Son intérim aura duré une petite dizaine de jours. Le jeudi 1er décembre, vers 17 heures, Philippe Mao a reçu un coup de fil de ses patrons. On lui demande de remplacer au débotté et de manière provisoire sur le banc René Girard, qui vient d’être remercié. « Ça a été tellement soudain… », reconnaît-il. Pour 20 Minutes, le coach de la réserve (CFA) raconte cette expérience « riche » et mouvementée.

Comment avez-vous vécu cet intérim d’une dizaine de jours avec une défaite à Guingamp (2-0) [du jeudi 1er décembre au dimanche 11 décembre] ?

Ça a été soudain. Je l’ai vécu comme ça venait. Ce fut une expérience hyper riche pour moi. Tu vois vraiment ce qu’est le métier de numéro 1. Il y a une grosse pression, tu es beaucoup sollicité. Tu sens l’attente derrière toi : le club, les supporters, les médias… Je positive vraiment cette expérience. On comprend mieux la difficulté du poste. Toute cette gestion d’un effectif… Là, j’ai vraiment été en situation réelle.

En quoi cette expérience peut vous servir ?

J’ai vu ce qu’était l’exigence du haut niveau et ce que tu dois bien faire au niveau de la formation des joueurs. J’ai vu ce que les jeunes doivent faire pour aller vers le haut niveau et y rester. Il faut vraiment être une machine sur le plan mental et physique.

On vous a senti assez serein lors des conférences de presse alors que la pression était énorme.

Ça a été tellement soudain que je me suis dit qu’il fallait que je reste moi-même et que ce n’était pas la peine de surjouer. Je ne me suis pas mis la pression pour les conférences de presse. Tout était clair, c’était un intérim. Pour le match à Guingamp (défaite 2-0), tu subis la situation. On n’a pas eu le temps de préparer le match comme il fallait. Pour Caen [match reporté finalement], tu sens vraiment la pression monter. Tu es dans la charrette et, là, tu as une semaine pour préparer la rencontre. Tu te dis : « On va voir si les gars vont réagir et si on a bien bossé… »

C’est usant physiquement d’être numéro 1 ?

Oui, ça puise. Il en faut de l’énergie sur une saison quand tu es numéro 1. Je comprends mieux Michel [Der Zakarian] qui parlait peu parfois. Je comprends mieux son besoin de couper, de faire du sport. C’est pesant, il faut être costaud.

Finalement, le match contre Caen est reporté en raison du brouillard. Quel est votre sentiment à ce moment-là ?

On avait travaillé ensemble toute la semaine. On avait à cœur de montrer qu’on était capables de faire quelque chose de bien. J’ai un sentiment partagé de frustration et de déception de ne pas faire ce match. De ne pas avoir été au bout de cette semaine de travail. On ne saura jamais si on était bien préparés pour cette rencontre.

En un mot, comment vous définiriez cet intérim ?

Exceptionnel. Dans le sens, pas prévu. Mais, pour moi qui n’ai pas mon diplôme de coach pro, ce fut une formation accélérée pour le cœur de mon métier.

Votre téléphone a dû être en surchauffe ?

(Rires) Oui, j’ai reçu plus de 200 messages les deux ou trois premiers jours. Certains provenaient de gens que tu n’as pas eus depuis près de 20 ans… Ces personnes étaient heureuses pour moi.