EN IMAGES. Découvrez tout ce qui se cache dans les égouts de Nantes
REPORTAGE•Le réseau d'assainissement de Nantes métropole est long de milliers de kilomètres. On en a visité une petite partie...Julie Urbach
Que devient l’eau de votre bain une fois qu’elle a enfin fini de tournoyer ? Et celle des toilettes, après avoir tiré la chasse ? Figurez-vous qu’on a de bonnes nouvelles au sujet des 120 litres d’eaux usées que les Nantais rejettent chaque jour. Elles se la coulent douce, en compagnie des eaux pluviales, dans l’impressionnant réseau d’assainissement souterrain de la métropole.
Grâce à une étonnante visite organisée par l’Atelier des initiatives, vendredi, on les a retrouvées alors qu’elles rejoignaient leurs stations d’épuration. Et si ça sentait moins mauvais que prévu, car très fréquemment aéré, il y a dans les égouts bien d’autres choses peu appétissantes (mais pas de tortues ninja).
La descente dans les égoûts
Equipée d’une combinaison à la Breaking bad, d’un casque et de grandes bottes, je quitte l’air frais de la place Royale pour descendre doucement (et dans le noir complet) dans un boyau où l’on se penche pour avancer. Je ne suis pas claustro, mais franchement c’est limite. Je pense à la vingtaine d’égoutiers qui y plongent quotidiennement, dès 5h45 du matin.
« Nous sommes pourtant dans les 110 km de réseau visitable, sur près de 4.000 km d’égouts, explique Jérome Godailler, coordinateur au pôle assainissement de Nantes Métropole. Pour les passages plus étroits, nous utilisons des camions hydrocureurs. Des karchers à six têtes ultrapuissantes ! »
Très vite, je comprends à quoi tout ce matériel peut servir. Ma lampe torche à peine allumée, je manque de glisser. Sous mes pieds, si l’eau atteint quelques centimètres, diverses substances, gluantes pour certaines, se mélangent. On distingue des tampons hygiéniques, des mégots de cigarettes, mais aussi comme une couche de papier trempé.
« Ce sont des lingettes que les gens pensent pouvoir jeter alors que ce n’est pas biodégradable, se désole Jérôme Godailler. Avec la graisse et le sable, c’est le produit que l’on retrouve le plus dans le réseau, avec le risque de l’obstruer. Nous en retirons des blocs énormes ! 1.600 tonnes par an… » Charmant.
Un métier à risques
Alors qu’on commence à s’habituer à ce climat chaud et humide, les plaques des rues défilent. Passage Pommeraye, rue Molière… Quelques mètres plus haut, à l’extérieur, un employé nous suit à mesure que l’on progresse. « C’est l’homme de plaque, m’explique un égoutier. Il doit veiller à notre sécurité, nous prévenir en cas de pluie imminente pour que nous puissions sortir avant que le niveau d’eau ne monte trop. C’est un vrai travail d’équipe. »
Mais travailler sous terre comporte d’autres risques. La stagnation de matières organiques peut produire un gaz toxique, qui nécessite le port d’un détecteur. Sans parler du White spirit que vous jetez dans l’évier (rassurez-vous, on l’a tous fait, comme les lingettes dans les WC).
Des désagréments qui ne semblent cependant pas gêner les autres individus qui fréquentent les égouts. Même les appâts sans cesse renouvelés (dans des couleurs différentes, pour mieux les tromper) ne découragent pas les centaines de milliers de rats qui transiteraient par ces travées.
Si le but n’est pas de les éliminer complètement, la population est « contrôlée » explique-t-on. « Ça a toujours été une partie du métier d’égoutier, sourit un employé. Avant il y avait même des primes pour chaque queue ramenée ! »