FC Nantes: Ambition, argent, nouveautés, recrutement, supporters... Conceição expose son projet
FOOTBALL•Ce mercredi midi, l'entraîneur portugais a expliqué le projet nantais dans lequel il a décidé de s'investir contractuellement jusqu'en 2020...David Phelippeau
L'essentiel
- L'entraîneur nantais a expliqué pourquoi il avait prolongé son contrat jusqu'en 2020 avec le FC Nantes.
- Sergio Conceição espère garder une grosse ossature de l'effectif actuel.
Il n’aime sans doute pas particulièrement l’exercice, mais il le maîtrise à la perfection. Ce mercredi midi, Sergio Conceição a expliqué lors d’une conférence de presse de près de 35 minutes les raisons de sa prolongation de contrat (jusqu’en 2020). Presque d’emblée, il a rectifié certaines informations sorties dans la presse d’un ton autoritaire - « il n’y a pas quatre entraîneurs qui vont arriver ce sont des conneries [une personne (un physiothérapeute) voire une autre pourraient néanmoins renforcer le staff], comme ce n’est pas vrai les deux millions d’euros par an de salaire » - puis il s’est détendu, a souri, manié l’humour, usé de son charme latin et répété six ou sept fois son mot préféré « magnifique ». Du Conceição dans le texte.
Pourquoi avoir prolongé ?
Je connaissais l’envie de la direction de prolonger mon contrat. Je suis allé à Paris deux jours. C’était fait à 90 % après. L’ambition, le projet que le président m’a présenté ont joué. Je suis bien ici. Un contrat de trois ans, ce n’était pas mal pour moi et mon staff. Mais surtout, l’ambition du club m’a plu. L’année prochaine, il faut faire mieux que cette année…
Mieux que la 8e place actuelle alors ?
Vous êtes terribles (rires). Il faut rester dans le top 10 la saison prochaine, consolider notre place. On va partir avec cette ambition, mais ce n’est pas facile. On va faire une équipe pour aller en Coupe d’Europe, mais être dans les six premiers, ça ne se fait pas d’un jour à l’autre. On commence la saison avec cet objectif, après on va essayer de gagner tous les matches. Mais mettre le palier trop haut au début, ce n’est pas bon.
L’argent a-t-il compté dans votre choix ?
Jamais de la vie c’est l’argent qui a dicté mes choix. J’ai de l’argent maintenant. Je suis né, je n’en avais pas. C’est vrai, ma famille avait beaucoup de difficultés, ça, c’est vrai, mais maintenant après 15 ans de foot professionnel, j’ai gagné un petit peu d’argent. Je suis tranquille maintenant, je n’ai pas besoin du club pour vivre. Après, j’ai signé un bon contrat, c’est sûr, mais je ne gagne pas 2 millions par an. Peut-être 1,99999 (il éclate de rire).
Vous allez changer des choses dans les semaines à venir à la Jonelière ?
Oui, on va changer ici des choses au niveau des infrastructures pour l’équipe pro et pour l’équipe réserve. On doit avoir un espace pour les pros et un espace pour l’équipe réserve. Quand un joueur de l’équipe réserve est appelé en pro, il doit sentir quelque chose de spécial. Ce n’est pas bien qu’il y ait autant de monde dans le même espace. Il y a beaucoup de gens qui n’ont rien à y faire. Parfois, je croise des personnes que je ne connais même pas. Ça doit changer à ce niveau-là. Partout où j’ai travaillé, même les petits clubs, c’était comme ça.
Avez-vous parlé de recrues avec votre président ?
On n’a pas écrit, mais on a parlé. Je lui ai dit qu’on n’avait pas besoin de changer beaucoup l’effectif. On a besoin de six joueurs, il m’a dit qu’il en voulait un peu plus… Normalement, c’est le contraire, c’est l’entraîneur qui en demande plus. On n’a pas parlé de postes. J’ai dans la tête trois ou quatre joueurs que je veux. Cinq ou six vont peut-être partir, c’est normal. On a déjà une base intéressante. Je ne veux pas en changer beaucoup. Je veux vraiment des joueurs qui font la différence. Des recrues fortes.
Le président vous a-t-il parlé d’une enveloppe financière dont vous alliez disposer ?
On n’a pas parlé de chiffres…
Vous devrez faire sans cellule de recrutement (Monterrubio et Ayache qui la composaient ne sont plus là) ?
On va organiser ça car c’est important pour le club. Je sais que quand je suis arrivé des gens sont partis [Monterrubio et Ayache]. Je ne connaissais pas leur travail. C’est important d’avoir quelqu’un qui va voir les matchs en direct… et pas seulement à la télé.
Vous ferez sans directeur sportif ?
Je ne sais pas si Franck Kita a ce rôle. Souvent l’entraîneur passe un message à un directeur sportif qui passe le message au président… Moi, je vais appeler directement le président, c’est plus facile. Le message est le même. Parfois, c’est même mieux de parler directement. Ici, il y a le président, son fils et moi… Je ne pense pas qu’on ait besoin de quelqu’un au milieu.
Voulez-vous garder Gillet (à qui il reste un an de contrat) ?
C’est un joueur sur lequel je compte la saison prochaine.
Avez-vous peur de perdre certains joueurs comme Rongier par exemple ?
Pour moi, les meilleurs renforts sont ceux qui sont ici. Je pense que Rongier par exemple pourra jouer n’importe où dans trois ans. Il n’est pas inférieur aux milieux de terrain du PSG, comme Verratti par exemple. Rongier est quelqu’un qui m’a surpris comme Gillet qui est un joueur de grande qualité… Je ne veux pas perdre des joueurs comme ça, il faut rester avec la base qu’on a ici. Après, s’il y a des grosses offres, je ne pourrai pas empêcher le président de faire une grosse affaire. Vous connaissez le monde du foot…
Êtes-vous sûr de décider seul sur le plan sportif ?
Au niveau de l’équipe, du sportif, le recrutement, c’est moi qui décide. Après, le président dira s’il peut ou il ne peut pas [recruter] donc c’est lui qui a le dernier mot… C’est normal car c’est lui qui a l’argent. Il respecte parfaitement mon rôle et moi je respecte le sien. Pour le moment tout se passe bien. On se respecte. Ce respect vient des résultats. Il n’est pas différent des autres présidents. On s’appelle souvent.
Willy Grondin et Stéphane Wiertelak [qui complètent le staff de Conceição et qui étaient en place avant son arrivée] vont-ils rester ?
Ce sont des grands pros avec beaucoup de qualité. Pour eux, ça a été dur d’être à part au début. Je n’ai rien à dire sur leur travail. On va voir avec eux et le président.
Que pensez-vous du souci entre le club et une grosse frange de fans nantais ? Et pourriez-vous intervenir ?
Si on est ensemble, on est plus forts. Il faut que tout le monde fasse un petit effort pour aller vers l’autre. J’espère que ça va se régler. Si je peux faire quelque chose… Je le ferai toujours pour le bien du club. Quand on voit cette tribune vide lors du dernier match [contre Lorient samedi], j’ai demandé que le club mette des drapeaux et le symbole du club pour l’habiller un peu. Nos supporters sont l’âme du club. Quand les supporters sont passionnés et derrière leur équipe, les joueurs donnent toujours quelque chose en plus. Je suis sûr de ça.