On a repassé le code de la route avec des seniors (et c'était un peu la cata)
PERMIS DE CONDUIRE•Mardi, 200 conducteurs âgés ont participé à une journée de prévention gratuite organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique...Julie Urbach
Il a inscrit la lettre A sur sa feuille, mais avoue hésiter quant au fait de laisser passer la voiture blanche qu’il a repérée dans un coin de l’écran. Derrière ses lunettes, Pierre ce papy de 72 ans, a vu juste : comme il n’y a aucun panneau, c’est bien la règle de qui s’applique. « Vous voyez, j’ai peut-être passé le permis il y a 50 ans, mais je le savais ! », sourit l’homme.
Comme 200 autres seniors, cet habitant de Loire-Atlantique participe à une opération de prévention routière un peu particulière. Pendant toute la journée à , et pour la première fois ce mardi, la gendarmerie a invité « les plus de 65 ans » à « rajeunir leurs connaissances » en matière de conduite, à commencer par .
« Dans le département, les seniors sont impliqués dans 15 % des accidents corporels, note Alain Archaimbault commandant de l’escadron de sécurité routière. Ce n’est pas tant que ça mais il faut s’adresser à eux aussi, sans les stigmatiser. D’autant que le non-respect d’une règle de priorité est la première cause d’accident chez ces publics, loin devant l’alcool et la vitesse. »
Les ronds-points, la bête noire
Alors que le questionnaire défile, Agnès semble un peu perdue. « C’est une bretelle de sortie ou une voie pour les véhicules qui roulent lentement ? », se demande cette femme frêle, aux cheveux courts. A la question suivante, Jean suggère d’allumer , et griffonne « A » et « B » dans la case. « Ce n’est pas possible, voyons, lui reproche sa femme. Par contre, je crois que tu peux enclencher tes feux de brouillard ! »
Si certaines notions reviennent ou se précisent doucement, d’autres restent particulièrement étrangères. Comme le fonctionnement des giratoires, véritables bêtes noires de ces élèves d’un jour. Quand arrive la question sur ce thème, si tout le monde suivait à peu près jusque-là, c’est l’hécatombe chez les anciens. « n’est pas dessiné en entier sur le panneau, cela veut dire qu’on ne peut pas aller jusqu’au bout et donc qu’on ne peut pas faire demi-tour », soutient très sérieusement Gilles au moniteur qui encadre la séance.
« Il dit n’importe quoi, les panneaux sont tous comme ça ! s’esclaffe son amie Suzanne. Il faut dire que ça n’existait pas il y a 40 ans. Moi je me mets toujours à droite, même quand je tourne à gauche. Je sais aussi qu’il faut regarder les angles morts, mais je ne le fais pas : ce n’est pas facile quand on souffre des cervicales ! »
« Reprendre confiance »
Après 12 questions, à chacun de faire son propre bilan. « Quatre fautes, c’est quand même pas terrible », souffle Jean. « Je me suis trompée mais j’ai appris des choses, commente Marianne, 73 ans. Après un an sans conduire à cause d’une hospitalisation, j’ai . Même si j’ai arrêté les grandes routes, parce que ma cheville parfois se bloque ! » De mon côté, avec mes cinq ans de permis tout juste, j'ai fait un peu mieux (sans pour autant avoir tout bon !)
Tests auditifs et visuels, information sur le constat amiable, simulateur de conduite, séances en voitures d’auto-école étaient au programme du reste de la journée. De nouvelles séances de ce type doivent se tenir dans les prochains mois dans plusieurs communes du département. En 2015 en Loire-Atlantique, 15 des 78 accidents mortels étaient de la responsabilité de conducteurs âgés, . Sur 83 personnes tuées, 17 étaient des seniors.