré : « Il y a eu un vote. Mon souhait est de le respecter et de faire l’aéroport. » Un argument que ne veut pas entendre Julien Durand, agriculteur exproprié. Pour lui, « ce n’est qu’une consultation et non un référendum. Les gens ont juste donné un avis ».
Macron et son médiateur
« Il a des positions à la Macron. C’est-à-dire que l’on entend un peu ce que l’on veut », ajoute Françoise Verchère. La porte-parole du Cédpa (Collectif des élu-e-s doutant de la pertinence de l’aéroport) voit tout de même d’un bon œil la volonté de l’ancien ministre de l’Économie de nommer un médiateur.
Ce médiateur, c’est la grande différence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Reste à savoir ce « qu’il va faire. Quel sera son rôle ? Sa position ? » interroge Julien Durand. Françoise Verchère, elle, se dit « prête à participer à une médiation mais avec des règles claires, une étude objective, un accès à tous les documents et un expert qui nous représente. »
Mais attention, ce médiateur n’est pas censé revoir le projet mais simplement discuter avec les zadistes pour qu’ils quittent les lieux de façon pacifique. Une initiative qui « ne sert à rien, selon Alain Mustière, car on a déjà essayé de discuter avec les zadistes. C’est juste un gain de temps. Je suis convaincu par la volonté d’Emmanuel Macron mais la méthode reste à confirmer. »
Le Pen n’y va pas par quatre chemins
D’ailleurs, la nomination d’un médiateur laisse dire à la porte-parole du Cédpa, qu’il « n’y aura pas d’évacuation sur-le-champ ». Ce qui serait sûrement le cas si Marine Le Pen était élue, car « il n’est pas question qu’un petit groupuscule d’anarchistes fasse céder indéfiniment l’État français », estime la candidate frontiste. Dans ce scénario, les anti-aéroport s’attendent à « voir débarquer les troupes ».
Au bout du compte, les deux candidats veulent faire respecter les résultats de la consultation. En revanche, l’évacuation de la zone pourrait prendre plus ou moins de temps selon le vainqueur de cette élection présidentielle. De leur côté, les pro et anti-aéroport espèrent que leur volonté s’imposera à l’élu(e).