Nantes: Jockey, commercial, magasinier-cariste... Ils veulent devenir agent de joueur de foot!
FOOTBALL•Depuis lundi, pour la première fois, une formation pour exercer ce métier est dispensée à Nantes, dans les salons du stade de la Beaujoire...David Phelippeau
Ils n’ont pas tous le même métier, mais ils ont tous la même passion : le ballon rond. Morgane (23 ans) a « toujours vécu quartier et grandi avec le ». Camil (33 ans), ancien élément du centre de formation d’Auxerre, « vit le foot du matin au soir ». David (38 ans), a vécu grâce au ballon rond « jusqu’à 24 ans » en écumant les centres de formation (Rennes, Guingamp et Angers) et les clubs comme Luçon ou Marmande. Les trois font partie de la quinzaine d'« élèves » qui ont débuté la formation à l’examen d’agent de joueurs de foot, laquelle vient d’ouvrir .
Ce mercredi matin, dans un salon de la Beaujoire, il est question de droit des sociétés. Les candidats, le nez sur un questionnaire et le crayon à la main, sont attentifs et répondent (souvent) timidement au jeune enseignant. Pêle-mêle : SCI, SARL, SAS… Tout y passe. « Il faut l’avouer, je n’ai jamais fait de droit, c’est très dur, mais je suis déterminé », reconnaît Camil, qui a connu cette école des agents de joueur de football () sur Google. « Oui, c’est complexe, avoue Morgane. On nous balance dans le droit… » David, lui, confie « avoir déjà fait du droit dans (m)a scolarité ».
Les profils des candidats sont en effet totalement différents. « Ce n’est pas la cour des miracles, mais on a un peu de tout, explique . Je me souviens d’un restaurateur qui avait vendu son fonds de commerce pour faire la formation et aussi un retraité dont le petit-fils était sur les tablettes du Barça. ».
3.900 euros la formation
Sur la promotion nantaise 2016-2017, Camil est magasinier-cariste à « Usines Réunies » à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu. David a roulé sa bosse en tant que commercial. Un autre candidat, qui souhaite rester anonyme, a un statut de militaire. Morgane, la seule femme, est « jockey d’entraînement sur Angers ». La majorité travaille encore.
Pour profiter au mieux de cette formation de dix mois et du coup se donner toutes les chances de réussir l’examen, les candidats mettent en quelque sorte leur vie personnelle entre parenthèses. Camil a épuisé quasiment tous ses congés de l’année pour être présent aux cours en octobre. « Je ne peux pas arrêter mon emploi, donc dès que j’ai cinq minutes, je travaille mes cours !, lâche Morgane, toujours souriante. Si on est motivés, on trouve le temps. » Et ils le sont motivés pour verser quasiment 3.900 euros pour suivre cette formation, qui n’assure absolument pas l’obtention du diplôme, mais qui « fait du bien à la profession d’agent », selon Sidney Broutinovski.
Intégrer un monde de « charognards » ?
Ce dernier le concède, le métier d’agent a du mal se détacher de « ». « Il y a tellement d’argent dans ce milieu, donc beaucoup de possibilités de dériver. » Les « apprentis » nantais ont conscience de la perversité du monde dans lequel ils veulent devenir acteurs, mais tiennent un discours positif, angélique même. « On dit que c’est un monde de requins, c’est donc important de mettre de la confiance et de l’honnêteté avec les joueurs dès le départ. Si l’agent ne voit que l’argent, ça ne marchera pas », selon Camil. « Faire surtout grandir l’homme en plus du joueur », pour David.
Et, alors, cette école, créée en 2009, donne-t-elle des résultats ? « On a assez de recul pour dire qu’elle est nécessaire [70% des candidats ayant obtenu la licence d’Agent de Joueur de Football sont issus de l’EAJF], répond (évidemment) , qui cite deux anciens élèves ayant participé à des transferts récemment. Les clubs ont compris l’importance d’échanger avec des agents formés et non des parasites. »