Il y avait déjà les immeubles penchés, place au boulevard qui ondule. Depuis la semaine dernière, sur l’île de Nantes, les passants et automobilistes ont peut-être constaté le nouveau look qu’arbore le boulevard Léon-Bureau. Sur plus de 300 mètres, à quatre reprises, d’étranges lignes de signalisation blanches ont été tracées, dans tous les sens, au sol. Autre originalité, sur la chaussée toujours, les marquages qui guident la circulation des véhicules, ondulent légèrement…

Derrière ce changement se cache bien sûr l’une des nouveautés du Voyage à Nantes, dont la 5e édition a démarré le week-end dernier. L’œuvre d’Aurélien Bory intitulée « Traverses », « évoque le déplacement hasardeux des piétons », explique Marie Dupas, chargée de projet au VAN. Mais elle n’a pas été imaginée par hasard, se plaçant au cœur d’une restructuration complète de cet axe important de l’agglomération.

Favoriser les vélos et les piétons

Très fréquenté (24.000 véhicules par jour), le boulevard Léon-Bureau fait en effet le lien entre le quartier de la création et le parc des Chantiers, très prisé par les piétons, mais accueille aussi les nombreux véhicules et cyclistes qui franchissent le pont Anne-de-Bretagne. Pour les faire cohabiter, et miser davantage sur les déplacements doux, un chantier de quatre mois vient de s’achever, avec comme touche finale cette installation artistique.

« Il y avait un déséquilibre entre une chaussée très large et un trottoir réduit, qui mesurait même à un endroit seulement 83 cm [au niveau de l’escalier du bunker] », détaille Claudia Danese, chef de projet à l’agence uapS, qui a assuré la maîtrise d’œuvre. « Le boulevard était comme une lame qui séparait les deux zones, plutôt que de les réunir », complète Marie Dupas du Voyage à Nantes. Ainsi, les trottoirs ont été élargis, des pistes cyclables aménagées. Au détriment d’une voie pour les véhicules, qui roulent désormais en zone 30, et d’un nouveau plan de circulation pour le quartier.

S’habituer aux nouveaux marquages

Les traversées piétonnes, elles, ont donc été matérialisées par ces quatre plateaux composés de courbes, de 20 à 30 mètres de large, entourés de ralentisseurs. Mais sur place, pour le moment, ces marquages semblent un peu déconcertants pour les passants. « Je cherchais un passage piéton pour passer, sourit, gênée, une touriste venue rendre visite à l’Elephant. Je comprends mieux pourquoi je n’en vois pas ! » Les voitures ne semblent pas non plus enclines à s’arrêter à l’approche de ces nouveaux espaces…

« Il y a certes un peu d’hésitation mais au moins ça attire l’attention, ce qui aide au final à la sécurité des usagers », juge Alain Bertrand, directeur adjoint de la Samoa (société d’aménagement de l’île de Nantes), qui promet que d’autres projets mêlant urbanisme et art pourraient voir le jour. En attendant, les promeneurs ont plusieurs années pour s’habituer. Les prochains gros travaux ne devraient pas intervenir avant la préparation de l’arrivée du CHU sur l’île de Nantes, qui doit ouvrir ses portes en 2023.