FC Nantes: «Papa, t'as mal, c'est quelqu'un qui t'a tapé»... Consternante fin de match de Gambardella
FOOTBALL•A la fin du quart de finale de Gambardella, qui se tenait dimanche à la Beaujoire, des affrontements ont eu lieu…David Phelippeau
Des scènes de violence inadmissibles, déplorables. Dimanche, le stade de la Beaujoire, qui recevait un quart de finale de Gambardella entre Nantes et Marseille (succès 0-1 de l’OM), a été le théâtre d’affrontements violents. Lundi soir, dans un communiqué, le FC Nantes, qui était organisateur de cette rencontre, « condamne avec la plus grande fermeté ces débordements causés par une minorité d’individus » et « a déposé plainte pour les dégradations subies dans le stade et se réserve la possibilité d’en déposer de nouvelles selon les résultats de l’enquête des services de police ». Retour sur les faits avec de nombreux témoignages.
Que s’est-il passé exactement dans le stade ? Vers 16 h 30, à dix minutes de la fin de la rencontre, l’OM ouvre le score sur penalty. Un joueur marseillais vient célébrer son but avec quelques personnes, qui étaient en tribune. Manifestement, des jeunes de quartiers de Nantes. Des fans de la Brigade Loire ont pris cette manifestation de joie comme une provocation - ont expliqué à 20 Minutes plusieurs supporters présents - et ont alors foncé vers ces jeunes de quartier pour en découdre. Il y a alors eu un grand mouvement de foule dans la tribune Océane, occupée par la plupart des supporters présents dimanche. « Ces jeunes de quartier, qu’on ne voit jamais d’habitude au stade, étaient venus pour se battre, explique un fan nantais. C’était prémédité. Le problème c’est que certains mecs de la BL (une minorité) sont tombés dans le panneau… » « C’était finalement une bagarre entre Nantais, jeunes de quartiers d’un côté et ultras de l’autre ! », résume un autre. Romain Gaudin, porte-parole de la BL, a appelé au calme à plusieurs reprises. La soixantaine de supporters marseillais étaient pour leur part installés en tribune Erdre. Il n’y a eu, selon plusieurs sources, aucun souci avec eux.
Que s’est-il passé à l’extérieur du stade ? Quelques minutes plus tard, de nouveaux affrontements ont eu lieu sur les parkings qui jouxtent le stade. Les deux groupes cités auparavant se sont retrouvés pour en découdre. Des battes de baseball et des poings américains ont été utilisés par les jeunes de quartiers, mais ils l’ont été à l’extérieur du stade et non dans l’enceinte. Un coup de feu aurait même été tiré. Des familles venues au parc des expositions de la Beaujoire, pour la foire internationale, se sont retrouvées piégées au milieu des affrontements. Elles ont été contraintes de se réfugier dans le stade. Il a fallu l’intervention de la police pour disperser tous ces individus.
Le témoignage consternant de Grégoire, battu au sol. Il était venu ce dimanche avec sa femme et ses deux enfants (1 an et 3 ans). Grégoire, 27 ans, était installé avec toute sa petite famille en haut de la tribune Océane, et « pas au milieu ». Il a vécu une fin de match très compliquée. Quand les bagarres commencent en tribune, il retire un extincteur à un jeune de quartier, âgé de 14 ans à peine, qui arrive par une porte derrière lui. « Je lui ai retiré et je l’ai gardé avec moi pour ne pas qu’il s’en serve d’arme, explique Grégoire. Quelques secondes plus tard, d’autres jeunes sont arrivés et m’ont mis par terre. A 5 ou 6, ils m’ont frappé. Ma tête a tapé contre un mur. » Sa femme et ses enfants ont eu le temps de se mettre en sécurité en bas de la tribune. Lundi, Grégoire cherchait à déposer plainte. « J’ai des hématomes un peu partout et je vais aller passer une radio de la main, a expliqué le fan nantais. Ce matin, mon fils de 3 ans m’a dit :"Papa, t’as mal… C’est quelqu’un qui t’a tapé !" ».
Des failles au niveau de la sécurité ? Le match devait avoir lieu à la base à Saupin. La semaine dernière, le FCN décide de délocaliser la rencontre à la Beaujoire « en raison du fort engouement ». 5.600 spectateurs se sont rassemblés dans le stade nantais dimanche (accès gratuit) pour une cinquantaine de stadiers. « Trop peu par rapport à l’événement », selon Pierre, fan présent. Et forcément insuffisant par rapport à ce qu’il s’est passé… Des palpations et fouilles aléatoires ont eu lieu. En revanche, aucune présence policière pour l’événement ! « La sécurité relève de l’organisateur [FC Nantes] et il lui appartient de mettre en place les mesures de sécurité adaptées », a fait savoir la préfecture de la Loire-Atlantique. Le club nantais a expliqué dans son communiqué publié lundi « qu’il prendra ces prochains jours, après avoir rencontré les autorités, des mesures propres à renforcer la sécurité autour des prochains matchs qui se joueront à La Beaujoire, à commencer par la rencontre FC Nantes - Girondins de Bordeaux de dimanche prochain ».